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L’amour : les femmes posent, les hommes pensent

Une suggestion de Une pour le Nouvel Observateur

par Collectif Les mots sont importants
31 août 2009

Sur la Une du Nouvel Observateur du 30 juillet-5 août 2009, des femmes sont joliment représentées, sous la forme de trois grâces mutines et sensuelles (un tableau d’Ingres). Au-dessous, sept noms d’hommes, aux lettres aussi droites et solides que les piliers de la pensée occidentale qu’ils sont censés incarner : Platon, Saint Augustin, Rousseau, Fourier, Kierkegaard, Sartre, Levinas. Au milieu, le thème du dossier : les philosophies de l’amour.

Un an et demi après la Une et le dossier particulièrement antiféministes consacrés à Simone de Beauvoir, nous voici avec un concentré de ce que l’on voit tous les jours sur les affiches de pub, à la télé, et dans bien d’autres endroits. Les femmes sont des objets... de désir, de discussion, de réflexion. Les hommes sont les sujets... de désir, de discussion, de réflexion. Alors, nous avons eu envie de suggérer un dossier différent, avec une Une qui redistribue enfin les rôles : peut-être pour l’été 2010 ?

Dans ce numéro imaginaire, on se passerait évidemment de l’édito de Denis Olivennes et de ses poncifs sur la « société de consommation » (à qu’il il ne faut tout de même pas « imputer toutes nos infortunes », nous dit-il au cas où nous aurions perçu, dans son propos, une seule once de pensée critique).

On aimerait aussi que le dossier soit un peu étoffé. Rien de trop long, non, mais juste, si c’est possible, plus consistant que les 5 pages, test compris, du numéro de 2009 – le dossier est à peine plus long le reportage accordé à Nicolas Sarkozy et son énergie increvable, entre autres talents (voir l’article « Le président qui ne veut pas vieillir » : un record de flagornerie).

Et puis si c’est possible aussi, pas d’interview avec Jean-François Kahn qui explique qu’en France, « personne ne crève de faim ».

Et pour finir, pas d’article dans le supplément Télé sur la fille de Denisot (ou d’un autre) qui se lance dans la télé, car « bon sang ne saurait mentir » (sic. p 19 !).

Arrêtons-nous là, nous n’avons pas lu le numéro en entier, et il y a sûrement beaucoup d’autres choses désespérantes, accablantes pour un hebdomadaire que, même à l’occasion de sa prochaine Une sexiste, c’est dit, nous n’achèterons plus jamais !