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Le collectif Les mots sont importants vous offre un sermon national-moraliste

De gauche, qualité française

par Collectif Les mots sont importants
25 juin 2010

C’est extrait d’une chronique publiée le vendredi 25 juin 2010 dans Le Monde, ça parle de l’incontournable et tragique « déroute » de l’équipe de France de football  [1], et on y apprend qu’il faut être « patriote », « vibrer » en chantant la Marseillaise et avoir le bon goût, lorsqu’on est pauvre, de ne pas en vouloir aux riches. Voici donc, pour l’édification des jeunes générations, quelques morceaux choisis d’un singulier sermon signé Caroline Fourest.

« Nous ne sommes pas assez nationalistes pour souhaiter une victoire imméritée de l’équipe de France. Nous sommes encore assez patriotes pour avoir un pincement au coeur en voyant que notre équipe est la seule à mépriser ostensiblement son hymne national. Je ne parle pas seulement des fétichistes du drapeau, mais de tous ceux qui pensent qu’une équipe doit incarner bien plus qu’une somme d’ego. »

« Ne pas communiquer et ne pas chanter, c’est nous dire deux fois qu’ils portent un maillot bleu sans penser aux Français. C’est à la fois arrogant et antipathique. »

« Alain Finkielkraut y voit le mal des cités : des petites frappes ne respectant plus l’autorité. À l’image de tous les enfants terribles des quartiers populaires qui font vivre un enfer à leur Domenech de prof. Noël Mamère préfère y voir le mal des élites. À l’image de tous les enfants gâtés de la finance ou du gouvernement qui donnent le sentiment de faire passer leurs petits profits avant l’intérêt général. Lecture de droite contre lecture de gauche ? Ce n’est jamais si simple. Et si les deux avaient raison ? Et si nos footballeurs incarnaient à la fois tout ce qui nous mine (l’esprit de clan et l’égoïsme) et tout ce qui nous manque : le sens du collectif et de l’intérêt général ? »

« On peut facilement changer la gouvernance du football, nommer un nouveau sélectionneur et former une nouvelle équipe, soudée par la peur de connaître le même sort que la précédente. Il sera autrement plus compliqué de sortir la France des divisions et des maux qui la minent : l’esprit de clan, signe que la ghettoïsation progresse, et l’esprit de classe, qui explose en même temps que les inégalités. Les riches ne supportent plus les problèmes insolubles des pauvres, et les pauvres ne supportent plus les riches. »

« Il ne suffira pas de décréter La Marseillaise obligatoire pour donner à tout un pays l’envie de la fredonner en vibrant parce qu’on la ressent. Il faudra plus qu’une communication bien rodée pour redonner à tous les Français l’envie de respecter son entraîneur. Des résultats, bien sûr, mais pas seulement. Il faudra retrouver l’envie de jouer collectif, et non systématiquement les uns contre les autres. »

P.-S.

À celles et ceux qui s’étonneraient, et aimeraient comprendre comment Caroline Fourest peut s’indigner qu’on ne reprenne pas en chœur La Marseillaise, elle qui défendait avec tant d’ardeur le droit à l’irrévérence et au « blasphème » quand il s’agissait de s’en prendre au Prophète Mahomet, nous recommandons la lecture de notre rubrique « Étude de cas : Sœur Caroline et ses ami(e)s » et de l’article de Mona Chollet, « Phil & Robbie, Sister Fourest et le spectre de l’islamisation ».

Notes

[1Sur cette déroute et le grand lâchage raciste qu’elle a déclenchée, cf. Marwan Mohammed et Laurent Mucchielli, « L’obsession raciale autour de l’équipe de France est odieuse ».