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Le fantôme de Flora Tristan (Chapitre 19)

Le Polar de l’été

par Abe Zauber
19 août 2008

« On avait beaucoup parlé, en 2003, du lycée Flora-Tristan de Villiers-sous-Bois. L’affaire Fatima, cette jeune fille qui refusait d’enlever son voile islamique, avait relancé la polémique qui avait abouti à une loi de prohibition. Plusieurs des protagonistes de cette histoire viennent, véritable série noire, de trouver la mort. Maurice Mikoyan, ancien professeur du lycée, est retrouvé assassiné – et sa femme, soupçonnée du meurtre, crie son innocence depuis la maison d’arrêt. Un autre ancien professeur, Jacques-Alain Grosjonc, connu pour son engagement dans l’extrême gauche, était mort accidentellement deux jours plus tôt. Puis c’est l’ancien proviseur du lycée, Marcel Le Bihan, qui est décédé, dans un accident tellement semblable qu’il est difficile de ne pas être troublé par la coïncidence. Et hier, c’est le CPE du lycée, Thierry Bouquetin, qui a trouvé la mort à la suite d’une agression, à quelques pas du lycée. Rien ne permet en l’état actuel de dire si ces morts ont quelque chose à voir les unes avec les autres, et si cette série de décès a quoi que ce soit à voir avec l’affaire Fatima. Aucune enquête policière ne semble être en cours sur l’ensemble de l’affaire. Mais n’est-ce pas à la presse d’attirer l’attention de la Justice ? » (Camille Leclère, Le Parisien).

Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3

Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6

Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9

Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12

Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15

Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18

Chapitre 19

« Par quelque bout que je prenne ce dossier, dit Ted à Camille, je tombe sur des contradictions insolubles. J’en suis à me demander si on n’a pas tout simplement affaire à une série de coïncidences. »

- Non ! Tu veux que je sois ridicule aux yeux de toute la profession ? N’oublie pas que c’est toi qui m’as lancé vers cette histoire de meurtres en série !

Le détective et le journaliste avaient pris place l’un à côté de l’autre dans le bus 432 qui les menait vers Villiers-sous-Bois. Camille rentrait chez lui, et Ted avait rendez-vous avec Gérard Landais. Les idées s’embrouillaient dans sa tête. Il y avait dans cette affaire trop de choses étranges, contradictoires, trop de pistes, trop d’enjeux. Et la vérité est que Ted n’avait par ailleurs pas vraiment la tête à son dossier. La veille encore, Peter lui avait laissé un message. Il lui demandait de lui envoyer l’argent nécessaire à l’acquisition d’un billet d’avion pour Paris.

- Je sais bien… De toutes façons, j’ai une preuve qu’au moins deux de ces morts ont quelque chose à voir : les lettres trouvées chez Marcel Le Bihan, et qu’on retrouvait identiques chez Maurice Mikoyan. Mais outre que, pour les autres, je n’ai pas la moindre preuve, je n’ai, surtout, pas la moindre piste !

- Même sans preuve formelle, les ressemblances sont assez troublantes pour… troubler, non ?

- Oui. Toutes ces morts suivent un scénario voisin : une personne qui a eu quelque chose à voir avec le lycée Flora-Tristan, et qui a été mêlée de près à l’exclusion de la petite Fatima, fait une chute mortelle depuis une rambarde, alors qu’elle se trouve en état d’ébriété avancée. Il n’y a que la mort de Mikoyan et celle de Bouquetin qui soient un peu différentes, mais j’ai la lettre qui rattache la mort de Mikoyan à celle de Le Bihan, si bien qu’on doit bien mettre au moins quatre de ces cinq affaires ensemble. Et pour l’autre, il y a quand même l’élément alcoolique… et même la présence d’une bouteille de whisky, que l’on retrouve aussi dans les cas de Le Bihan et de Landais.

- Tu vois bien !

- Je ne vois rien du tout. La seule chose que je voie, plutôt, c’est justement ça : que je ne vois rien. D’autant que – je ne t’en ai jamais parlé jusqu’à présent, mais justement, je voudrais maintenant ton avis – il y a aussi la piste Martin Charlot.

- Martin Charlot ? L’entrepreneur de bâtiment ?

- Oui. C’est une piste que je tiens au chaud depuis le début, mais les déclarations de Gérard Landais m’incitent à y regarder de plus près.

- Mais c’est absurde, à partir du moment où on essaye de montrer une relation entre la mort de Véro et celle des autres… Qu’est-ce que Charlot aurait à voir avec Le Bihan, Grosjonc, Boubouc et Miko ?

- Justement : avec les trois autres, je n’en sais encore rien, mais Charlot était le beau-frère de Maurice Mikoyan.

- Nom d’un chien !

- Comme tu dis… Ça t’en bouche un coin, ça, hein !

- Et il aurait eu des raisons de tuer son beau frère ?

- Pas impossible. En tous cas, ils ne s’aimaient pas beaucoup… Il se trouve qu’il y avait entre eux pas mal de questions d’argent. Charlot crachait au bassinet, à tel point que je me suis demandé si Miko ne le faisait pas chanter…

- Et ça, ça expliquerait le meurtre.

- Et si ce chantage tourne autour du trafic sur lequel tu enquêtes, ça peut faire un lien avec Véronique Landais, et plus généralement avec Villiers-sous-Bois. Tu ne voudrais pas te pencher là dessus ? Il n’y a pas de raison que ce soit moi qui fasse tout le boulot.

- D’accord, on fait équipe !

- On fait déjà équipe depuis un moment, je crois… Par exemple, ce serait pas mal de vérifier si les travaux de la maison en Bretagne de Le Bihan n’auraient pas précisément été faits par Charlot. Ou s’il y a plus que des rumeurs malveillantes pour accréditer l’idée que Grosjonc avait un train de vie supérieur à celui d’un petit prof… Et oui, autre chose, j’aimerais bien que tu mettes un peu tes talents de reporter à me retrouver la trace de Fatima.

- Je n’y comprends plus rien. Quelle piste tu suis, exactement ?

- Il vaut toujours mieux avoir au moins deux fers au feu… Et tiens, pendant que j’y suis, le nom de Nacer Slimani te dit quelque chose ?

- Oui, c’est le nom du petit frère de Nora Slimani. Mais si je le connais c’est vraiment que je suis de Villiers…

- Essaye aussi d’en savoir plus, sur ce frère, et par exemple de savoir s’il ne travaillerait pas à Tours pour Martin Charlot, ajouta Ted avant de prendre congé de son ami. Et pendant que tu y es, sur ce qu’est devenue Nora elle-même…

- Eh ! Tu me caches des choses, toi ! Ce n’est pas fair-play ! N’oublie pas qu’on fait équipe… Qu’est-ce qu’il y a avec Nacer ?

- Miko l’a appelé au téléphone la veille de sa mort.

- Nom d’un chien !

Le cabinet médical de Gérard Landais était situé au pied d’une tour de la cité Spoutnik. L’homme était hâve. Il semblait n’avoir pas rasé sa barbe depuis plusieurs jours et fumait cigarette sur cigarette. Ses mains tremblaient sans cesse. Son visage était animé d’un petit tic nerveux.

- Je suis bien content de vous recevoir, dit-il au prétendu journaliste. Il y a un grand silence qui se fait sur cette affaire : elle touche des intérêts trop forts.

- Si j’ai bien compris votre théorie, la mort de votre fille ne serait pas due à un suicide…

- Bien entendu ! La thèse du suicide ne tient pas debout… Véronique était une jeune fille très équilibrée. Je l’avais vue l’après-midi même, elle avait des tas de projets – y compris des projets politiques qui ne me plaisaient qu’à moitié, mais c’est une autre histoire.

- Vous avez parlé d’une affaire de trafic de travailleurs clandestins.

- Oui. C’est un scandale qui ne va pas tarder à éclater… J’ai mis à jour ce trafic, et ceux qui l’organisent sont prêts à tout…

- Véronique était au courant ?

- Oui, bien sûr. Nous en avions parlé souvent. Elle s’en était ouverte à Forest… Ce n’est peut-être pas ce qu’elle avait fait de mieux, d’ailleurs, mais Forest et elle étaient, comment dire… très liés !

- Je sais qu’on parlait d’elle pour le remplacer à la mairie, mais il y a d’autres bruits qui circulent, sur une liaison qu’ils auraient eue.

- Ce ne sont pas seulement des bruits. Charles Forest était effectivement son amant. Un homme qui a presque mon âge…

- Mais ce n’est pas pour autant cela qui aurait causé sa mort, n’est-ce pas ?

Gérard Landais eut un geste évasif. Ted poursuivit :

- Expliquez moi un peu cette histoire de trafic.

- Je veux bien… Tout en regrettant que vous ne soyez journaliste que dans un journal américain. C’est en France que cette affaire devrait être révélée ! D’ailleurs, si je dispose sur ce trafic d’un dossier complet, je n’ai pas encore pu reconstituer tout le fil qui mène au meurtre de ma fille. À vrai dire, ce n’est pas d’un journaliste que j’aurais besoin, mais bien d’un détective !

Ted tenta le tout pour le tout. Il ne risquait de toutes façons pas grand chose, ni sous sa casquette de sociologue, ni sous celle de journaliste, il ne tirerait sans doute désormais rien d’intéressant de Leriche, ni de Forest.

- Êtes vous homme à garder un secret ?

- Je suis médecin, je vous le rappelle ! Pourquoi cette question ?

Ted sortit sa carte professionnelle.

- Détective ! Alors ça ! Mais pourquoi vous être fait passer pour journaliste ?

- En général, les gens préfèrent parler à un journaliste qu’à un détective…

- Et pourquoi vous intéressez-vous à la mort de ma fille ?

- Parce que je pense qu’elle n’est pas sans rapport avec une affaire dont je suis chargé.

- Votre enquête porte sur les trafics de main d’œuvre ?

- Non, mais je ne serais pas surpris qu’elle y mène !

- Je ne comprends pas.

- Alors, je vais vous en dire un peu plus. Mais vous me jurez de ne rien révéler à qui que ce soit !

- Promis.

- Le nom de Martin Charlot vous dit-il quelque chose ?

- Charlot ? Bien sûr ! Ce salaud est l’une des chevilles ouvrières, et le principal bénéficiaire de ce
trafic !

- Eh bien c’est sur la mort de son beau-frère, que j’enquête. Une mort plus que suspecte.

- Alors ça ! Charlot n’en serait pas à son premier coup…

- Je n’ai pas encore dit que je le soupçonnais… Mais je crois comprendre que pour votre part, votre opinion est faite !

- Plus ou moins, oui… J’ai bien peur que Véronique ait été trop bavarde. Je lui avais pourtant bien dit de ne rien dire à ce petit con.

- Vous parlez de... ?

- Camille Leclère, le fouille-merde local.

- Un journaliste ?

- Oui, si on veut… Le correspondant du Parisien dans la circonscription. Un type tout à fait louche. Je suis sûr qu’il a partie liée avec cette affaire. Il est au mieux avec Charlot… Je les ai plus d’une fois surpris en grande conversation.

- C’était peut-être pour les besoins d’un reportage, non ?

- Ce type là n’a pas la carrure pour enquêter sur cette histoire ! Par contre, il est assez intrigant pour s’en mêler d’une manière ou d’une autre.

- Vous n’avez pas l’air de le porter dans votre cœur.

- Non. En effet. J’ai de bonnes raisons pour ça. Il y a quelque temps, il a joué un rôle tout à fait détestable dans une histoire qui a beaucoup agité le landernau villierois. Vous vous rappelez sans doute l’affaire Fatima…

- Cette jeune fille exclue du lycée Flora-Tristan ? Oui, j’en ai entendu parler.

- Évidemment. Leclère avait couvert l’affaire avec une mauvaise foi totale. En fait, c’est un islamogauchiste, un type sans scrupule. Il s’était carrément mis du côté des barbus, en reprenant à son compte l’analyse de Boghossian.

- Et qui est Destanne ?

- Un autre islamogauchiste. C’est un type qui a fait de l’entrisme dans mon organisation, le Mrap, où je milite depuis des années. Justement pour y faire prévaloir sa théorie sur le foulard. Il avait réussi à avoir l’oreille des responsables nationaux, en leur donnant sa version déformée des faits, tant et si bien qu’ils s’étaient désolidarisés du combat que nous menions ici contre les dérives communautaristes dont cette affaire était l’un des éléments. Je suis président du comité local…

- Vous voulez dire que les militants antiracistes de Villiers étaient favorables à l’exclusion de cette enfant ?

- Bien sûr ! Etre antiraciste, cela n’impose pas d’être complaisant avec le fanatisme ! Mais cette évidence de bon sens a du mal à s’imposer… Leclère a présenté toute cette affaire comme une histoire de « racisme islamophobe » comme il disait. Avec Boghossian, ils ont réussi à faire prévaloir pendant un temps l’idée que la critique des religions pouvait s’assimiler au racisme… Je ne sais pas si vous vous rendez compte…

- Pas bien, en effet…

- Vous savez, le Mrap est depuis toujours une organisation de gauche, donc laïque. Il ne devrait pas y avoir de place dans une telle organisation pour des propagandistes religieux comme Boghossian ou Destanne !

- Ces gens là sont musulmans ?

- Je ne suis pas sûr, mais certains disent par exemple que Destanne est converti à l’islam, et moi-même je ne suis pas loin de le penser.

- Vraiment, tout cela est surprenant… J’ai rencontré Michel Aaronovitch, et il pense que les islamistes sont derrière le trafic de clandestins dont vous vous occupez.

- Michel est un type remarquable, mais je crois qu’il exagère un peu. À cause de gens comme lui, il devient difficile d’avoir une position mesurée sur ces questions là. À force de voir des islamistes partout, il finit par justifier l’attitude de ceux qui voient de « l’islamophobie » partout, contre ceux qui, comme moi, veulent conserver un certain équilibre…

- En tous cas, il ne semble pas aimer beaucoup plus que vous les gens que vous appelez islamogauchistes !

- Bien sûr. C’est un vrai laïque, et un vrai républicain… Mais il est parfois un peu excessif.

- J’ai eu l’impression qu’il appréciait beaucoup votre fille.

- C’est possible. Véronique était une personne très brillante…

Landais ne savait pas où poser ses yeux. Sa bouche tremblait. Il cherchait ses mots. Il semblait perdu.

- Bon, mais vous même, vous dites que Camille Leclère serait proche des milieux islamistes, et qu’il serait également compromis dans ce trafic. Ça me semble aller assez bien avec ce que dit Aaronovitch, non ?

- Peut-être. Écoutez, je vous ai promis le secret. Pouvez-vous me rendre la pareille ?

- Bien sûr.

- Eh bien j’ai le sentiment que le rôle de Forest n’est pas très clair.

- Forest ? Mais il m’a semblé au contraire qu’il faisait tout pour se débarrasser des clandestins
de Vladivostok !

- Possible. Mais je crois quand même qu’il en croque. Savez-vous que Charlot s’est vu attribuer ici plusieurs marchés publics ? Et que c’est d’abord sur le territoire même de Villiers, pour les besoins de ces marchés là, qu’il a commencé son petit trafic ?

- Non, j’ignorais cela. Et Véronique, elle, le savait ?

- J’avais préféré ne rien lui dire pour le moment, compte tenu de ses relations avec Forest. Mais il est parfaitement possible qu’elle l’ait découvert par elle-même.

- Je comprends. Mais par contre, Forest savait qu’elle militait contre les trafics de main d’œuvre dont il était l’un des bénéficiaires…

- Oui, c’est ça. Et il était en droit de craindre qu’elle découvre un jour ou l’autre son rôle là dedans !

De nouveaux horizons s’ouvraient à l’enquête de Ted. Peut-être, après tout, l’affaire du Foyer de Vladivostok était-elle le nœud de toute cette affaire.

- Donc, nous avons un peu dérivé, mais vous vous proposiez de m’expliquer en quoi consiste cette affaire de trafic.

- Bien. Par où commencer ? D’abord, il faut savoir qu’il existe un grand nombre de filières d’immigration clandestine en France. La plupart des néo-arrivants savent très bien où ils vont, ils ont un parent, un cousin, un ami, quelqu’un de leur village, une relation quelconque qui les accueille. La politique d’immigration est très restrictive depuis des années. Mais même s’il est vrai qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, et que le mot d’ordre d’immigration totalement libre et sans contrôle est totalement irréaliste, il reste que la République a le devoir de traiter humainement les personnes qui se trouvent sur son territoire. Or, les sans-papiers sont aussi des sans-droit. Il y a donc tout un tas de gens sans scrupules qui profitent de leur situation pour les surexploiter. En général, il s’agit d’ailleurs de filières étrangères. De même que, à l’époque de la traite des Noirs, ce sont les potentats africains qui en étaient les grands bénéficiaires…

- Il ne faut rien exagérer quand même ! Les négriers en profitaient plus encore !

- Si on veut, si on veut, mais ça n’est pas la question… En tous cas, ici, il y a bien des réseaux africains qui organisent cette traite moderne pour le compte des entreprises qui en profitent. Souvent – et c’est le cas à Vladivostok – les salaires des clandestins sont payés aux animateurs de la filière, qui ont des papiers, et qui redistribuent l’argent en gardant leur pourcentage : ça va parfois jusqu’à cinquante pour cent de ces salaires…

- Et le rôle de Charlot ou de Forest là dedans ?

- Ce sont des rôles très différents. Charlot est celui qui les exploite. Certains salaires sont déclarés, mais sous le nom des chefs du réseau, qui ne travaillent pas effectivement, et prêtent leurs papiers à ceux qui travaillent. D’autres sont carrément au noir, ce qui permet à Charlot de ne pas payer les charges sociales. Forest, il y a juste un arrangement avec lui : une part des bénéfices du trafic alimente sa caisse noire.

- Je vois. Pas très joli, tout ça.

- C’est le moins qu’on puisse dire ! Mais tout ça va se savoir, croyez moi !

- Dites-moi, demanda Ted avant de prendre congé, verriez-vous une relation quelconque entre votre travail pour les sans-papiers et les autres victimes, Bouquetin, Grosjonc, et Le Bihan ?

- Et Mikoyan, pendant que vous y êtes ! Non. Même si Thierry Bouquetin était très engagé avec nous dans ce combat. Je suis convaincu que la mort de Véronique n’a rien à voir avec les autres. D’ailleurs, l’idée de tout mélanger vient de Leclère : ça me suffit pour ne pas y prêter attention.

- Et si je vous disais que j’ai des indices très sérieux d’un lien entre ces affaires ?

- Dites toujours.

- Je vous ai dit que j’enquêtais sur la mort du beau-frère de Charlot…

- Oui, en effet.

- Ce beau frère, c’était Maurice Mikoyan.

- Oh merde…

- Et par ailleurs, j’ai la preuve qu’il existe une relation étroite entre la mort de Mikoyan et celle de Le Bihan.

- Alors ça… ça me laisse pantois !

- Si on ajoute à tout ça l’étrange ressemblance entre les morts de Le Bihan, Grosjonc, et votre fille, ça fait beaucoup, vous ne trouvez pas ?

- En effet…

Ted laissait Landais défait et incrédule. Les mots semblaient glisser sur lui. Il eut un étrange petit rire, à moins que ce ne soit une grimace.

Le « médecin des pauvres » était déjà dans un autre monde.

P.-S.

Le fantôme de Flora Tristan paraîtra en 24 chapitres pendant tout l’été, du mardi au vendredi.

Prochain épisode : Chapitre 20, en ligne le mercredi 20 août.