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Notre place n’est pas ici, mais dehors !

Un Appel des détenus du Centre de rétention de Vincennes

par Les détenus du centre de rétention de Vincennes
26 février 2008

Depuis plus de deux mois, des étrangers enfermés dans deux centres de
rétention administrative (CRA) de la région parisienne mènent des
mouvements de grève de la faim pour protester contre leur incarcération.
Au début du mois de janvier, leurs cris d’alarme ont connu un écho
inhabituel : probablement parce que les objectifs chiffrés fixés par le
gouvernement pour les reconduites à la frontières ont conduit
l’administration à accélérer les procédures et à multiplier, à la fin de
l’année 2007, les pratiques arbitraires et les mauvais traitements.
Pourtant, ces situations n’ont rien d’exceptionnel. Elles sont le lot
commun de ce que vivent tous les jours, sans avoir été condamnés ni
jugés, les étrangers, réfugiés, demandeurs d’asile, sans-papiers dans
les multiples lieux d’enfermement administratif qui sont devenus un des éléments clefs
de la politique migratoire. Le texte qui suit, recueilli le 20 février 2008 auprès des grévistes de
la faim du CRA de Vincennes, en témoigne [1].

Nous avons l’honneur de vous informer que l’on vit une situation très difficile et catastrophique. Le manque de la moindre des choses, la nourriture, les chambres sans chauffage, pas d’eau chaude, l’hygiène,
les provocations des services de l’ordre et la chose la plus
importante : la privation de notre liberté. Dans le centre de rétention :

 Des chambres ont été incendiées.

 Un Coran a été déchiré par les CRS.

 Il n’y a pas eu de réponse satisfaisante à notre égard de Monsieur le
procureur de la République. Après notre témoignage, c’est comme si rien
ne s’était passé.

 Quand nous sommes malades, les médecins ne nous donnent que du doliprane et des cachets pour dormir.

 On a 90 % des détenus qui sont musulmans, ils nous servent de la viande pas halal.

Après trop de demandes et des grèves, personne ne nous a écoutés. Le
manque de courtoisie, bien que nous sommes dans un centre de rétention et
pas pénitentiaire, de cela on garde un sentiment de mépris. Pour toutes ces raisons, nous demandons à tous les médias qu’ils soient
au courant et qu’ils écoutent les témoignages des retenus. Nous exigeons notre libération et nous commençons une grève de la faim qui durera un délai de 4 jours. Notre place n’est pas ici mais dehors.

P.-S.

Ce texte a été dicté au téléphone par les grévistes de la faim depuis le centre de rétention de Vincennes

Notes

[1Cette présentation est empruntée au GISTI