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Petite anthologie de la pensée de marché

par PLPL
25 avril 2005

Le Collectif Les mots sont importants ouvre une rubrique à quelques productions de PLPL (Pour Lire Pas Lu) journal de critique des médias qui s’est fixé pour objectif de « détruire le PPA ». Ces initiales désignent, en langue « sardone », le Parti de la presse et de l’argent. Qu’est-ce que le Parti de la presse et de l’argent ? La petite anthologie qui suit en donne une idée...

Le PS est devenu le PC (parti capitaliste) :

1980 :

« Il ne s’agit pas pour nous d’aménager le système capitalisme, mais de lui en substituer un autre. » [1]

1992, après onze ans de présidence « socialiste » :

« Le capitalisme borne notre horizon historique. » [2]

Jacques Chirac est aussi dogmatique que le PS (devenu PC) :

« J’ai très vite mesuré les limites du capitalisme sauvage, donc la nécessité d’un État fort qui oriente la vie économique en protégeant les faibles contre les puissants » [3]

Trois ans plus tard, lors de la fermeture de l’usine de Vilvorde :

« La fermeture des usines, c’est aussi, hélas, la vie. [...] Moi, j’ai connu, quand j’étais petit, des maréchaux-ferrants. J’ai même travaillé chez un maréchal-ferrant. Il n’y en a plus. Ils ont disparu. Ce n’est pas pour autant que la civilisation a régressé. C’est la vie ».

Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, balance entre le PS et Chirac :

« Décidément, définitivement, la France a choisi la modernité. Ainsi, il ne s’agit plus de se battre pour ou contre l’Europe : l’Europe est faite ; pour ou contre la mondialisation : elle est inéluctable ; pour ou contre la flexibilité : il y en a un bon usage ; pour ou contre l’économie de marché : elle est là et personne ne songe plus à la remplacer, y compris à l’extrême-gauche. » [4]

Laurent (Fabius) a piqué l’antisèche de son copain Laurent (Joffrin) :

« Le FMI et la banque mondiale jouent un rôle très utile dans la lutte contre la pauvreté. [...] Moi, ma position est très claire. La mondialisation est un fait. On ne peut pas être contre. » [5]

Jacques Attali plagie, comme d’habitude :

« La libéralisation des échanges est une nécessité. Elle doit se poursuivre. » [6]

Alain Minc est trop nigaud pour penser :

« Je ne sais pas si les marchés pensent juste, mais je sais qu’on ne peut pas penser contre les marchés » [7].

Les tribuns des damnés de la terre lèvent le poing :

« La mondialisation est une réalité économique, sociale et culturelle incontournable »

(Déclaration des 14 chefs d’État et de gouvernements « de gauche » au sommet de Berlin, 2-3 juin 2000)

Élie Cohen, économiste préféré de Jospin, veut transférer tout le pouvoir aux soviets (de banquiers) :

« La politique monétaire est tellement importante qu’il faut la faire échapper au processus politique démocratique classique. » [8]

Lionel Jospin est prêt à mourir pour la liberté (des marchés) :

« Je ne crois pas que l’on puisse administrer désormais l’économie. [...] Ce n’est pas par la loi, ce n’est pas par des textes, ce n’est pas par l’administration qu’on va réguler l’économie aujourd’hui. » [9]

Robert Hue est plus enragé encore que Jospin :

« Les communistes ne sont pas les adversaires du marché. » [10]

Jean-Claude Gayssot trouve Hue beaucoup trop mou :

« Je crois profondément à la nécessité du marché »  [11]

Philippe Val, rédac’chef de Charlie Hebdo, préfère de loin Gayssot à Hue :

« Il ne peut y avoir de démocratie sans marché » [12].

Daniel Cohn-Bendit est d’accord avec tout le monde :

« Je suis pour le capitalisme et l’économie de marché. » [13]

Edwy Plenel, maître du Monde, est pour un capitalisme sans complexe :

« Quand à [la rubrique] "Entreprises" [du Monde], le choix est dénué d’ambiguïtés : la micro-économie, les marchés et la finance, sans complexe, sans ce rapport trouble, voire hypocrite, au monde de l’argent qui nous a parfois handicapé ». [14].

Michel-Édouard Leclerc, lecteur du Monde et capitaliste sans complexe :

« Je ne contourne pas la loi, je m’assois dessus ! » [15]

Zaki Laïdi, demi-cervelet de Cohn-Bendit, résonne comme
un tambour du patronat :

« Il faut d’une certaine manière encourager la dynamique de refondation sociale engagée par le Medef et les syndicats ». [16].

Ernest-Antoine Seillière de Laborde explique la refondation sociale aux enfants :

« 500 pages de Code du Travail, c’est 500 000 chômeurs ; 3 000 pages de code du travail, c’est 3 millions de chômeurs » [17].

P.-S.

Ce texte est paru dans le numéro zéro de PLPL.

Notes

[1Déclaration de principe du Parti socialiste. Projet socialiste pour la France des années 1980

[2Un Nouvel Horizon [sic]. Projet socialiste pour la France

[3La France pour tous, Nil, 1994

[4Le Nouvel Observateur, 9 septembre 1999

[5Libération, 17 avril 2000

[6Capital, septembre 1999

[7Le Débat, mai 1995

[8La Tentation hexagonale, Fayard, 1996

[9France 2, 13 sept. 1999

[10La Tribune, 15 mars 1999

[11Le Parisien, 11 janvier 2000

[12Charlie, 12 mars 2000

[13Une Envie de politique, La Découverte / Le Monde, 1998

[14Le Débat, n° 90, mai 1996

[15Le Parisien du 5 avril 2000

[16Libération 19 avril 2000

[17Meeting à Toulon le 14 janvier 1999