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Racistes, nous ? Ah ben merde alors, ça me ferait bien chier !

par Sebastien Fontenelle
12 octobre 2007

Nos (dignes) journaleux sont décidément hyper-sélectifs, dans le choix des infos qu’ils daignent porter à notre connaissance...

Est-ce que vous savez, par exemple, que l’ONU nous trouve, nous,
Françai(se)s, indécrottablement racistes ?

Réponse : non.

Vous ne le savez pas.

Sauf si vous avez lu, sur nouvelObs.com, que :

« De retour d’une mission de 10 jours en France, l’émissaire de l’ONU Gay Mac Dougall a déclaré, vendredi 28 septembre, qu’un racisme pernicieux perdure en France, où des minorités sont reléguées dans des "ghettos" sans espoir de promotion sociale ».

Et alors, que je vous dise : quand elle envoie, elle envoie, Gay Mac Dougall.

Elle nous met le compte, faut voir comme.

Elle s’est « rendu compte que le racisme était un sentiment pernicieux dans la société française ».

(Bienvenue au club, Gay.)

Elle a notamment relevé, après avoir fait un tour « dans des banlieues défavorisées de Paris, Marseille et Strasbourg », que :

« Des personnes qui ont beaucoup travaillé, qui ont respecté toutes les règles du jeu et qui croient sincèrement aux principes de la République française se retrouvent piégées dans des ghettos urbains où le taux de chômage dans certains cas peut dépasser 40 % ».

Elle a noté que : "Les jeunes d’origine immigrée "se sentent discriminés et rejetés par une conception rigide de l’identité nationale française qui ne leur convient pas ».

Elle a enfin « regretté "l’ambiguïté" de certaines mesures et déclarations des responsables politiques français sur l’immigration, citant notamment le débat sur l’introduction de tests ADN pour les candidats au regroupement familial et la mise en avant systématique de la notion d’ "identité nationale" ».

Ce n’est pas la première fois, je vous prie de le retenir, que l’ONU balance de grosses pierres dans le jardin (à la française) du colonel Brice Hortefeux et de son Chef Suprême.

Déjà au mois de juin dernier, Doudou Diène, « rapporteur spécial de l’ONU contre le racisme et la xénophobie  », leur décochait dans la face de vigoureux taquets, dénonçant notamment « la lecture ethnique et raciale des questions politiques, économiques et sociales et le traitement idéologique et politique de l’immigration comme un enjeu sécuritaire et comme une menace à l’identité nationale ».

Vous, je ne sais pas, mais moi je trouve quand même ça plutôt intéressant, que l’ONU, qui n’est pas exactement un foyer de subversion nestormakhnoviste, parle de notre cher et vieux pays en des termes qui étaient réservés naguère, toutes choses égales par ailleurs, à, mettons, la Rhodésie.

Mais ce qui est encore plus intéressant, à mon avis, c’est que nos (dignes) journaleux oublient, avec beauuuucoup d’application, de nous restituer ce message.

Pas un mot dans Libé, le matin.

Pas un mot dans Le Monde, le soir.

Du racisme ?

Dans la (doulce) France de Nicolas Sarkozy (et de ses fidèles féaux) ?

Mais vous n’y pensez pas : on le saurait.