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De la fatwa

Usages et mésusages (Deuxième partie)

par CCPN
18 avril 2012

L’année 2006 et le début de l’année 2007 furent particulièrement propices, en France, à l’usage immodéré du mot « fatwa ».

Première partie

A la fin de l’année 2005 éclate ce qu’on a appelé « l’affaire des caricatures de Mahomet », suite à la publication par le Jyllands-Posten d’une série de caricatures censées représenter le prophète de l’islam, Mahomet, et dont certaines associaient islam et terrorisme. Des manifestations, parfois violentes, furent organisées dans certains pays musulmans ; la violence fut attisée par des provocateurs qui diffusèrent d’autres caricatures, nettement plus agressives que celle publiées dans le quotidien danois.

En France, la reprise de ces caricatures par France Soir, puis par Charlie Hebdo et L’Express, en février 2006, amena la Grande Mosquée de Paris et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) à porter plainte pour incitation à la haine envers des individus en raison de leur appartenance religieuse. Mais pour l’immense majorité de la presse française, cette plainte fut assimilée à une volonté d’obtenir une condamnation pour blasphème et le soutien à Charlie Hebdo fut perçu comme une obligation morale contre l’obscurantisme. La nécessité de ce combat fut martelée tout au long de l’année qui sépara la publication des caricatures du procès, en février 2007. L’affaire Rushdie fut fréquemment évoquée et ramena dans son sillage le mot « fatwa ».

L’« affaire Redeker » qui éclata en septembre 2006 enfonça le clou et popularisa à l’extrême l’emploi du terme. Dans une tribune publiée le 19 septembre 2006, le professeur de philosophie toulousain et membre du comité de rédaction de la revue Les Temps modernes, Robert Redeker, présentait les musulmans comme une force profondément réactionnaire et hostile au « monde libre » :

« Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran. Comme aux temps de la guerre froide, violence et intimidation sont les voies utilisées par une idéologie à vocation hégémonique, l’islam, pour poser sa chape de plomb sur le monde. (…) Comme en ces temps-là, il faut appeler l’Occident « le monde libre » par rapport à au monde musulman, et comme en ces temps-là les adversaires de ce « monde libre », fonctionnaires zélés de l’œil du Coran, pullulent en son sein.  » (« Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ? », par Robert Redeker, Le Figaro, 19 septembre 2006. ).

Dans la même édition du Figaro, l’analyste franco-libanais Antoine Sfeir, publiait lui aussi une tribune sur un sujet analogue intitulé « Non à ceux qui règnent par la terreur sur la pensée musulmane ! ». Le jour même, la Tunisie interdisait la diffusion du Figaro du 19 septembre 2006 sur son sol en vertu d’une loi permettant la censure administrative d’un journal perçu comme « offensant » pour l’islam. Mais les autorités tunisiennes refusèrent de se prononcer sur les éléments qui étaient précisément mis en cause dans cette édition. Dès le lendemain, l’AFP publia une dépêche annonçant cette interdiction, l’imputant à la publication du texte de R. Redeker, suivie par Associated Press, puis par Reuters. L’association Reporters sans frontières diffusa immédiatement un communiqué condamnant cette interdiction.

Le même jour, le site de l’association Prochoix (l’association de Caroline Fourest et Fiammetta Venner) annonça pour sa part que l’interdiction était due aux textes de Robert Redeker et d’Antoine Sfeir (dernier auteur pourtant au mieux avec le régime tunisien qu’il encensait régulièrement dans ses articles et ouvrages, et par ailleurs cosignataire régulier d’articles et de tribunes avec Caroline Fourest). Prochoix reproduisit et diffusa sur le net les deux tribunes.

Toutefois, dans la presse française (et sans doute à juste titre), seule la tribune de Robert Redeker (beaucoup plus agressive que celle d’Antoine Sfeir) fut perçue comme la cause de l’interdiction. Le 21 septembre, le directeur adjoint de la rédaction du Figaro, Pierre Rousselin, présenta ses excuses sur Al Jazeera, affirmant que cette tribune ne reflétait pas la pensée de son journal et que sa publication avait été une erreur. Le jour même, l’article incriminé était retiré du site du Figaro. Le 24 septembre, Reuters puis l’AFP, annoncèrent que l’Égypte avait également interdit la diffusion du Figaro du 19 septembre, numéro qui devait pourtant être épuisé. L’auteur du texte reçut des menaces de mort via Internet et son texte fut condamné par le président de l’Union Internationale des Savants Musulmans (oulémas), Youssef al-Qaradaoui lors de son émission sur Al Jazeera. Ce dernier ne nomma pas explicitement Robert Redeker et appela les musulmans à « protester d’une manière sage » contre « l’auteur de l’article du Figaro », « sans donner l’image de musulmans violents dont les médias occidentaux sont friands  » (Cité par Pierre Tévanian, La République du mépris, La Découverte, 2007, p. 94).

Bien que Youssef al-Qaradaoui puisse difficilement passer pour quelqu’un de modéré dans ses positions politiques, force est de constater que sa dénonciation de l’article de Redeker était tout sauf virulente. Cette condamnation mesurée fut présentée bien souvent en France comme une « fatwa  », ce qu’elle n’était pas, et, compte tenu de l’interprétation du mot dans l’imaginaire médiatique, cet appel fut confondu avec la menace de mort que Robert Redeker avait reçu par mail, laissant imaginer que le professeur toulousain était traqué de toute part.

Rapidement, un mail de R. Redeker, où il se plaignait de sa situation et se décrivait comme un fuyard, fut largement diffusé dans les milieux universitaires et journalistiques. La presse traita de ce mail en le désignant comme un courrier adressé par M. Redeker à « un ami  », mais certaines versions affirmaient que le premier destinataire était le philosophe atlantiste André Glucksman. Le 29 septembre, la presse grand-public française s’empara de la question et les communiqués émanant des différents groupes politiques ou syndicaux affluèrent.

L’affaire était lancée.

Elle fut fréquemment associée à l’annulation, dans la même période, d’un opéra en Allemagne bien qu’il n’y ait aucun lien entre ces deux situations : l’opéra de Berlin supprima la représentation d’une mise en scène de l’opéra Idoménée qui devait se terminer sur une scène de décapitation de différentes figures religieuses, dont Mahomet. Cette décision fut prise sans qu’aucune autorité musulmane n’ait dénoncé ce spectacle, mais fut largement présentée comme une expression de la pression des islamistes sur la liberté d’expression.

« L’affaire Redeker » fut également liée à « l’affaire des caricatures » et le petit monde médiatique se mit en marche pour dénoncer un déferlement de « fatwas » alors qu’aucune n’avaient été réellement prononcées. Libération s’interrogea en Une le 30 septembre : «  Peut-on encore critiquer l’islam ?  ». Le soir même, Le Monde (daté du 1er octobre) publia un éditorial non-signé, et engageant donc toute la rédaction, intitulé « Pour Robert Redeker  ». Dans son édition suivante, Le Monde publia « Un appel en faveur de Robert Redeker  » signé par un collectif de figures du monde médiatique, intellectuel et politique connues pour leur tropisme atlantiste et/ou pro-israélien [1].

Le 1er octobre, le philosophe Michel Onfray rédigea une pétition intitulé « Contre la barbarie, le soutien à Robert Redeker doit être sans réserve  » diffusé sur le site de Respublica, cet appel fut signé par un collectif de personnalités politiques et médiatiques (dont certaines, comme Alain Finkielkraut ou Pierre-André Taguieff ont également signé l’appel du Monde) et par des anonymes. Dans ces diverses pétitions, les signataires exigeaient de condamner les menaces de mort que subissait l’auteur, ce qui était bien légitime, mais dénonçaient également toute condamnation morale ou prise de distance avec le contenu du texte, malgré son essentialisme et ses raccourcis délirants sur les musulmans.

Dans ces différents articles, appels ou prises de position, l’emploi du mot « fatwa  » ou les références à l’affaire Rushdie furent omniprésents. Le mot « fatwa » fut employé trois fois dans l’appel rédigé par Michel Onfray qui assurait que « le cheikh islamiste Youssef al-Qaradaoui [avait livré] Robert Redeker à la vindicte des fous de Dieu. » alors que ce dernier avait appelé les musulmans à « protester d’une manière sage  ». L’appel du Monde comparait Robert Redeker à Salman Rushdie. Dans le numéro du 30 septembre de Libération, l’essayiste Caroline Fourest, comme souvent un rien grandiloquente, assurait :

« Nous sommes passés d’une affaire Rushdie tous les dix ans à une affaire Rushdie tous les ans, voire maintenant quasiment tous les mois » (« La paranoïa est entretenue », par Caroline Fourest, Libération, 30 septembre 2006) et, sur le blog de Prochoix, déclarait que le texte de Redeker était l’objet d’une « fatwa mondiale » (« Sur Al Jazira, Youssef al-Qaradawi désigne Robert Redeker à la vindicte », par Caroline Fourest, Prochoix, 25 septembre 2006).

Trois semaines plus tard, le 17 octobre 2006, elle revint toutefois sur l’emploi du mot « fatwa  » dans un texte où elle le présentait comme inopportun dans le cas de Robert Redeker (« Affaire Redeker : restons précis à propos du mot fatwa » par Caroline Fourest, Prochoix, 17 octobre 2006). Dans ce texte, elle ne signalait pas qu’elle avait elle-même contribué à la diffusion massive de ce mot dans les premiers temps de l’affaire.

Le 9 janvier 2007, Dominique Bromberger, sur France Inter, dénonça lui aussi les approximations entourant cette affaire et la dramatisation qui en résultait. Rares toutefois furent ceux qui renoncèrent à l’emploi de ce mot et à l’usage des amalgames associant cette affaire à une « nouvelle » manifestation de l’opposition supposée entre le monde musulman (nécessairement obscurantiste et arriéré) et l’Occident (évidemment ouvert et tolérant). L’association Les Mots sont importants, comparant les réactions médiatiques suscitées par les menaces de mort contre Robert Redeker et celles provoquées par les courriers contenant une balle et des menaces de morts envoyés à douze personnalités jugées pro-palestiniennes par Raphaël Schoemann, un juif pro-israélien extrémiste en 2003, notèrent que « l’affaire Schoemann » suscita 17 dépêches et 11 articles entre 2003 et 2006 quand « l’affaire Redeker » entraîna la publication de 68 dépêches et 102 articles dans les quatre semaines suivant la publication de sa tribune (« Deux poids, deux mesures », LMSI, octobre 2006), des articles et dépêches où il fut largement question de « fatwas » qui n’existaient pas.

Finalement, l’auteur des menaces contre Robert Redeker, un jeune musulman orléanais de 25 ans, sans aucun lien avec un quelconque réseau ou groupe armé et sans la moindre autorité religieuse, fut arrêté. L’usage du mot « fatwa » pour désigner cette affaire perdura pourtant et les éditions du Seuil utilisèrent le slogan : « une Fatwa au pays de Voltaire  » comme argument publicitaire pour vendre le livre que Robert Redeker publia sur cette affaire en janvier 2007 (Il faut tenter de vivre , Editions du Seuil, 2007). La revue Les Temps modernes consacra un dossier à cette affaire sous le titre : « Robert Redeker sous la fatwa  » (Les Temps modernes, Novembre-Décembre 2006, N° 641). Dans son éditorial, Claude Lanzman assura contre toute évidence, que le monde intellectuel français avait été beaucoup trop tiède dans son soutien à Robert Redeker.

Dans ce numéro des Temps modernes, la philosophe Catherine Kintzler, signataire de l’appel Onfray, justifia l’usage du mot « fatwa  » en rupture avec son sens réel :

«  Faut-il entrer dans ses subtilités d’un raisonnement religieux pour établir une distinction entre des menaces qui seraient plus sérieuses que d’autres parce que plus « orthodoxes » ? Je revendique le droit de n’avoir rien à connaître de cette orthodoxie (surtout rien à lui reconnaître) et de m’en tenir à la réalité des menaces à motifs religieux. J’use donc du terme fatwa comme d’un mot passé dans l’usage courant de la langue française : il désigne une décision à motif religieux exorbitante du seul droit applicable et reconnu » (« la double Fatwa et l’islamo-« progressisme » comme dispositif de pensée », par Catherine Kintzler, Les Temps modernes, Novembre-Décembre 2006).

Démontrant toute la rigueur intellectuelle de son raisonnement, elle s’écartait elle-même de la redéfinition du mot « fatwa » qu’elle venait pourtant de fournir, et accusait, dans le même article, certaines personnalités de gauche qui avaient considéré le texte de Redeker comme « raciste » d’avoir eux aussi émis une « fatwa  » contre l’enseignant toulousain, bien qu’aucune motivation religieuse ne puisse être invoquée dans ces cas là.

Comme l’illustre cette affaire, « fatwa  », terme à la définition exacte mal connue, est défini officieusement comme une position virulente, rétrograde, autoritaire ou criminelle. « Fatwa » est entré dans le champ lexical courant du discours de la guerre au terrorisme et toute « affaire » médiatique connectée, logiquement ou par des chemins alambiqués, à la relation conflictuelle « monde musulman »-« Occident », voit au moins un éditorialiste ou un commentateur utiliser ce terme marquant, ramenant avec lui ses évocations d’un monde musulman arriéré, étranger et hostile.

Sans surprise, quand, en avril 2008, le tribunal de grande instance de Lille ordonna l’annulation d’un mariage à la demande d’un mari musulman, avec l’accord de son épouse, compte tenu d’un mensonge de cette dernière sur sa virginité, la présidente de Ni Putes ni soumises (NPNS), Sihem Habchi hurla à la «  fatwa  » :

« Parce qu’elle n’était pas vierge, son mariage a été annulé par le tribunal de Téhéran ? De Kaboul ? NON ! Par le tribunal de grande instance de Lille. Le verdict tombe comme une fatwa contre la liberté des femmes de France.  » (« Virginité : un verdict qui tombe comme une fatwa », par Sihem Habchi, Libération, 3 juin 2008).

Elle fut rapidement imitée par celle à qui elle avait succédé à la tête de NPNS, la secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la ville du gouvernement Fillon, Fadela Amara :

« C’est un véritable scandale, une vrai fatwa contre l’émancipation des femmes. J’ai cru que l’on parlait d’un verdict rendu à Kandahar  ».

NPNS fit de même : « [L’association Ni Putes Ni Soumises] est déterminée et prête à continuer la mobilisation, concernant la décision du TGI de Lille, véritable fatwa contre la liberté des femmes  » (Communiqué de Ni Putes Ni Soumises, 23 juin 2008).

Bien entendu, l’affaire était bien moins manichéenne que dans cette représentation binaire. Pour avoir un avis strictement juridique sur cette histoire qui a déchaîné les passions, on se réfèrera utilement au blog de maître Eolas ([« N’y a-t-il que les vierges qui puissent se marier ? »- http://www.maitre-eolas.fr/post/2008/05/30/969-n-y-a-t-il-que-les-vierges-qui-puissent-se-marier], 30 mai 2008) reprenant le jugement et démontrant que la justice ne s’est pas prononcée en vertu de la charia, ne condamne pas l’épouse pour non virginité mais constate le mensonge préalable au mariage.

Quand, en mars 2009, Jean-Paul Lilienfeld évoqua la difficulté qu’il avait eu à rassembler des fonds pour réaliser son film La Journée de la jupe, le réalisateur envisagea la crainte d’une « fatwa  » chez les producteurs (« Quand Arte ose porter la jupe d’Adjani », par Emmanuel Berreta, Le Point, 26 mars 2009). Quand en août 2006, François Rebsamen demanda aux candidats à l’investiture socialiste de se désister au profit de Ségolène Royal, Jack Lang hurla à la «  fatwa  » (« Lang dénonce une "fatwa" », par Julien Bordier, L’Express, 22 août 2006). Quand en avril 2007, Azouz Begag estima que les médias ne relayaient pas assez son livre contre Nicolas Sarkozy, il assura que ce dernier avait « déclenché une fatwa médiatique » contre lui (« Azouz Begag dénonce une « fatwa médiatique » de Nicolas Sarkozy », par Anna Borel, Marianne, 12 avril 2007). Craignant que Guillaume Durand ne retrouve pas une place dans la grille de rentrée 2008 de France 2, le responsable de l’actualité média à L’Express, Renaud Revel se demanda sur son blog si le journaliste était victime d’une « fatwa » (« PPDA et consorts », par Renaud Revel, Immedia, Blog de L’Express, 3 juillet 2009). Enfin, quand un collectif de psychanalystes attaquèrent en justice une documentariste ayant travaillé à un film concluant à l’échec de la psychanalyse dans le traitement de l’autisme, la déléguée générale d’Autistes sans frontières, Delphine Piloquet déclara : « c’est une fatwa qui s’abat sur ce film » (« Autisme : des psychanalystes attaquent en justice une documentariste », L’Express, 18 novembre 2011).

Utilisé à tort et à travers, sans réelle définition, banalisé dans le sens le plus péjoratif, « fatwa  » participe de l’imaginaire hostile entourant tout ce qui se rattache, de près ou de loin, au monde musulman et s’inscrit dans un discours qui fait de tout élément de la culture religieuse musulmane un danger pour les libertés en Occident.

Compte tenu de cette représentation collective, personne ne s’indigna ou même ne s’étonna quand, dans une tribune du Figaro, l’essayiste franco-iranienne Chahdortt Djavann, auteur de petits essais médiocres en faveur de l’interdiction total du port du voile en France (Bas les voiles, Gallimard, 2003) ou appelant à la guerre contre Téhéran (Ne négociez pas avec le régime Iranien, Flammarion, 2009), se basant sur la définition communément admise en France de la fatwa, demanda de criminaliser ces avis juridiques :

« Je propose que l’Union européenne reconnaisse la fatwa (incitation au meurtre) comme un acte criminel et engage des poursuites internationales contre ceux qui décrètent des fatwas.  » (« Ayaan Hirsi Ali, ma sœur », Chahdortt Djavann, Le Figaro, 18 février 2008).

Personne ne pensa à lui rappeler que les incitations au meurtre sont déjà punies par la loi et que les fatwas ne sont pas nécessairement criminelles. Personne ne lui rétorqua que sa demande était aussi absurde que de demander l’interdiction des bulles pontificales.

Mais à quoi bon s’encombrer de détails comme l’exactitude quand on tient une formule choc ?

Notes

[1Alexandre Adler, Laure Adler, Elisabeth Badinter, Pascal Bruckner, Michel Deguy, Raphaël Draï, Roger-Pol Droit, Elisabeth de Fontenay, Alain Finkielkraut, François George, André Glucksmann, Romain Goupil, André Grjebine, Claude Lanzmann et le comité de rédaction de la revue Les Temps modernes, Corinne Lepage, Bernard-Henri Lévy, Olivier Rolin, Elisabeth Roudinesco, Guy Sorman, Pierre-André Taguieff, Michel Taubmann et la rédaction de la revue néoconservatrice Le Meilleur des mondes, Philippe Val et Marc Weitzmann.