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Une bavure médiatique

Pour mémoire : retour sur le faux traquenard d’une fausse bande de jeunes à Pantin

par Sylvie Tissot
30 décembre 2015

Samedi dernier, à Pantin, un « banal contrôle d’identité » a dégénéré : la mère de deux jeunes contrôlés pour des motifs encore peu clairs (un chien non tenu en laisse ?) a été violemment frappée. Ce qu’il est plus pertinent de qualifier de véritables « cérémonies de dégradation » est courant, à Pantin comme dans de nombreux autres quartiers populaires, et quotidien pour les jeunes racisés qui y vivent. Cette fois-ci la scène a été filmée, et la vidéo provoque une indignation générale. En juillet 2002, une intervention policière tout aussi suspecte avait été, elle aussi, filmée, de deux endroits différents, mais les enregistrements, saisis par la police, avaient curieusement été déclarés inutilisables. Nous republions aujourd’hui le récit de cette étrange « bavure », autant médiatique que policière.

Le 24 juillet 2002, TFI annonce que « des jeunes auraient agressé des policiers à coups de poing et de battes de base-ball » dans la ville de Pantin, en région parisienne, tandis que Le Figaro parle d’un « véritable guet-apens comme on en connaît de plus en plus souvent...

Un « urgent », dans le jargon des agences de presse, est une dépêche de deux ou trois lignes rapportant un fait d’une importance exceptionnelle, le déclenchement d’une guerre, par exemple, un tremblement de terre ou les résultats du foot. Aucune rédaction de France ne pouvait donc rater l’urgent diffusé par l’AFP ce mercredi 24 juillet 2002 à 16 h 18 :

«  Trois policiers d’une patrouille de “vététistes” ont été hospitalisés après avoir été “roués de coups” mercredi après-midi par une bande de jeunes à Pantin (Seine-Saint-Denis), a-t-on appris de source syndicale policière ».

Trois minutes plus tard, une nouvelle dépêche creuse l’info : «  Les trois fonctionnaires, deux hommes et une femme, membres de la police de proximité du quartier des Hauts-de-Pantin, sont tombés dans “un véritable guet-apens” alors qu’ils patrouillaient dans la rue des Pommiers, apprend-on de même source [policière]  ». Suit le récit d’un «  responsable du Syndicat général de la police (SGP-FO) » : les trois vététistes

«  ont vu des jeunes qui les ont interpellés. En s’approchant d’eux, ils les ont contrôlés et c’est à ce moment que le policier qui vérifiait les papiers a été frappé à coups de poing au visage, de même que la femme stagiaire. L’autre collègue, un jeune adjoint de sécurité qui s’était esquivé pour alerter les secours, a été rattrapé puis roué de coups avec une batte de base-ball. Il est resté inanimé pendant plus d’une demi-heure. »

Aucun témoignage direct ne vient étayer ce récit rapporté de seconde main, et de source pas franchement indépendante. L’agence s’abstient néanmoins de faire usage du conditionnel. Sans attendre, l’histoire du « violent guet-apens  » fait l’ouverture des flashs de France Info. Au même moment, le SGP-FO envoie un communiqué dans lequel il prétend tenir l’explication du « traquenard  » :

«  Il est à noter que ces fonctionnaires ont procédé hier, 23 juillet 2002, à l’interpellation de ces mêmes jeunes, et auraient mis en fourrière un engin deux-roues interdit à la circulation sur la voie publique  ».

Deux heures après les faits, l’instruction médiatique est déjà bouclée : groupe de jeunes, battes de base-ball, traquenard sanglant, vengeance ignoble.

Le soir même, les J.T. font leur miel de l’événement. TF1 annonce :

«  Des jeunes auraient agressé des policiers à coups de poing et de battes de base-ball. »

Dans le journal régional de France 3, puis dans l’édition du 19/20, un délégué syndical du SGP-FO précise :

« Des collègues patrouillaient quand, sur leur droite, un groupe de huit à dix jeunes leur font signe de venir. Les policiers se sont dirigés vers eux. Ils n’ont pas eu le temps de descendre de leur vélo et se sont faits agresser. Le fait que les jeunes leur aient fait signe me fait penser qu’ils avaient prémédité leur coup. »
Les détails que livre le syndicaliste (« sur leur droite », « huit à dix jeunes »...) et la personnalisation du témoignage («  me fait penser ») interrogent, pour quelqu’un qui n’était pas sur les lieux.

Le lendemain, c’est au tour de la presse écrite d’entrer dans la ronde. «  Trois policiers roués de coups par vengeance  », titre Le Parisien, qui raconte :

« Selon nos informations (sic), les jeunes auraient voulu se venger de la confiscation, la veille, d’une moto appartenant à l’un d’entre eux. »

Suit un récit à faire dresser les cheveux sur la tête, dans lequel les trois policiers

« se retrouvent cernés par un groupe d’une dizaine de jeunes gens. L’un d’entre eux s’empare du tonfa, la matraque de l’un des agents. Simultanément, la policière prend les premiers coups au visage, s’effondre, avant d’être tabassée à terre à coups de poings, de pied et de batte de base-ball  ».

Même version dans Le Figaro :

« trois policiers passés à tabac à Pantin [...] ont été frappés à coups de batte de base-ball alors qu’ils procédaient à un banal contrôle d’identité.  »

Et le journaliste d’évoquer

« un véritable guet-apens comme on en connaît de plus en plus souvent malheureusement en banlieue et tendu par des individus de plus en plus jeunes ».

Un constat dramatique appuie ce matraquage : les délinquants d’aujourd’hui n’hésitent plus à torturer ces îlotiers attachés à promouvoir, à vélo, la « police de proximité ».

Or cette version des faits a été inventée de toutes pièces, comme le reconnaîtra peu après l’instruction : aucune batte de base ball n’a jamais été utilisée, aucun guet-apens tendu aux policiers, la « dizaine » de jeunes se réduit à deux et surtout - cela apparaîtra clairement lors du procès en 2003- personne n’a pu jamais prouver la responsabilité des jeunes dans l’agression de la policière. En fait, le SGP-FO a inventé le scénario et les médias l’ont repris ou agrémenté sans une once de vérification.

Que s’est-il passé en réalité ? Le 24 juillet 2002, rue des Pommiers à Pantin, trois policiers interpellent un jeune de quinze ans qui en paraît douze (il mesure 1 m 51 et pèse 38 kilos). Pour quel motif ? Mystère. Les policiers parleront d’un joint, puis d’une «  odeur  », mais rien (ni cannabis, ni mégot) n’a été retrouvé sur l’enfant. Est-ce parce qu’il est noir ou que les îlotiers, comme ils le reconnaîtront plus tard, connaissent déjà parfaitement son identité, toujours est-il qu’ils lui demandent ses papiers alors qu’il est seul en bas de chez lui. L’interpellation est extrêmement violente. L’adolescent, dont ni la carrure, ni le comportement ne représentait une menace flagrante pour l’ordre public, est saisi par le cou, balayé et plaqué à terre.

C’est plus tard que la policière du trio aura la mâchoire fracturée. Par qui ? On ne le saura jamais. Les seuls faits dont nous pouvons rendre compte avec certitude aujourd’hui (et dont les journalistes auraient pu à l’époque prendre connaissance) sont les suivants : un jeune arrive sur les lieux au moment de l’interpellation, s’indigne de la brutalité dont est victime l’adolescent et reçoit un coup de tonfa. La bagarre commence. Un deuxième riverain s’approche, se saisit du tonfa et s’enfuit. Ni les policiers, ni les médias, ni plus tard les juges ne réussiront à expliquer comment deux jeunes ont pu prendre le dessus sur trois policiers armés puis disparaître dans une coursive de HLM. 

D’autres questions resteront sans réponse :

 Pourquoi les deux collègues de la policière ont-ils été déclarés blessés dans un premier temps, puis reconnus indemnes dans un second ?

 Qu’avaient-ils à se reprocher pour alerter immédiatement leur syndicat ?

 Pourquoi celui-ci a-t-il éprouvé le besoin de façonner une version mensongère, et ce dans les deux heures seulement qui ont suivi l’accrochage ?

La policière dira, quant à elle, ne se souvenir de rien.

Quoi qu’il en soit, le traitement médiatique de cette affaire met une fois encore en évidence le manque de temps et le goût du sensationnel qui plombent le travail des journalistes. Mais plus important encore, il donne à voir la spirale infernale qui alimente la représentation aujourd’hui dominante des « banlieues ». Comme si, désormais, tout reportage sur ce qui s’y passe échappait aux règles élémentaires de l’enquête pour mobiliser un scénario écrit à l’avance : la violence et la sauvagerie des « jeunes ».

En effet, si la version diffusée sciemment par un syndicat policier a été si facilement reprise par la presse, ce n’est pas seulement par paresse ou négligence. C’est aussi qu’elle est conforme aux grilles de lecture appliquées habituellement aux faits divers de « banlieue ». Dans ces territoires, les jeunes semblent d’emblée suspects, sinon coupables. En témoigne l’usage récurrent de l’expression « connus des services de police  », revenue à plusieurs reprises dans les reportages sur Pantin, sans que soit précisé le sens qu’il convient d’accorder à cette formule dans un contexte où les interpellations non justifiées se multiplient, avec un recours croissant, pour un mot de travers, à une inculpation pour outrages et rébellion.

L’organisation même des reportages télévisés montre à quel point ces réflexes sont désormais profondément ancrés. Des jeunes de Pantin ont bien été interviewés. Conformément à la logique de « l’équilibre », leur témoignage est recueilli et l’on entend leur version des faits : il s’agit un « dérapage » suite à un contrôle d’identité. Mais dans les séquences diffusées les 24 et 25 juillet par différentes chaînes, le cadrage fait apparaître une foule de jeunes parlant tous en même temps de manière précipitée, riant pour certains. Ils forment un groupe homogène et anonyme, confortant les stéréotypes globalisants. De l’autre côté, syndicalistes policiers et hommes politiques sont présentés et interviewés individuellement, et s’expriment dans un langage posé. De toute évidence, les paroles n’ont pas le même poids.

L’organisation et la distribution des témoignages sont déterminées par un autre facteur : les liens étroits entre médias et classe politique. De façon consciente ou non, les journalistes se calquent sur l’agenda des gouvernants. Or le « traquenard » de Pantin coïncide jour pour jour avec l’examen, le 24 juillet 2002, du projet de loi Perben prévoyant l’enfermement des mineurs de plus de 13 ans. Et une semaine plus tôt, Nicolas Sarkozy venait de présenter à l’Assemblée nationale son projet de loi sur la Sécurité intérieure... Si l’affaire de Pantin est traitée de manière aussi expéditive, avec aussi peu de précautions, c’est aussi qu’elle apparaît comme le fait divers illustratif par excellence du débat tel qu’il est alors construit politiquement : faut-il ou non davantage punir les mineurs délinquants ?

Tous les ingrédients du « bon » sujet sont donc réunis. Après « l’enquête sur place », les journalistes laissent la parole aux hommes politiques, une parole "autorisée" qui vient commenter l’agression et monter en généralité pour présenter l’affaire comme un cas exemplaire. Jean-Pierre Raffarin, Nicolas Sarkozy et Dominique Perben dénoncent tour à tour «  l’exceptionnelle gravité », « l’horreur », « la sauvagerie des voyous  ». Pierre Bédier, le ministre des « programmes immobiliers de la justice », va jusqu’à déclarer :

«  Face à cette montée de la délinquance et en particulier de la délinquance des mineurs - dois-je rappeler que parmi les agresseurs il y a un enfant de onze ans - il faut que la société apporte des réponses de très grande fermeté  ».

Un enfant de onze ans ? Les journalistes ne relèveront pas le mensonge, pas plus qu’ils ne s’inquiéteront de voir les jeunes jugés et condamnés par avance, en dépit de la règle élémentaire de la présomption d’innocence. De son côté, Claude Bartolone, député PS du 93, fustige une « lâche et violente agression » et réclame qu’elle soit «  durement et rapidement sanctionnée ». Le PCF de Pantin s’inquiète du «  déferlement de violence » et exige plus d’effectifs pour la police de proximité.

Mais pendant que médias et politiques se lâchent, la bulle judiciaire se dégonfle déjà. Le 26 juillet 2002, le parquet de Bobigny ouvre une information judiciaire pour «  violences ayant entraîné la mutilation ou l’infirmité d’un fonctionnaire de police  », écartant ainsi toute notion de préméditation, donc de « traquenard ». Les premières nuances apparaissent avec l’édition du Monde du 26 juillet. On y parle toujours «  d’une dizaine de jeunes dont l’un armé d’une batte de base-ball selon la police », mais la parole est aussi donnée aux jeunes : « l’histoire des battes, c’est de l’invention magique », expliquent ces derniers. En revanche, dans l’Humanité du même jour, qui consacre aux événements son premier grand article sous le titre « Chaos Pantin », la thèse du syndicat policier continue de faire autorité : un contrôle d’identité qui fait suite à la saisie d’un deux roues la veille de la bagarre.

Malgré cette volte-face bientôt généralisée, les médias ne semblent pas ressentir le besoin d’en savoir plus : si elle était fausse, pourquoi la version policière a-t-elle été diffusée, relayée et amplifiée ? Que s’est-il réellement passé ? Pas de temps à perdre en investigations, que ce soit rue des Pommiers ou auprès de FO Police, dont le jeu trouble avait pourtant de quoi éveiller la curiosité.

Un autre détail intéressant aurait pu donner matière à enquête. La scène de l’agression a été filmée à partir de deux endroits différents, par une caméra de vidéo surveillance d’un studio d’enregistrement situé à proximité et par un particulier. Or les deux enregistrements ont été immédiatement saisis par la police puis déclarés « inutilisables ». Dans Le Figaro (25/07/02), un article mentionnera un enregistrement effectué par un passant au camescope :

« La cassette a été remise à la Direction départementale de la sécurité publique saisie de l’enquête. Cette pièce à charge aurait permis de procéder, quelques heures plus tard, aux premières interpellations.  »

Par la suite, cette mystérieuse cassette ne sera plus jamais évoquée.

Rien ne sera dit non plus des décisions curieuses qui ponctuent l’instruction : l’absence de reconstitution, ou le refus de procéder à l’examen des chaussures des protagonistes, qui aurait permis peut-être d’identifier l’auteur du coup porté à la policière (selon les enquêteurs, c’est un coup de pied qui aurait causé la fracture à la mâchoire). Dès lors que « l’actualité » retombe, que la précipitation et les négligences des journalistes deviennent flagrantes, le plus grand silence se fait sur l’affaire. Personne ne relèvera l’acharnement des policiers à mettre en cause nommément des jeunes de la rue des Pommiers afin d’accréditer la thèse, de moins en moins plausible, d’une agression collective.

Cet acharnement va d’ailleurs connaître un échec cuisant. D’abord, l’enregistrement des coups de téléphone portable prouve que le dernier jeune arrivé sur les lieux n’était pas présent au moment où la policière a été frappée, alors qu’il était initialement englobé dans la masse des jeunes qui auraient attaqué les policiers. Finalement, il sera établi qu’un seul et unique jeune s’est battu avec les deux policiers, tandis que la femme maintenait par terre le jeune de 15 ans. Toutes les autres personnes accusées par les deux vététistes seront mises hors de cause.

Le 14 novembre 2003, les deux jeunes mis en examen dans cette affaire passent en procès à Bobigny. Leur seul tort clairement établi est d’avoir dérobé un tonfa aux policiers et de s’être enfuis. Mais le contexte émotionnel créé par l’exploitation du faux « traquenard » ne laisse pas les magistrats insensibles. Bilan : trois ans et demi de prison dont un an avec sursis pour le premier, trente mois dont huit avec sursis pour le second, sans que leur responsabilité dans l’agression de la policière ait été à aucun moment prouvée.

Bien sûr, les médias ne sont pas responsables de ce jugement. Mais il n’en reste pas moins qu’à toutes les étapes de cette affaire, l’emballement médiatique a laissé des traces. Dans les mémoires, tout d’abord : quiconque se souvient d’une agression à Pantin en juillet 2002 garde à l’esprit une batte de base ball ou un guet-apens, et y associe plus ou moins explicitement une « bande » de voyous. L’histoire de Pantin a bel et bien contribué à la légitimation médiatique des discours sécuritaires.

Or ces discours ont des traductions très concrètes. Dès le 24 juillet, et pendant une semaine, les habitants de la rue des Pommiers font face à un déploiement de force inouï. CRS, BAC, simples policiers, tout ce qui porte un uniforme investit le quartier armes au poing. On interpelle le premier venu, on fracasse des portes, on perquisitionne des logements, on terrorise des familles. « Ils seraient venus chercher Ben Laden, ça n’aurait pas été pire », se souvient une riveraine.

Ces intimidations laisseront un impact durable. La famille d’un jeune qui avait été impliqué par erreur a préféré ensuite déménager. D’autres ont reçu des menaces de mort, surtout après que le site « SOS Racaille », très probablement « informé » par des policiers, eut diffusé l’adresse de jeunes alors entendu par la police, les proposant au lynchage « au cas où la justice ne serait pas assez sévère ». Aujourd’hui encore, il n’est jamais bon pour un jeune d’être arrêté par des policiers quand l’adresse de la rue des Pommiers figure sur sa carte d’identité. Car finalement, le plus grave, c’est autant ce que racontent les médias que ce qu’ils passent sous silence : le harcèlement (notamment de la part de la police) que de nombreux habitants des cités HLM subissent aujourd’hui, les tensions et les violences qui en résultent.

Les médias ont pourtant été alertés. Le 7 avril 2003, un comité de soutien (Collectif droit, justice et citoyenneté à Pantin) constitué à l’initiative du Mouvement Immigration et Banlieue (MIB) organisait une conférence de presse à Paris. Y étaient conviés les journalistes des principaux organes de presse afin qu’ils puissent entendre la parole des habitants et prendre connaissance des éléments du dossier. Le collectif s’efforça également d’attirer leur attention sur le comportement curieux des policiers, leurs témoignages contradictoires, leur affolement après le coup porté à la collègue, laissée seule sur le trottoir... Mais peu de journalistes ont fait le déplacement. Il est vrai que la mise en cause de leur travail et de leur rôle ne constituait pas une info très attractive.

Parmi les rares à s’en faire l’écho, Le Parisien reconnut les « dérives » qui avaient été les siennes à l’époque des faits. Mais cela n’a pas empêché plusieurs journalistes de retomber dans leurs habitudes au moment du procès et de ressusciter la thèse d’une agression collective à l’aide de battes de base-ball... Ainsi dans Libération (11/11/03), où l’on pouvait lire que « le 24 juillet 2002, le contrôle d’identité s’est transformé en un véritable tabassage subi par les policiers. »

Ironie suprême pour les jeunes et leurs familles de la rue des Pommiers, le 20 septembre 2002, on apprenait dans les journaux que les trois îlotiers de Pantin avaient été décorés par Nicolas Sarkozy en personne « pour acte de courage et de dévouement ». La policière confiait alors à l’AFP :

« J’ai hâte de reprendre le travail. Je voudrais faire carrière, or c’est dans le 93 que l’on apprend à travailler, c’est là aussi que les gens ont le plus besoin de nous ».

P.-S.

Ce texte est repris dans le recueil de Pierre Tevanian et Sylvie Tissot, Les mots sont importants, paru aux éditions Libertalia en avril 2010.