Ce relevé, présenté chronologiquement, de quelques « bavures » significatives, commises entre le 27 décembre et le 10 janvier, ne porte pas sur les commentaires qui se présentent comme tels (et presque tous favorables à la version israélienne) ; il n’est ni exhaustif, ni exclusif de reportages et d’analyses plus ou moins irréprochables que l’on a pu voir ou entendre par ailleurs.
27 décembre : « Plomb durci » contre « le Hamas »
Nous l’avons relevé d’emblée (cf. notre précédent article : « Sous couvert de neutralité ») : les motifs qu’invoque le gouvernement israélien (des « représailles »), les objectifs qu’il affiche (en finir avec les tirs de roquettes) et la cible qu’il prétend fixer à l’armée (le Hamas) sont enregistrés comme des informations indiscutables.
27 décembre 2008 à 20 h.
Les titres du JT de TF1 nous apprennent qu’Israël
« bombarde le Hamas à Gaza en représailles contre les tirs de roquettes ».
Et comme il va de soi que les bombardements ne visent que le Hamas et n’atteignent que cette cible, TF1 peut affirmer, sans citer la moindre source :
« L’opération israélienne de ce matin a touché avant tout des infrastructures de sécurité et des dépôts d’armement des islamistes du Hamas ».
Il faudra attendre quelques jours, quand l’aviation israélienne aura bombardé délibérément trois écoles de l’ONU, pour que les affirmations deviennent moins péremptoires. France 2 titrera :
« Deux écoles touchées »
(Charmant euphémisme…)
TF1 précisera :
« une école de l’ONU bombardée » [1]
Des titres qui sont subitement mis à la voix passive et évitent de nommer le responsable.
Le même jour, à la même heure, sur France 2, Marie Drucker reprend la même information :
« Israël affirme ce soir qu’il n’y avait d’autre solution que la voie militaire. Israël qui a lancé ce matin des raids aériens massifs contre le Hamas à Gaza. ».
Mais elle ajoute aussitôt :
« Objectif affiché : en finir avec les tirs palestiniens de roquettes de ces dernières semaines »,
laissant entendre mais sans le dire qu’il pourrait y avoir d’autres objectifs. Encore un effort et l’information sera fournie avec le recul nécessaire !
Des « raids aériens massifs » qui, selon l’armée israélienne, ne viseraient que le Hamas, cela ne va pas sans « risques ». Mais lesquels ?
29 décembre : David Pujadas interroge
Le 29 décembre, David Pujadas reçoit Avi Pazner. Auparavant, un sujet revient sur l’histoire du Hamas et conclut :
« Les tirs de roquettes sur les villages israéliens poussent le ministre de la défense Ehoud Barak à bombarder Gaza , ce qui n’est pas sans risque politique ».
Le « risque », ou plutôt la certitude, de tuer un nombre conséquent de civils, n’a en effet pas dû peser bien lourd face au « risque politique » (de récupérer quelques points dans les sondages ?) : autant ne pas mentionner le premier de ces « risques ».
David Pujadas pose alors trois questions à Avi Pazner. Trois questions qui permettront à ce dernier de détailler pendant près de deux minutes sa vision, parfaitement neutre, des opérations militaires que le gouvernement dont il est le porte-parole mène depuis trois jours.
La première question porte sur l’avenir de l’opération « Plomb durci », ce qui permet de ne pas évoquer son passif, notamment en termes de victimes civiles :
« Est-ce que l’armée israélienne va entrer dans Gaza, se prépare à entrer dans Gaza ? ».
La deuxième s’appuie sur un rappel dont on se demande le rôle exact :
« Alors Monsieur Pazner, pensez-vous vraiment que la solution contre le Hamas dont la plupart des pays du monde s’accordent à penser qu’il s’agit bien d’un mouvement terroriste , pensez-vous que cette solution est militaire et uniquement militaire ? ».
Quant à la troisième, elle épouse le point de vue israélien :
« Mais Monsieur Pazner, est-ce qu’en augmentant la pression militaire sur le Hamas vous n’en faites pas encore plus un martyr, vous ne faites pas finalement son jeu ? »…
… et évite soigneusement la question de la « pression militaire » qui pourrait « martyriser » la population civile de Gaza.
29 décembre 2008 : Harry Roselmack comptabilise
Le 29 décembre, 16 minutes et 20 secondes après le début du journal, Harry Roselmack, se résout à « lancer » un premier « sujet » sur la situation à Gaza :
« Les raids israéliens se sont poursuivis sur des édifices du Hamas et contre les forces de sécurité du mouvement palestinien . Le dernier bilan fait état de 345 morts parmi lesquels une cinquantaine de civils »
Or le commentaire, dans le « sujet » qui suit, annonce :
« les bombardements auraient fait plus de 340 morts dont une soixantaine de civils ».
S’il est vain d’exiger un bilan « exact » – qui serait le même sur toutes les chaînes – dans un contexte où les informations contradictoires se succèdent, un bilan qui de toute façon ne veut pas dire grand-chose, on peut en revanche s’attendre à ce que les titres correspondent au moins aux propos tenus dans les reportages qu’ils annoncent.
On objectera peut-être qu’il n’y a « qu’ » une dizaine d’écart. Une dizaine de morts civils. C’est-à-dire autant que les victimes civiles israéliennes en huit ans de « harcèlement » par le Hamas à Sderot, comme le rappelait par exemple un reportage de la veille (et bien d’autres) :
« En huit ans, 700 roquettes se sont abattues sur la ville, faisant dix morts et 150 blessés ».
En trois jours, combien d’obus sur Gaza ?
31 décembre : De même que… de même
Sur TF1, le 31 décembre 2008, à 20 heures, 22 minutes et 15 secondes après le début du journal, il est temps d’évoquer la situation à Gaza. Après quelques brèves informations et l’inévitable reportage à Sderot (voir notre article précédent), la transition « équilibrée » est toute trouvée :
« Les frappes israéliennes se poursuivent, pour le cinquième jour, de même que les tirs de roquettes palestiniens sur le sol de l’Etat Hébreu. Ce matin, une vingtaine d’engin ont explosé dans différentes localités israéliennes proches de la bande de Gaza. »
1er janvier 2009 : Harry Roselmack interroge
Le 1er janvier 2009, le « 20 h » de TF1 diffuse une interview (enregistrée à l’ambassade d’Israël) de Tzipi Livni, ministre des Affaires Etrangères d’Israël, par Harry Roselmack, qui laisse libre court, pendant 2 minutes 40, à la propagande attendue. Comment pourrait-il en être autrement quand la question la plus informée et la plus effrontée posée à une ministre directement responsable de la guerre que mène son gouvernement est la suivante :
« Est-ce que la position, l’argument, de certains évoquant la disproportion des moyens et des bilans dans cette crise… est-ce que ces arguments-là vous les entendez et est-ce que vous en tenez compte ? »
Sauf erreur ou omission de notre part, aucune « voix » palestinienne ne bénéficiera d’une interview similaire sur TF1.
2 janvier : Objectif affiché
Sur France 2, le 2 janvier, il est impossible d’évoquer les manifestations des Palestiniens à Jérusalem et dans les territoires occupés par Israël, sans le faire du point de vue du gouvernement israélien et des objectifs qu’il affiche :
« Des milliers de Palestiniens sont descendus aujourd’hui pour soutenir les habitants de Gaza pris sous les bombes israéliennes. [...] Dans tout le territoire palestinien, les frères ennemis du Fatah et du Hamas ont même défilé côte à côte. C’est une conséquence de cette offensive d’Israël , en voulant assurer sa propre sécurité, le pays semble avoir ressoudé contre lui le peuple palestinien dans son ensemble. »
6 janvier : Un premier chef d’œuvre de Jean-Pierre Pernaut
Ce jour-là, le journal est construit autour d’un fil conducteur : le froid et la neige, bien sûr . Mais ce qui est censé nous tenir en haleine, et ce qui fait périodiquement apparaître un sourire prometteur sur le visage de Jean-Pierre Pernaut, c’est le reportage sur Tahiti promis pour la fin du journal.
Plus de 9 minutes après le début du journal, JPP rassure les téléspectateurs : il n’a pas fini de parler du froid. Et il leur promet de se réchauffer. Mais entre temps, entre le grand froid et le grand soleil, il faut bien parler d’autre chose :
« Voilà. On reparlera du froid et de la neige tout à l’heure et on ira aussi se réchauffer [un sourire s’esquisse en promettant les alléchantes images] un petit peu comme tous les jours cette semaine à Tahiti. Venons-en maintenant à la situation toujours aussi préoccupante, très préoccupante, au Proche-Orient ».
L’examen de cette situation « préoccupante » et même « très préoccupante » ne préoccupe pas longtemps Jean-Pierre Pernaut qui lui consacre moins de temps qu’au seul reportage sur Bora Bora (qui s’inscrit dans une série de carnets de voyages), et deux fois de temps qu’aux reportages sur le froid et la neige en France, qui occupent 14 minutes 24, soit 34 % du journal.
Les effets de la météo et le tourisme à Bora Bora ne prennent que 50% de la durée du JT, et si l’on ajoute un reportage d’une longueur inhabituelle sur… le patois bourdonnais, on atteint le chiffre de 24’20, soit 60% du JT. C’est, en effet, « préoccupant, très préoccupant »…
6 janvier : « Bavure » ?
Le 6 janvier sur TF1 à 20 h, Laurence Ferrari interroge Denis Brunetti :
« Est-ce qu’on peut dire que cette attaque qu’une école qui a fait 43 morts au moins parmi les civils palestiniens est la première grosse bavure de l’armée israélienne ? »
Le délicat vocabulaire de la « bavure » est de retour… Il se répandra partout, notamment dans la presse écrite [2].
Le même jour, France 2 est, elle aussi, saisie par le doute :
« Faut-il parler de bavure militaire ? Il est encore trop tôt pour le dire ».
Mais il est déjà trop tard pour s’apercevoir que le terme de « bavure » est parfaitement déplacé, que la version israélienne soit confirmée ou non. Plus généralement, ce sont tous les mots de la guerre qui se sont répandus : nous les avions, à propos de l’ainsi nommé « conflit israélo-palestinien », déjà relevés dès 2002 [3], puis en 2007 [4], comme nous l’avons fait pour de nombreuses guerres depuis 1999 [5].
6 janvier : Laurence Ferrari s’inquiète
Ce même 6 janvier, sur TF1, il faut attendre 20h09 avant que Laurence Ferrari « s’inquiète » dans les termes suivants :
« Situation très inquiétante qui ne cesse de s’aggraver à Gaza. La violence des combats frappe de plein fouet la population civile palestinienne prise au piège entre l’armée israélienne et les combattants du Hamas. L’illustration la plus terrible en a été le bombardement d’une école aujourd’hui. 43 personnes qui s’y étaient refugiées ont trouvé la mort. L’armée israélienne affirme avoir répliqué à des tirs de mortier. »
« Très inquiétant » : qu’en termes délicats, ces choses-là sont dites ! Si les mots ont un sens, il faut comprendre que la population civile palestinienne subit au même titre les combattants du Hamas et l’armée israélienne… qui l’enferme dans Gaza et bombarde ! Et les 43 victimes civiles seraient une « illustration ». Une « illustration » ! Et de quoi ? D’ un « piège » tendu avec le concours des « combattants » du Hamas, et non d’un bombardement de l’armée israélienne, dont la version est livrée sans recul.
7 janvier : Laurence Ferrari perçoit une lueur
Le 7 janvier, à 20 h, 21 minutes après le début du journal, Laurence Ferrari est moins inquiète que la veille :
« A Gaza première lueur d’espoir aujourd’hui avec la trêve de trois heures qui a permis aux habitants de souffler un peu et de faire entrer de l’aide humanitaire. Autre signe encourageant, Israël se dit d’accord pour négocier un cessez-le-feu, proposé par Nicolas Sarkozy et le président égyptien Hosni Moubarak. »
Une « lueur d’espoir » ? Mais pour qui ? Pour une population civile martyrisée qui a « bénéficié » à Gaza-ville (et pas sur toute l’étendue du territoire) non d’une « trêve », mais d’une suspension des bombardements, dont les associations humanitaires diront le jour même que sa durée est trop courte pour que l’aide parvienne effectivement à la population ?
Un « signe encourageant » ? Comment dire cela alors que le gouvernement israélien s’est déclaré prêt à un cessez-le-feu, mais à des conditions qui le rendent impossible tant que l’opération « Plomb durci » ne sera pas achevée. Même pas une « lueur » puisque on apprend le jour même que l’invasion doit se poursuivre et même s’intensifier.
Le commentaire, dans le reportage qui suit, est du même acabit :
« Les bombardements ont cessé pendant trois heures cet après-midi. Un répit durant lequel la population de Gaza a pu souffler, sortir dans les rues, et surtout s’approvisionner après quatre jours d’intenses opérations terrestres… L’armée israélienne a décidé de cesser ses opérations de 13h à 16 h chaque jour dorénavant, pour permettre aux convois humanitaires de circuler. Geste de bonne volonté après la journée d’hier particulièrement meurtrière : la frappe contre une école aux couleurs des Nations-Unies a soulevé une vague de protestation internationale, malgré l’explication israélienne selon laquelle le site aurait servi de zone de tir au Hamas. »
Une vague de protestation sans objet donc, puisque l’armée israélienne a « expliqué »… et « explique » encore, par la voix d’un porte-parole que l’on entend à nouveau :
« le Hamas se protège derrière des enfants dont il se sert comme bouclier humain. C’est inacceptable. Chaque fois qu’il y a des morts ils en sont responsables ».
Les déclarations de l’ONU contredisant la version israélienne du bombardement de l’école ne sont manifestement pas des « explications », puisque TF1 ne juge pas utile d’en faire état.
Quant à la présentation des positions en présence sur l’éventualité d’un cessez-le feu, elle vaut son pesant d’ « équilibre » :
« Pendant l’enterrement des victimes de l’école de Jabaliya, un représentant du mouvement islamique a refusé de soutenir pour l’instant l’initiative franco-égyptienne, un plan de cessez-le-feu qui doit selon lui clairement exiger le retrait des troupes israéliennes au préalable. De son côté le gouvernement Olmert, lui, l’a accueilli avec intérêt, suscitant une lueur d’espoir [6], à condition que le Hamas cesse ses tirs et que Gaza soit démilitarisée ».
Les conditions mises par le Hamas équivalent à un « refus » ; les conditions mises par le gouvernement israélien n’altèrent pas « l’espoir » : information ou commentaire de parti-pris ?
7 janvier : Renaud Revel interroge…
Au cours de l’émission « J’ai mes sources » sur France Inter, le 7 janvier 2009, Renaud Revel interroge Olivier Rafowicz sur les conséquences de l’interdiction opposée par le gouvernement israélien à l’entrée de journalistes à Gaza.
Des conséquences pour l’information ? Nenni.
Pour les palestiniens ? Encore moins.
Seulement sur l’avantage qui serait ainsi donné à la propagande du Hamas, au détriment de celle de l’Etat israélien :
Renaud Revel : « En interdisant les journalistes à pénétrer à Gaza, est-ce que vous ne prêtez pas le flanc à la propagande du Hamas , dans la mesure où si on va sur Internet aujourd’hui, internet regorge d’images effectivement des combats qui ont lieu en ce moment ? Et qui sont données notamment par le Hamas ? »
Olivier Rafowicz : « Vous avez raison au niveau des images, des images qui sont propagées… Vous savez on a ici affaire à une politique médiatique d’un groupe islamiste intégriste. »
Dans une émission qui, selon sa présentation sur le site de France 2, prétend s’interroger sur le « monde complexe » des médias – « Les médias, tous les médias, rien que les médias » –, c’est ainsi qu’on interroge un porte-parole de l’armée israélienne, qui peut s’exprimer sans contradicteur et sans débat sur la « politique médiatique » du gouvernement qu’il représente.
8 janvier : Un second chef d’œuvre de Jean-Pierre Pernaut
Le 8 janvier, au 13h de TF1, après 17 minutes et huit sujets consacrés à la baisse des températures, Jean-Pierre Pernaut conclut, souriant devant les images d’une plage enneigée :
« Un bien bel hiver comme on en rêvait depuis longtemps. ».
Et il enchaîne aussitôt, en se départissant à grand-peine de son sourire :
« Autre chose, plus sérieux , le conflit israélo-palestinien… »
Reprenons avec lui :
« Autre chose, plus sérieux, le conflit israélo-palestinien, et un regain de tension après les espoirs de paix d’hier. »
Les espoirs de paix ! Les bombardements se poursuivent, mais JPP découvre un simple « regain de tension ». Lequel ? La précision est donnée dès la phrase suivante :
« Pour la première fois dans cette crise [sic], le Hezbollah a lancé des roquettes sur Israël depuis le Sud-Liban. Il y’a eu 5 blessés légers. »
Et l’hivernal Jean-Pierre Pernaut introduit ainsi un « sujet » qui propose des informations totalement différentes :
« Une personne a été légèrement blessée à la jambe, mais beaucoup ont été seulement choqués. Selon les premiers éléments, ces roquettes anciennes ne proviendraient pas du Hezbollah , mais d’un petit groupe palestinien installé au Liban. » [7]
Au cours du même JT, les téléspectateurs auront encore quelques informations sur les « objectifs » de l’armée israélienne :
« Pour l’instant Israël maintient sa décision de suspendre ses opérations pendant 3 heures chaque après-midi, mais l’offensive générale elle continue avec pour objectif d’aller chercher les forces du Hamas partout où elles se trouvent. »
En revanche, aucune précision sur les effets de la suspension des opérations. Aucun mot sur le bilan des victimes.
8 janvier : Ferrari hiérarchise
Au 20h de TF1, 18 minutes après le début d’un journal dont les titres ne disent pas un mot du conflit, Laurence Ferrari lance un « sujet » dans lequel on apprend que l’agence de l’ONU chargé des réfugiés palestiniens (UNRWA) a
« suspendu ses activités après que des obus eurent touché un de ses convois ».
Le Communiqué de l’ONU était nettement moins allusif, évoquant des « tirs israéliens contre un convoi », et expliquant que
« des travailleurs humanitaires ont été la cible de l’armée israélienne ».
Ban Ki Moon a d’ailleurs
« condamn[é] l’attaque israélienne contre un convoi de l’ONU qui a fait au moins un mort »,
comme le précisera Ferrari après le reportage. Cette « attaque », la condamnation de celle-ci, et surtout la décision aux conséquences dramatiques qu’elle a entraînée n’en ont pas moins été traitées en deux phrases en tout et pour tout.
Pourtant ce jour-là, les titres du journal annonçaient que François Fillon avait jugé « la situation inacceptable ». Mais il s’agissait des embouteillages marseillais. Le même avait, ce même jour, jugé « la situation humanitaire à Gaza intolérable ». Mais on ne le saura que 17 minutes après le début du journal, dont une dizaine consacrée, inévitablement, au froid et à la neige…
8 janvier : Les « frappes » d’Elkkabach
Jean-Pierre Elkkabach, sur Europe 1, le 8 janvier 2009, interroge d’abord Jessica Pourraz, responsable de Médecins Sans Frontières à Gaza :
« Mais, est-ce que les habitants de Gaza peuvent demander, ou pourraient demander, au Hamas d’arrêter les tirs de missiles qui ont provoqué les représailles d’Israël ? »
Question d’autant plus suggestive de la prise de position hors de propos (mais tellement suggestive…) d’Elkkabach qu’elle s’adresse à une organisation non gouvernementale !
Jessica Pourraz pourra cependant, durant quelques minutes, évoquer la situation humanitaire catastrophique à Gaza.
Pour maintenir l’équilibre, après l’interview d’une responsable humanitaire qui refuse de répondre à toute question ayant une dimension politique (comme la précédente), Elkkabach s’entretient alors avec… Avi Pazner. Inutile de préciser que, comme sur TF1, aucune voix palestinienne n’aura, avant ou après, le privilège d’être interviewée dans cette émission.
De cet entretien, on retiendra en particulier cet échange :
Jean-Pierre Elkkabach : « Est-ce que vous vous excusez ? Ou le gouvernement d’Israël présente des excuses pour ce qui s’est passé à l’école des Nations-Unies, Monsieur Pazner ? »
Avi Pazner : « Eh bien, je vais vous dire, Monsieur Elkabbach, ce qui s’est passé à cette école : le Hamas a placé une batterie de mortier dans cette école même , qui tirait sur nos troupes. Nos troupes ont répondu sans savoir qu’il y avait là-bas des civils . Nous regrettons… »
Jean-Pierre Elkkabach : « D’habitude… »
- Avi Pazner : « Nous regrettons profondément la mort de civils innocents. Mais il faut bien comprendre que c’est le Hamas qui utilise ces civils comme boucliers humains. »
Jean-Pierre Elkkabach : « D’habitude, Tsahal vise mieux . […]. »
Ce compliment, même sarcastique, est indécent. En tout cas, il vaut manifestement mieux que le démenti que Jean-Pierre Elkkabach, journaliste bien informé, aurait pu opposer aux mensonges éhontés d’Avi Pazner (voir notre précédent article, « De source bien informée »)
10 janvier : Frédéric Barreyre informe
Le 10 janvier 2009, sur France Inter, Frédéric Barreyre évoque la situation à Gaza :
« Cet après-midi, la trêve a été violée des deux côtés ».
Comme s’il s’agissait d’une véritable « trêve » – qui supposerait un accord entre les deux parties en conflit… Comme si la décision unilatérale d’Israël de suspendre ses bombardements pendant trois heures n’avait pas concerné, du moins pendant plusieurs jours, la seule ville de Gaza (et non pas les quartiers périphériques), sans changement notable pour les populations civiles, comme le relevait déjà Médecins sans frontières… trois jours plus tôt [8], et comme aucun des JT ne l’a précisé.
En « cet après-midi », seul Israël a « violé » ses engagements, comme du reste il l’avait fait la veille, selon la même source : des engagements dont on serait au moins en droit d’attendre que nos zélés informateurs se demandent s’ils ne sont pas une composante de la propagande de guerre.
Il est vrai que depuis deux cessez-le-feu distincts ont été annoncés – l’un d’Israël, l’autre du Hamas. La guerre n’est pas finie pour autant…
A suivre, hélas.