Caroline Fourest et Fiammetta Venner se sont ainsi attirées les faveurs de grands médias progressistes tels que Le Point ou le Wall Street Journal...
... et un Grand Prix du livre politique de l’Assemblée Nationale, avec adoubement de Jean-Louis Debré en personne [1]
Quant au soutien apporté à Charlie Hebdo lors du procès des caricatures par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur et candidat à l’élection présidentielle, a permis à Philippe Val de draguer en tout bien tout honneur dans les hautes sphères du pouvoir UMP. Pour cela, notre éditocrate a inventé un nouveau dispositif rhétorique, tout aussi ingénieux que ceux évoqués plus haut. Qu’on en juge :
« Quant à moi, mes désaccords avec Nicolas Sarkozy sont suffisamment nombreux pour que je puisse reconnaître que, sur ce point précis [son soutien à Charlie], je suis désormais convaincu qu’il n’a pas joué double jeu. »
Ou encore :
« Le citoyen que je suis a bien assez de raisons politiques lourdes pour s’opposer à Sarkozy sans y ajouter cette accusation de double jeu. »
(Non, bien sûr : à l’évidence, le président de la République, connu pour son inébranlable fidélité à sa parole, n’est pas assez basané pour maîtriser l’art du « double discours ».)
Ces « raisons politiques lourdes » ne l’étaient quand même pas assez pour constituer le thème principal du livre « voltairien » de Philippe Val : il faut être un gauchiste angélique, ou un Munichois, pour s’imaginer qu’on a du temps à perdre avec ces bisbilles, quand Ben Laden aiguise son cimeterre à l’ombre d’une grotte afghane ! Quels sont-ils, tout de même, ces fameux « désaccords » ? On en cherche un indice au fil des pages. Ah, voilà : Philippe Val est
« indigné par la façon dont on traite les étrangers dans ce pays ».
Bigre ! Les murs des centres de rétention s’en fissurent déjà.
Ainsi voit-on notre ambitieux esquisser les premiers entrechats minaudants d’un ballet savant, composé d’une suite d’hésitations et d’ouvertures, d’avancées et de reculades :
Nicolas Sarkozy est mon adversaire politique
– mais c’est un démocrate et je le respecte –
mais c’est mon adversaire
– mais je le respecte –
mais c’est mon adversaire
– mais je le respecte...
Sur quel pied se terminera la danse ? Le monde retient son souffle. Invité de l’émission de Pascale Clark « En aparté », sur Canal Plus, juste avant l’élection présidentielle, Val déclare :
« Je voterai pour le candidat de gauche le mieux placé. Je voterai à gauche, parce que c’est ma famille. Je voterai, je pense, toujours à gauche, même si Nicolas Sarkozy me soutient encore dans d’autres procès d’ici les élections, si j’ai d’autres procès : je l’en remercie d’avance, mais je ne voterai pas pour Nicolas Sarkozy. »
« Quel ingrat vous faites », plaisante Pascale Clark. Comme alarmé par cette remarque, Val l’interrompt, alors qu’elle est déjà passée à la question suivante, pour préciser encore :
« Ça ne m’empêche pas d’avoir de l’estime pour son geste ! »
« Je comprends », l’apaise alors l’animatrice [2]
Oh oui, en effet : on comprend.