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Comment distinguer une paille dans l’oeil d’autrui et une poutre dans le sien propre

Le collectif Les mots sont importants vous offre une leçon de rigueur scientifique, en deux citations

par Collectif Les mots sont importants
30 mai 2021

Connue pour ses ouvrages sur l’art, mais aussi pour ses pamphlets contre Pierre Bourdieu et contre la sociologie critique, pour ses multiples visites à la station d’extrême droite Radio Courtoisie, et pour ses prises de position publiques contre le PACS puis contre le mariage pour tou·te·s et l’homoparentalité, la sociologue Nathalie Heinich a récemment joint sa voix à la campagne ministérielle contre les méfaits de « l’islamogauchisme » à l’Université. Elle est même devenue, à coup de tribunes, de pétitions et de prestations radiophoniques, et maintenant avec un pamphlet intitulé Ce que le militantisme fait à la recherche, l’une des toutes premières représentantes de la réaction anti-« wokisme », anti-« intersectionnalisme » et anti-« islamogauchisme » – on pourrait dire aussi : de la réaction tout court. Une occasion, parmi d’autres, de briller dans l’art du « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ».

Nathalie Heinich dans Le Monde, 27/10/2020 :

« On a vu par ailleurs l’explosion en quelques années d’un phénomène qui n’existait jusqu’alors qu’à bas bruit avec ces "bobards" que certains s’amusaient à distiller autour d’eux : aujourd’hui ce sont les "fake news", les "infox", dont la diffusion immédiate et incontrôlée pourrit l’espace de l’information. Leur outrance, leur bêtise, leur naïveté mâtinée de certitudes péremptoires peuvent faire sourire ; mais mesure-t-on à quel point cette épidémie, sur fond de théories du complot et de fantasmes conspirationnistes, a pour conséquence la déconstruction de toute référence commune à la valeur de vérité ? Comment habiter dans un monde commun lorsqu’on ne sait plus ce qu’est une information vérifiée, une vérité scientifiquement établie – voire lorsqu’on ne croit même plus que cela puisse exister ? »

Wikipedia, sur Nathalie Heinich :

« Dans Le triple jeu de l’art contemporain : sociologie des arts plastiques, Nathalie Heinich évoque une anecdote, contée par Yves Klein, selon laquelle un artiste japonais se serait jeté du haut d’un immeuble sur une toile posée sur le sol, une toile léguée par la suite au musée d’art moderne de Tokyo. Gérald Bronner, qui a cité l’anecdote dans La Pensée extrême, ensuite a reconnu que cette histoire avait été totalement inventée. » [1]

Notes

[1Wikipedia nous rappelle par ailleurs ceci, qui ne relève pas à proprement parler de la rigueur dans l’établissement des faits, ni de la rigueur argumentative et de la juste mesure interprétative :

« Lors du débat sur l’ouverture du mariage aux couples homosexuels en France, elle signe aux côtés de 54 autres femmes une tribune contre le projet de loi, en affirmant par la même occasion son opposition à la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes et à la gestation pour autrui. Cette lettre est envoyée aux sénateurs. Elle a également contribué au dossier "Les enfants du mariage homosexuel" de la revue Le Débat, avec un article intitulé "L’extension du domaine de l’égalité", où elle conclut au terme d’une analyse de la notion de "droit" et d’ "égalité" : "Revendiquer la prise en compte d’une particularité individuelle, telle que la pratique sexuelle, dans l’allocation des droits civiques et civils constitue une perversion de l’idéal républicain […]. Assimiler un désir à un droit […] relève d’un mode de fonctionnement psychique qui ne connaît d’autre modalité de transaction avec le réel que le fantasme infantile de toute-puissance opposé à une autorité forcément maléfique." »