Je suis vite repartie, hors du moi, furax de ma pause déjeuner au soleil ainsi ruinée.
Furax aussi de ne pas avoir forcément trouvé les bons mots, ce foutu manque de répartie, m… alors. [1]
Et puis sur le chemin du retour, j’ai repensé à ce qu’il m’a dit après le « tu veux me sucer ? ». Comme s’il fallait m’humilier une deuxième fois. La première en me renvoyant aux services sexuels toujours attendus des femmes, là pour que l’homme en goguette entre midi et deux se soulage derrière le buisson. La seconde en me traitant de vieille peau frustrée… nullipare.
Car après m’avoir garanti que plein de femmes « voulaient le sucer » (même si chacune fait ce qu’elle veut, j’ai des doutes), il m’a demandé sans transition : « tu as des enfants ? t’as pas d’enfants, hein ? » Qu’est-ce que les enfants venaient faire dans mon non-désir de le sucer, je l’ignore. Et une fois de plus, damned, je n’ai rien su dire.
Mais ce qu’il fallait décrypter était clair : une femme seule au moment du déjeuner = pas d’enfants = pas d’homme dans ta vie = ta vie pourrie.
Je termine ce court texte par une invitation à m’envoyer des suggestions de réparties bien senties, que je les garde dans ma besace, entre mon sandwich et ma thermos. Car hors de question que ce mec m’empêche de retourner écouter les oiseaux au milieu de la verdure, cool, derrière mes lunettes de soleil et mon droit, inaliénable, de ne pas être constamment rappelée à l’existence de la bite des mecs.