Un logo pour un ego
Dans le « JT Seine-Saint-Denis » que les agents peuvent visionner sur le site internet e-acteurs, le premier numéro est consacré en partie à M. Bartolone qui nous rappelle cet impératif, comme il l’avait fait lors de son discours d’investiture le 20 mars 2008 : chaque euro dépensé doit être un euro utile. Pourtant, à peine investi, notre président décidait de changer le logo de notre Conseil général, mesure incomprise par le personnel parce que superficielle et sans doute fort coûteuse. On notera là un premier problème de « communication » : nous n’avons jamais connu le prix de cette décision prise en haut lieu sans que les agents ni même les habitants de la Seine-Saint-Denis n’y soient associés [1]
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Cette mesure a également été vécue comme totalement contradictoire par nombre d’entre nous qui avons reçu l’ordre de détruire les feuilles et enveloppes portant l’ancien logo alors même que M. Bartolone déclarait : « J’assume : le Département doit s’imposer comme le « gardien écologique » de son territoire. »
Réduire le budget en catimini
Il a dit aussi : « du passé je ne fais pas table rase » et « je sais ce qu’ont pu représenter la carte Imagin’R à 50%, le chèque ordinateur et l’aide au permis de conduire dans la vie de nos concitoyens. ». Et pourtant il décida la suppression de l’aide à l’achat d’un ordinateur pour les collégiens de 6ème, la fin de la participation du département à l’abonnement à la Carte Imagin’R et tout cela de façon très discrète : rien sur intranet, on trouve juste sur Seine-Saint-denis.fr :
« Le Département rembourse 50 % de la carte de transport à tous les collégiens boursiers. »
Passer du remboursement à 50% de cette carte pour tous les collégiens, lycéens et étudiants à l’application de cette mesure pour les seuls collégiens boursiers, qui habitent la plupart du temps à côté de leur école, permet de ne pas dire que cette subvention est annulée…
Seules les familles qui en ont bénéficié l’année précédente ont reçu en juin dernier un courrier de la direction générale leur expliquant que face aux « contraintes financières nouvelles », il n’y avait pas d’autre choix.
Par ailleurs, les quatre places de cinéma utilisables dans les salles classées « arts et essais » offertes au personnel féminin, dans le cadre de la journée de la femme, ont été purement et simplement supprimées sans annonce préalable ; suppression décidée alors même que le magazine de la Seine St Denis n°12 revenait sur 100 ans de droits des femmes… et qu’une pétition pour la survie de la culture était lancée !
Une lettre ouverte intersyndicale de mai 2010 sur cette affaire à monsieur Bartolone est restée sans réponse.
Plus grave : de nombreux agents non-titulaires ne voient pas leur contrat renouvelé. Il convient de justifier la nécessité du poste de chaque agent titulaire qui part. Le CLICOSS [2] en est un exemple frappant : depuis que la responsable de cet organisme, composé de trois personnes, a quitté son poste en janvier 2010, aucun recrutement n’a été lancé. Puis les deux secrétaires ont été mutées dans d’autres services. Dans le dernier numéro « papier » de Plume de mars 2010, M. Bartolone nous informait dans l’édito :
« le journal s’adapte aux exigences de modernisation et sera désormais diffusé en ligne (…) Bernard Pellegrini a accepté d’assurer la représentation et la coordination des initiatives d’un clicoss un peu différent (…) ».
Dans la réalité, le CLICOSS n’apparaît plus sur le site seine-saint-denis.fr, ses publications ne sont plus téléchargeables, ses locaux ont été rendus à l’ODHLM (Office départemental HLM), les lignes téléphoniques ont été supprimées. Et pourtant, la Direction continue d’affirmer sans vergogne que le CLICOSS existe toujours !
Enfin, l’un des deux postes d’assistante sociale du personnel n’a pas été renouvelé fin 2009 pour finalement être supprimé, comme si une assistante sociale pour près de 8100 agents pouvait suffire !
Les agents qui restent en poste constatent, quant à eux, la suppression de fournitures comme celle des agendas, de l’éphéméride ; outils de base pourtant, que l’agenda électronique ne remplacera pas.
Dans certaines directions, on nous explique maintenant que les budgets ne permettent plus de commander des enveloppes à fenêtres et qu’il faudra coller des étiquettes (problème : le budget ne permettrait plus, non plus, de commander des planches d’étiquettes), ou libeller les enveloppes « à la main » (dans des services où des mailings de cent courriers au moins par jour sont envoyés). Quid de la fameuse « Charte dactylographique (et de toutes les tracasseries administratives : refus de signer des parapheurs, par exemple), que l’on nous oblige à respecter sur les courriers, pour, soi-disant « harmoniser et valoriser » l’image du Département !
Certains penseront qu’« il n’y a pas de petites économies »…
En voilà donc, des petites économies, que l’on proposerait bien : suppression du poste de coach (voir documents ci-dessous !), suppression des tests de personnalité à l’embauche, organisation des journées pour les 120 cadres à la bourse départementale du travail et non au Chalet de la Porte jaune [3] à Vincennes, dont la location pour une journée coûte, en prenant le devis le moins cher, 9400 euros.
Suppression de nombre de postes de cadres tels que chargés d’études embauchés ces dernières années dans différents services.
Privatiser l’organisation du travail
Il y a eu la « réorganisation » (en fait la suppression) de la Direction du personnel, transformée en « PPRS » (Pôle Personnel et Relations Sociales), à marche forcée et décidée dans l’urgence, sans information et concertation, de la part de l’administration, avec l’ensemble du personnel de l’ex-Direction du personnel ; en dépit de toutes les demandes de rencontres du personnel, via l’intersyndicale et les diverses pétitions et assemblées générales.
Plus récemment, sous couvert de continuité de service (mais sans remplacer les congés longue durée ou maternité), on veut obliger tout le personnel (et pas seulement les secrétaires touchant la NBI [4] correspondante) à assurer une permanence téléphonique couvrant tous les jours la plage horaire 8h30/17h30 (8 heures par jour avec coupures méridiennes alternées – quid de l’accord des 35 heures ?) et on demande aux agents du nouveau PPRS de rechercher éventuellement les textes qui pourraient tous nous obliger à cette astreinte horaire sans versement de NBI !
De plus, cela implique qu’il y aura, au sein d’une équipe, d’un bureau, ou d’un service, des agents qui ne pourront jamais se rencontrer ou simplement déjeuner ensemble, être en formation ou en congés en même temps. Parfait pour la bonne ambiance et les relations de convivialité entre collègues, surtout si elles peuvent déboucher sur une franche solidarité !)
Nous dirigeons-nous vers un « management » façon France Télécom ou Pôle emploi ?
Comment M. Bartolone « communiquera »-t-il quand il s’agira d’expliquer dans les médias dans les journaux la vague de dépressions et /ou suicides au Conseil Général 93 ?
Il y a aussi tous ces « vendredis du management » qui coûtent de l’argent à notre collectivité mais qui reflètent également des choix politiques inacceptables : la privatisation de l’organisation du travail au sein de notre collectivité.
En effet, les formations comportementales sur la gestion de soi, « du désir au plaisir de changer » (intitulé d’un de ces fameux vendredi), du stress ont utilisées pour renforcer la capacité des agents à s’adapter aux situations de travail en se centrant sur le champ relationnel et psychique, mais en évacuant le travail et son organisation. Ainsi, les difficultés de travail d’un agent pourront être perçues comme des problèmes psychologiques qui nuisent à l’organisation d’une équipe alors que c’est justement l’organisation du travail qui fait mal (perte du sens, injonctions paradoxales, augmentation des tâches…).
Les bilans d’activité devenus RAP (Rapports Annuels de Performance) nous entraînent vers une logique de résultats, de chiffres, d’analyse quantitative au détriment du qualitatif et d’une réflexion sur nos métiers renommés « compétences ».
La langue de bois que l’on retrouve dans le projet d’administration permet de ne plus traiter du travail et de sa singularité. Ce langage abstrait, élaboré par des experts de la « com » , est incompréhensible, vide de sens et ne se réfère pas au travail réel, empêchant ainsi toute contestation. En effet, comment s’opposer à la « modernisation », à la « qualité » ou à la « satisfaction » des usagers qui deviennent clients ?
Embaucher le personnel sur sa « psychologie » et non sur ses diplômes représente une véritable régression. Les tests de personnalité n’ont aucune valeur scientifique et sont la porte ouverte à toute sorte de dérives comme l’arbitraire pur et simple, ou la prime à la docilité…
Force est de constater un manque d’informations, de transparence, aucune véritable communication du budget et des choix qui sont fait, bien que M. Bartolone déclarait en mars 2008 :
« Les ambassadeurs de l’avenir, ce sont les 7442 agents départementaux. Je veux que chacun d’entre eux soit associé à la mise en œuvre du projet. Je veux qu’ils puissent prendre la parole, apporter leurs idées, participer au débat.
D’autre part, la transparence dans la gestion. Nous lancerons une évaluation des politiques menées afin que chaque euro dépensé soit un euro utile. Parce que ma conception de la politique est de rendre des comptes aux électeurs, chaque année, le 16 mars, date de notre élection, je rendrai compte de l’état d’avancement de notre projet, à vous-mêmes, comme au million et demi d’habitants de la Seine-Saint-Denis. »