
Cette posture à la fois existentielle, poétique et politique, on la retrouve dans la chanson éponyme, mais aussi dans Le métèque, Ma solitude, Gaspard ou encore Il est trop tard où il dit le prix à payer de l’insouciance, du rêve, du goût du plaisir et du refus des vies conventionnelles : la solitude et le temps qui passe.
La liberté de George Moustaki n’est en effet pas incantation niaise, prise de position gratuite. Elle est étroitement liée à une vie marquée par des origines multiples (juives, grecques, égyptiennes), l’expérience de la migration et l’engagement politique (des sans papiers expulsés de l’église Saint Bernard en 1996 au soutien au candidat du NPA en 2012 pour les plus récents).
George Moustaki n’est certes pas un chanteur politique, même s’il a chanté la « révolution permanente » (Sans la nommer) ou le combat contre la dictature et l’empire colonial (Portugal). Il chante avant tout l’amour, en faisant passer le désir avant le couple, « sans projets et sans habitudes » (Le temps de vivre). La femme, « sa douce captive, son âme sœur, sa source vive » (Le métèque), y reste objet d’une « faim jamais assouvie », mais sans la misogynie ou le virilisme qui caractérise tant d’autres chanteurs français (de Brassens à Brel, sans parler de Ferré).
A l’heure sinistre où un gouvernement « socialiste » s’acharne contre les roms, les musulmans, les sans papiers, et plus largement contre les « immigrés », rappelons-nous avec émotion, amour, et gratitude, la douceur et la grandeur d’âme de ses hymnes à l’errance, à la liberté, à l’amitié et à la fête.
Rappelons nous George Moustaki, sa « gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec, de voleur et de vagabond », ses « mains de maraudeur, de musicien et de rôdeur qui ont pillé tant de jardins ».
