Accueil > Études de cas > Divers > Éclaboussure

Éclaboussure

Quand un quotidien de gauche entérine la dédiabolisation de l’extrême droite

par Collectif Les mots sont importants
13 mars 2023

Le combat est loin d’être gagné, pour requalifier les « bavures » en « violences policières », et plus encore en « violence policière » au singulier, systémique et structurelle, mais l’on pensait au moins acquise l’idée que l’extrême-droite est structurellement, fondamentalement, porteuse de haine et de violence. C’était compter sans les trente années de lepénisation qui ont, dixit nos éditocrates autorisés, « dédiabolisé » ladite extrême-droite – de moins en moins qualifiée d’extrême droite, au demeurant... Chaque défaite –et chaque démission – charriant son lot d’euphémismes nouveaux, après la « bavure », voici donc l’« éclaboussure »...

« Paul-Antoine Schmitt, responsable du mouvement de jeunesse de Reconquête au moment des faits, a participé à un véritable lynchage à l’encontre d’un jeune Français d’origine algérienne en septembre » nous apprend un article de Libération paru le 6 mars 2023. Les faits remontent au 4 septembre 2022. Schmitt, militant du mouvement royaliste Action française, activiste tourné vers « l’autodéfense », entrainé au sports de combats – il organise à la dernière université d’été de Reconquête un « fight club pour éviter certaines conf’ de cucks » [terme insultant désignant les « faibles » ou « lâches », ndlr] et « se retrouver entre gars solides » – était alors responsable de Génération Zemmour (GZ), le mouvement de jeunesse de Reconquête, en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Ce jour-là, un « Français d’origine Algérienne » est attablé à une terrasse de café du vieux centre d’Aix-en-Provence avec des amis :

« Une soirée tranquille bientôt troublée par l’irruption d’un groupe d’une quinzaine de militants de l’Action française, mouvement royaliste d’extrême droite, portant haut leurs couleurs sur leurs tee-shirts et leurs casquettes. Ces derniers boivent et commencent à entonner des chants militaires « à base d’Algérie française ». […] La victime finit par leur demander d’arrêter, et c’est alors que le ton monte »

C’est un quasi lynchage qui a eu lieu ensuite :

« selon les témoins, cinq à six personnes frappent le jeune homme à coups de pieds et de poings. Il est traîné au sol, sa tête écrasée sur les pavés. Puis les agresseurs repartent en scandant « On est chez nous ! ». Couverte de bleus et de dermabrasions, la victime est conduite à l’hôpital dont elle ressort avec cinq jours d’ITT. »

Au tribunal, le caractère raciste de l’agression sera retenu. Schmitt écope de douze mois avec sursis et 3 000 euros d’amende.

Pour Libé, cette agression « éclabousse » Génération Zemmour.

L’extrême-droite tabasse, lynche et tue. L’extrême droite prône la guerre civile, la lutte armée, la disparition de personnes. L’extrême-droite met ses menaces à exécution. Qui l’oublie ? On a laissé, durant des mois de campagne présidentielle, des personnes condamnées à répétition pour injures raciale insulter, terroriser et menacer des gens. On s’est demandé si l’extrême-droite ne pouvait pas être une alternative. On nous dit aujourd’hui que l’extrême-droite de Le Pen n’est pas celle de Zemmour – entendre : la première est plus respectable que la seconde. Elle est, nous dit-on, à l’intérieur – ou pas loin – de « l’arc républicain »

L’extrême-droite est une machine terroriste de mort. C’est son essence-même. Elle n’est jamais « éclaboussée » par un scandale ou une agression. Elle est agression, terrorisme et machine à tuer. Qui peut se permettre de l’oublier ?