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Être féministe, ce n’est pas exclure

Soutien à Alma et Lila

par Femmes publiques
1er novembre 2003

Le groupe féministe Femmes Publiques vient de publier ce communiqué pour protester contre l’exclusion d’Alma et Lila Lévy pour port d’un foulard islamique, et plus largement se solidariser avec toutes les élèves voilées menacées dans leur droit à l’éducation. Pour entrer en contact avec Femmes Publiques, écrire à l’adresse suivante :
femmespubliques@ifrance.com

C’est au nom du droit des femmes, disent certain-e-s, qu’il fallait exclure Alma et Lila Lévy du lycée Henri Wallon d’Aubervilliers. L’association féministe Femmes Publiques refuse de cautionner un tel argument, dans ce cas particulier comme pour l’ensemble des "affaires" de voile.

Exclure de l’école des jeunes femmes n’a rien de féministe. Ou alors il s’agit d’un féminisme qui en reste à l’affirmation des principes (" Non au foulard, symbole d’oppression "), sans se soucier de ses effets concrets. Si cette position a l’apparence de la pureté et de la radicalité, elle a surtout pour conséquences effectives d’accepter la mort scolaire de jeunes femmes, leur isolement et leur abandon possible aux mains des religieux et de la domination masculine.

Pour un féminisme en actes !

À ce " féminisme de principe ", nous opposons un féminisme de responsabilité, soucieux de la réalité, et d’abord de l’avenir des élèves concernées, une fois exclues. Nous soutenons donc qu’être féministe impose de maintenir ces élèves à l’école. Il s’agit peut-être d’un compromis, mais c’est la seule manière d’aider réellement ces jeunes femmes à lutter contre la domination masculine, quelle qu’elle soit (religieuse ou non).

Bref : accepter ces élèves à l’école est la première étape d’un féminisme en actes et pas seulement en paroles.

Nous refusons de voir l’exclusion érigée en totem égalitaire

Peu importe de nous sentir mieux en chassant loin de nos regards un des multiples symboles d’oppression . Notre seul credo est d’agir pour que toutes les femmes soient plus fortes et mieux armées contre la domination. Si, comme d’autres, nous pouvons parfois éprouver une gêne à la vue d’un foulard dans une classe, la déscolarisation d’une jeune femme nous trouble plus encore !

En outre, nous refusons toute forme de contrainte et de pression exercée contre des femmes, que ce soit pour les forcer à cacher leur corps ou pour les forcer à le montrer, pour les forcer à se voiler ou pour les forcer à se dévoiler.

Rappelons par ailleurs que la décision du conseil disciplinaire de Henri-Wallon est parfaitement contraire à la loi : belle leçon de civisme pour les élèves de ce lycée ! Un grave détournement de l’idée de laïcité telle qu’elle a été historiquement et juridiquement définie s’est opéré - car la loi sur la laïcité à l’école concerne les locaux, les programmes scolaires et le personnel de l’éducation nationale, et non les élèves. Elle fondait au départ une volonté d’ouverture et non d’exclusion, un pari sur l’émancipation.

Pour toutes ces raisons, Femmes Publiques se solidarise avec Lila et Alma Lévy, et exige leur scolarisation dans un établissement public.