Accueil > Appels, hommages et fictions > Appels, actions, manifestes > Féministes donc contre la pénalisation des clients

Féministes donc contre la pénalisation des clients

par Collectif 8 mars pour toutes
24 novembre 2013

A l’heure où le gouvernement socialiste veut faire voter une loi de pénalisation des clients des prostituéEs, nous affirmons que la question n’est pas de prendre parti contre ou en faveur de l’abolition de la prostitution mais qu’il est nécessaire de prendre parti en tant que féministes.

Parce que vouloir « abolir » la prostitution sans exiger, au préalable et avec le même aplomb, l’abolition de la pauvreté, de l’exploitation et du pillage du Sud par le Nord est au mieux une naïveté, au pire, une imposture.

Or, ce gouvernement n’est pas naïf. En moins de deux ans, nous avons même pu constater sa détermination à renforcer l’exploitation de touTEs et les dominations du Nord sur le Sud.

Parce que nous sommes féministes, nous refusons que des femmes soient stigmatisées, discriminées, poussées à l’isolement et à l’invisibilité parce qu’elles se prostituent.

Parce que nous sommes féministes, nous refusons que les femmes se prostituant soient mises en danger parce que contraintes d’exercer dans la clandestinité.

Parce que nous sommes féministes, nous nous opposons à une loi spécifiquement violente à l’égard des femmes prostituéEs étrangères, et des femmes sans-papiers en particulier.

Parce que nous sommes féministes, nous refusons que les prostituéEs soient mises en difficulté pour imposer leurs conditions, notamment le port du préservatif.

Parce que nous sommes féministes, nous refusons que les prostituéEs soient exposées à la contamination au VIH et autres IST (infections sexuellement transmissibles) parce qu’éloignées des associations communautaires de santé, de lutte contre le sida et d’accès aux droits.

Parce que nous sommes féministes, nous refusons un projet de loi qui fait primer la répression sur de véritables mesures politiques, économiques et sociales pour lutter contre la domination masculine, la pauvreté, le chômage et la précarité des femmes.

Parce que nous sommes féministes, nous refusons de parler à la place des premières concernées.

P.-S.

Cette tribune, signée par de nombreuses militantes féministes, est parue dans Libération le vendredi 22 novembre 2013.

Lire aussi sur le sujet :

 Non à la pénalisation des clients : pour l’unité des féministes !.

 Ou encore cette analyse du "modèle suédois" et de son échec.