La création d’antagonismes pour lézarder l’unité du peuple autour d’intérêts communs tels que le droit au travail, le pouvoir d’achat, le droit au logement, le droit à l’éducation, ou la notion de service public nous affaiblissent chaque jour. Le vote FN en est la première expression. La conquête politique du peuple par la droite s’est toujours opérée par l’extrême droite quand la première reprend à son compte les thèses de la seconde. L’Italie, la Hongrie, la Pologne sont exemplaires en la matière. Est-ce à ce modèle que les citoyens désirent adhérer ?
Ce modèle de gouvernement brutal s’appuie sur la peur du déclassement et la suspicion généralisée. Cette suspicion s’organise selon de nouvelles catégories dans le corps social. On distingue et oppose au sein du prolétariat une classe moyenne méritante, des restes de la classe ouvrière qui se lève tôt, des travailleurs pauvres chanceux, des bénéficiaires de minimas sociaux assistés, des précaires parasites puis, à la base de cette pyramide du mépris, les immigrés délinquants avant d’avoir bougé, des sans papiers (envahisseurs) et leurs enfants (barbares) coupables d’inquiéter l’ordre social.
Qu’en résulte-t-il en ce qui concerne le vote du 6 mai ?
Voter pour Sarkozy, c’est renoncer à ses libertés pour permettre aux groupes privés et aux ministres qui les servent de gérer la France comme une multinationale. Pour atteindre leur but, les uns et les autres nous font avaler que le commerce de l’argent, de l’énergie, du vivant, de l’éducation, de la santé, du logement, de la presse, sont des expressions de liberté et de démocratie. Ils y sont presque parvenus.
Il reste encore des entreprises et des services à privatiser pour aller au bout du délitement social. La privatisation des biens collectifs n’est possible que lorsque le sens de l’intérêt général s’est dissout dans les antagonismes sociaux. Ces fractures traduisent la disparition des solidarités populaires. Le contrat social est mis en péril par les discours sécuritaires ethno-centrés qui promeuvent des solidarités artificielles héritées de l’idéologie coloniale.
J’irai voter au second tour. J’irai voter pour la fraternité, pour celles et ceux qui sont les premières victimes de la violence du pouvoir des actionnaires et de leurs défenseurs. Je mettrai mon bulletin dans l’urne pour celles et ceux qui pâtissent des discours et des politiques sécuritaires dans l’expression de leur liberté, dans leur intégrité physique, morale et souvent dans leur vie même. J’irai voter pour les arbres, pour l’espoir et non pour la guerre.
Je voterai contre Sarkozy.
Je voudrais simplement demander au candidat qui représente la gauche de ne pas être l’otage de la peur : être de gauche pour moi, c’est préférer l’espoir à la peur. Si le FN est si fort c’est le problème de Sarkozy et non celui du peuple de gauche. Passons à autre chose, votons !
Quand Hollande sera Président, nous irons dans la rue car si le temps de voter sera passé, nous disposerons encore et toujours de notre souveraineté. L’élection du Président est un commencement. Ne cédons pas au cynisme de l’abstention, ce serait une violence de plus commise à l’encontre de celles et ceux que le sarkozysme a déjà tant maltraité. Votons pour la solidarité. Ce n’est pas un chèque en blanc, notre appétit de démocratie primera. Pour le rassasier commençons par l’entrée.
Votons pour chasser Sarkozy !