Sa confiance nous rassérène mais nous ne pouvons échapper à une nostalgie presque douloureuse qui nous accompagne tout le long de ce film réalisé par les soeurs Tissot en hommage à la sociologue, théoricienne et militante féministe.
Ce film est parsemé de pépites : pépites d’archives, pépites de réflexions qui, loin de pouvoir résumer la pensée foisonnante de Christine, l’esquissent seulement et nous renvoient incessamment à la lecture et à la relecture de ses oeuvres.
Depuis l’âge de onze ans, la féministe en herbe pose à ses amies des questions qui portent déjà les germes de sa réflexion sur le travail domestique :
« Pourquoi les femmes cirent les chaussures de leur mari ? »
L’évocation de son enfance, de ses parents, de « sa vie amoureuse qui commence par des chagrins d’amour » est d’autant plus émouvante qu’elle nous révèle une Christine aussi fragile que résistante, une Christine dont le délicieux humour est parfois tendre et d’autres fois cinglant.
« Le féminisme a donné un sens à ma vie – dit-elle – mais ne m’a pas rendue heureuse, d’ailleurs – ajoute-t-elle – je ne sais pas ce que c’est être heureuse mais je sais que je me mets souvent en colère et je pense que les femmes ne se mettent pas assez en colère ! »
Entre archives et paroles de Christine, un déferlement d’informations s’accélère même pour les initié-e-s. Nous sommes alors tenté-e-s d’arrêter l’image, de revenir un peu en arrière pour poser d’autres questions ou tout simplement pour prolonger le parfum d’un souvenir.
Enfin, le féminisme n’est certes pas un passeport pour le bonheur, comme l’a évoqué Christine ; mais sans le féminisme, le risque est grand de perdre nos plus précieux repères.