Parfois qualifiée de proto-féministe, You don’t own me est une chanson d’empowerment, une déclaration d’indépendance, un acte d’accusation :
Je ne t’appartiens pas
je ne suis pas un de tes nombreux jouets
Ne me dis pas ce que je dois dire
Ne me dis pas ce que je dois faire.
Dans le clip du Tami Show, Lesley Gore reste affublée d’une coiffure improbable, aussi figée et laquée que la housewife de la décennie précédente. Pourtant, on est aussi loin de cette figure que de celle, née dans la pop des années 1960, de la fille qui raconte ses déboires sur fond de surprise party. Le regard est accusateur, et la parole sans appel, et par sa voix puissante autant que par la mélodie, c’est immédiatement avec elle que l’on est, dans ce désir d’être soi-même, affranchie du regard faussement valorisant de l’homme qui sort sa jolie compagne.
You don’t own me est l’acte de rébellion d’une femme qui refuse qu’on lui dicte ce qu’il faut dire et ce qu’il faut faire en public, et ne sera plus jamais celle qu’on « exhibe ». Si on tourne toujours autour de l’amour entre filles et garçons, des sorties et des fêtes, les mises en scène genrées qui s’y déroulent sont désormais mises en accusation, et ce quelques années avant le Women’s Liberation Movement.
Rapidement d’ailleurs dans la vie personnelle de Lesley Gore, il ne s’agit plus de garçons, mais de filles – même si ce n’est qu’il y a dix ans, en 2004, qu’elle fait son coming out à la télévision.
Parce que, en 2015, la place des femmes se joue toujours dans la distribution des rôles et de la parole publique, on garde à jamais dans la tête, entêtant comme sa mélodie, l’hymne magnifique de Lesley Gore à l’émancipation féminine.