« A combien tu estimes le viol ? » : voilà comment s’ouvre la discussion de l’émission « Les grandes gueules » de RMC, dont les animateurs devisent, ce 21 janvier 2013, avec force rires gras et vannes « pas politiquement correct », de la somme que Dominique Strauss-Kahn va verser à Nafissatou Diallo pour éviter que la plainte au civil ne débouche sur un procès.
« Je me demande, c’est horrible à dire, si c’est pas ce qui lui est arrivé de mieux », déclare Sophie de Menthon, chroniqueuse de l’émission.
Ces termes - et d’autres, comme l’aimable qualificatif de « moche comme un cul » - ont soulevé - et c’est heureux - une forte indignation. La vague de protestation venant d’auditeurs mais aussi de journalistes a forcé la chaîne de radio et les chroniqueurs de l’émission à présenter, du bout des lèvres, leurs excuses.
Un élément, pourtant, n’a guère retenu l’attention. C’est que Sophie de Menthon, Franck Tanguy et leurs camarades reconnaissent en fait avec candeur ce que pourtant la profession journalistique dans sa quasi totalité s’est efforcée de nier depuis le début de l’affaire DSK : il est quasi certain que le directeur du FMI a, en mai 2010, violé la femme de chambre Nafissatou Diallo dans sa chambre du Sofitel à New York.
« Cet horrible événement », dont parle Franck Tanguy (pour ensuite estimer qu’elle s’en rétablira parce que « quand même… ça va quoi ! »), c’est très clairement dans son esprit un viol.
Au-delà de cet affligeant déversement de misogynie, réjouissons nous donc de cet éclair d’honnêteté. Profitons-en pour demander à tous les journalistes d’arrêter de jouer les Tartuffe. Arrêtez de relayer les fables que Dominique Strauss-Kahn, Anne Sinclair et leurs conseillers et amis journalistes et essayistes essaient de nous faire croire depuis des années : les talents de « séducteur » du puissant leader socialiste, son goût pour le « libertinage » pour l’ « amour libre », et plus risible encore : la fable de la séduction express - 7 minutes - d’une Nafissatou Diallo « consentante » par un Dominique Strauss-Kahn qui « dérape ».
C’est désormais clair : personne n’y croit et probablement personne n’y a jamais cru.