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Le choc de la photo

Sur la nécessité de trouver une paire de seins pour illustrer un article sur les féministes.

par Sylvie Tissot
10 juillet 2020

Lundi 7 juillet : annonce de la composition du gouvernement Castex. Sidération chez les féministes : Darmanin, accusé de viol – l’enquête a tout récemment été relancée –, nommé à l’Intérieur ; Dupond-Moretti anti-féministe déclaré à la Justice, tandis que Schiappa, reléguée à la « citoyenneté », est remplacée par la seule (ex-)militante des Verts à avoir défendu Baupin.

Une petite déclaration de guerre ou un grand bras d’honneur au mouvement féministe, dont se fait l’écho Le Monde dans un article du 7 juillet : « Les féministes ulcérées par les nominations de Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti. »

Dans l’article, sont citées : Céline Piques, porte-parole de l’association Osez le féminisme, Caroline De Haas du collectif Nous toutes, Fatima Benomar des Effronté.es ou encore Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie. Un extrait d’un communiqué signé par quelques dizaines de féministes est également reproduit.

Si ces femmes ont le droit à la parole (et bien d’autres auraient pu être interviewées), elles ne passeront pas à l’image : pour cela, une autre condition semble nécessaire. Depuis quelques années en effet, tout se passe comme si les militantes du groupe Femen étaient devenues l’illustration incontournable de tout papier sur le féminisme.

Et cela ne manque pas, une fois encore : alors qu’à aucun moment les Femen ne sont citées dans l’article du Monde, que l’action de trois d’entre elles devant l’Elysée le 7 juillet n’est nulle part évoquée, c’est pourtant cette image désormais (et malheureusement) iconique qui ouvre le papier : une femme jeune et élancée, photogénique et, de fait, encerclée de photographes, média-compatible et par conséquent… seins nus.

Vous avez dit : « Ulcérées » ?