Plusieurs voix s’élèvent depuis peu pour opposer la laïcité et les valeurs républicaines au port du foulard islamique à l’école.
Mais pourquoi ce débat ressurgit -il alors que l’avis du Conseil d’Etat indique que le port du foulard islamique par les élèves dans les établissements scolaires n’est pas en lui-même incompatible avec le principe de laïcité, tant qu’il n’est pas accompagné d’un comportement prosélyte ou propagandiste ? En cela cet avis constitue une jurisprudence équilibrée. De plus, la polémique éclate alors que le nombre de jeunes filles voilées dans les établissements scolaires demeure constant.
Pendant ce temps, le gouvernement supprime 25600 postes (surveillants , aides-éducateurs, personnel ATOSS et enseignants) et la décentralisation libérale renvoie des postes clefs de notre système éducatif tels que les assistants sociaux, conseillers d’orientation psychologues et médecins scolaires à être gérés selon des priorités régionales.
N’est ce pas cela qui met en péril l’école de la République ?
La polémique du foulard n’est qu’un écran de fumée, permettant au gouvernement de faire passer ses nouvelles mesures. On se focalise sur un faux problème. C’est bien une politique démagogue du gouvernement puisant ses sources dans les préjugés et les peurs existant chez les citoyens français vis-à-vis de l’islam et des musulmans.
Cet islam que l’on nous présente aujourd’hui, sous l’éternel lendemain du 11 septembre, comme violent, meurtrier, facteur du terrorisme.
Rejoignant la logique sécuritaire, cette politique stigmatise les filles voilées et les présente comme dangereuses pour les valeurs de la République. La solution serait-elle la répression ?
Si des problèmes de violences et de discriminations existent certes à l’école, ils ne seront pas résolus en interdisant le foulard et en faisant comme si l’effacement de tout signe extérieur exprimant une conviction conduirait à la tolérance. Bien au contraire, si ce n’est pas à l’école que l’on acquiert le respect de son camarade athée, chrétien, juif ou musulman, où pourra-t-on l’acquérir ?
Oui, la laïcité est fondamentale et doit être appliquée de façon juste et égalitaire, dans le respect de chacun. La loi de 1905 dispose que « la République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes [...] (art.1) La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte . En conséquence, [...] seront supprimées des budgets de l’Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons ». (art.2) Elle assure la neutralité de l’Etat et de ses institutions vis-à-vis d’un culte quel qu’il soit du fait qu’elle ne le finance pas et garantit une expression et une pratique égalitaires de toutes les religions. Une révision de cette loi n’est en aucun cas nécessaire, la pratique de l’islam n’étant donc pas incompatible avec le principe de laïcité.
Interdire le port du foulard à l’école n’est pas une solution. Cela pousserait les musulmanes soit à être privées d’école, soit à se replier sur elles-mêmes et entraînerait le pire des communautarismes : musulmans entre musulmans, dans des écoles musulmanes. C’est pourtant ce que le gouvernement propose pour prévenir des risques de « crispations communautaristes » !
Il faut défendre l’école publique gratuite, laïque et obligatoire en se basant sur une laïcité ouverte et tolérante au nom du droit à l’instruction pour toutes et tous, contre une loi d’exception qui serait discriminatoire.
Pour toutes ces raisons, quelques soient vos positions concernant le port du foulard en lui-même, nous vous demandons de vous opposer catégoriquement et de faire tout votre possible pour empêcher tout projet de loi visant à interdire le foulard à l’école.