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Le problème avec les porcs

Retour sur une polémique entre antiracistes et antispécistes

par Karim Guiderdoni
24 octobre 2020

Dans un contexte de violences policières récurrentes, ce texte de Karim Guiderdoni revient sur une question de fond : est-il vraiment légitime d’animaliser des ennemis politiques, quand bien même ils participent à une institution oppressive ? Après avoir rappelé le contexte et les facteurs qui ont transformé cette question en une virulente controverse sur Twitter, il s’agira de voir comment on pourrait éventuellement en « sortir par le haut ».

De nombreuses personnes sont légitimement indigné.e.s [1] face à l’atrocité des violences policières qui sont, en France en particulier, un phénomène structurel, maintenu par une culture de l’impunité et une histoire raciste, à tel point qu’il peut sembler tentant pour certain.e.s de proférer des « mort aux flics » et de les entendre un sens littéral, cela au nom de la vengeance ou de l’auto-défense. Dans le contexte actuel où l’hyperviolence politique ressurgit, où des passages à l’acte sanglants se produisent régulièrement, et où notamment des policiers ont déjà été la cible d’attaques et parfois d’homicides, il s’agit d’une posture plus que contestable : en plus d’un argument purement et cyniquement stratégique (est-ce vraiment utile à la cause ?), un problème moral se pose à l’évidence : celui, précisément, de la mise à mort d’autrui. Le texte qui suit ne rentre donc pas dans ce débat. Considérant comme acquise l’illégitimité morale de l’homicide, et plus largement de la violence sur les humains en dehors des cas de stricte légitime défense, il se penche sur une polémique plus spécifique, d’apparence purement sémantique, mais lourde d’enjeux aussi, qui a agité les réseaux sociaux, non pas entre des pro et des anti-police mais entre militants antiracistes et antispécistes [2].

Que s’est-il passé ? Après un énième épisode tragique de violence policière en avril 2020, un slogan volontairement choquant est rapidement devenu viral sur Twitter pour dénoncer cette dernière : #MortAuxPorcs, en référence à la chanson Fuck le 17 du groupe de rap 13 Block. Les policiers violents sont comparés aux cochons car ils auraient en commun d’être répugnants (les premiers moralement et les seconds physiquement) donc méprisables.

Plusieurs militant·e·s antispécistes y ont vu un problème lorsqu’ils ont tweeté en pleine polémique que les cochons, pourtant innocents, étaient injustement les victimes collatérales de ce slogan qui les associe à des gens violents. Certain·e·s de ces militant·e·s ont depuis supprimé leurs déclarations, après avoir suscité des vagues de réactions indignées. De nombreuses personnes parmi les antiracistes en ont profité pour critiquer tou·te·s les antispécistes, dont les préoccupations seraient au mieux ridicules, au pire carrément odieuses.

À l’évidence, la violence policière doit être non seulement dénoncée mais combattue avec la plus grande détermination : elle ne saurait être justifiée dans un État prétendument « de droit ». Toutefois, parler du sort des cochons dans notre société spéciste (qui opprime les animaux au nom d’une prétendue supériorité des humain·e·s) n’équivaut pas en soi à minimiser la souffrance ressentie par ces dernier·ère·s. Les mouvements de justice sociale doivent comprendre que cela n’a rien de parodique. Nous savons empiriquement que les cochons et de nombreux autres animaux sont des êtres sentients : leur système nerveux et cérébral est tel qu’ils peuvent, comme nous, faire l’expérience subjective de la douleur et du plaisir, et donc qu’ils cherchent à éviter la première autant que possible. Autrement dit, ils ont un intérêt direct à ne pas être torturés ni tués : même s’ils ne peuvent raisonner comme la plupart des humain·e·s, ils sont dignes de considération morale. Or, environ 24 millions de cochons (quasiment un par seconde !) sont massacrés chaque année rien qu’en France [3], après avoir vécu une vie éphémère mais non moins atroce (castration à vif, caillebotis…) en élevage intensif (pour 95 % d’entre eux [4]).

Reconnaître que cette situation existe est une chose, mais à ce stade, le rôle qu’y joue le langage n’est pas encore forcément évident pour tout le monde. C’est pourquoi je montrerai ici, dans un premier temps, que les antispécistes ont théoriquement raison quand iels critiquent un slogan qui, à terme, peut contribuer à porter atteinte aux animaux, à condition de ne pas verser dans un moralisme naïf. Mais je rappellerai ensuite pourquoi, en pratique, iels feraient quand même mieux de s’en abstenir, en tout cas dans un contexte qui rend la discussion impossible entre antispécistes et antiracistes. Une fois cela clarifié, j’expliquerai pourquoi les antispécistes ont des raisons d’être sincèrement avec les antiracistes dans la dénonciation des violences policières.

Cet article a été écrit à froid, plusieurs mois après la polémique sur Twitter. Je suis conscient qu’il risque de la relancer alors qu’elle semblait éteinte, mais elle soulève quand même des questions importantes, dont les quelques éléments de réponse pourront (je l’espère) resservir. En effet, ce n’est pas la première fois que les animaux ont été invoqués dans une lutte sociale de manière similaire (cf. récemment le slogan féministe #BalanceTonPorc) et sûrement pas non plus la dernière.

Il va donc falloir expliquer en quoi, d’un point de vue antispéciste, #MortAuxPorcs est moralement condamnable en ce qu’il contribue à porter un tort injustifié aux cochons. Pour cela, je ferai notamment dialoguer deux grands courants de la philosophie morale : le déontologisme, d’après lequel une action est bonne lorsqu’elle suit certains devoirs que tout le monde peut accepter, et l’utilitarisme, qui dit qu’une action est bonne lorsqu’elle a pour conséquence d’augmenter le bonheur du plus grand nombre.

Un slogan utile à la cause antiraciste ?

L’appel à la philosophie morale est ici d’autant plus pertinent que les antiracistes ont voulu se justifier a posteriori par une sorte de calcul utilitariste : la souffrance provoquée par #MortAuxPorcs sur les cochons (comparée à leur meurtre, par exemple) serait à première vue quasi nulle car ces derniers ne peuvent en être directement affectés faute de comprendre notre langage, et en comparaison l’utilité d’un tel slogan pour la cause anti-violences policières serait notable, ce qui serait une bonne raison de l’utiliser. Dire #MortAuxPorcs permettrait de forger une conscience de groupe, prérequis indispensable à l’action collective. En effet, la paronomase [5] entêtante fait que c’est un slogan accrocheur, qui identifie clairement un ennemi commun contre qui s’unir et dont l’autorité est désacralisée. En France, traiter de porcs les représentants haïs du pouvoir exécutif est d’ailleurs une tradition de longue date : Louis XVI et Napoléon III en faisaient déjà les frais [6]. D’autre part, dans le cadre spécifique de la lutte antiraciste, #MortAuxPorcs, au-delà du clip de rap Fuck le 17, exalte la mémoire iconique des Black Panthers qui avaient déjà popularisé la comparaison policiers = porcs, comme en scandant « The Revolution has come, it’s time to pick up the gun. Off the pigs ! » [7] (« La Révolution est venue, c’est le moment de sortir les armes. À bas les porcs ! »).

De la violence « illocutoire » dans les insultes oppressives

Ultimement, les antiracistes peuvent dire qu’iels ne pensent pas à mal, et il est vrai que #MortAuxPorcs est une insulte désémantisée : comme « fils de pute », elle ne désigne pas ce qu’elle est censée désigner. On peut insulter quelqu’un sans que sa mère ne soit réellement une travailleuse du sexe (TDS), et ce ne sont pas littéralement les porcins qu’on appelle à massacrer. Jusqu’ici, les antispécistes semblent s’affoler pour rien. Mais l’insulte a une certaine autonomie expressive, c’est-à-dire qu’elle reste offensante indépendamment de l’attitude de la personne qui la profère comme de celle qui la reçoit. Elle porte souvent en elle une violence « illocutoire », pour parler comme Austin [8]. En d’autres termes, au-delà de l’effet produit directement, l’insulte tire sa force du contexte historique d’oppression dans lequel elle s’inscrit et qu’elle renforce en retour du fait même qu’elle est prononcée, en associant certaines idées entre elles.

Pour mieux comprendre comment, rappelons d’abord que l’oppression est un système qui soumet injustement un groupe minorisé à la coercition et l’exploitation par un groupe dominant qui en tire des privilèges sociaux [9] : le spécisme correspond à cette définition. Ensuite, il faut admettre que le langage, loin d’être neutre, crée des représentations qui ont un impact concret sur les comportements : en cela, il est un acte comme les autres (si le langage était neutre, il n’y aurait jamais de propagande). Il existe bien sûr quelques expressions positives concernant les animaux (« ma puce », « fort comme un lion », etc.). Mais le plus souvent, le langage a ceci d’insidieux qu’il fabrique le consentement à l’ordre établi en invisibilisant la réalité de l’oppression et en infériorisant les individus qui en souffrent, ce qui empêche les dominant·e·s (et les dominé·e·s, lorsqu’iels sont en capacité de comprendre) de penser une alternative émancipatrice, comme l’ont déjà beaucoup souligné les analyses antispéciste [10], féministe [11] et antiraciste [12].

Les insultes collatérales comme « fils de pute » ou #MortAuxPorcs rabaissent des personnes innocentes : pour qu’elles dégradent la personne qui est censée la recevoir, il faut évidemment que cette dernière soit associée à quelque chose (ou quelqu’un) de dégradant, qui ne mérite aucune considération morale. On pourrait même penser qu’il s’agit d’une circonstance aggravante que d’insulter un groupe dominé en sachant qu’il sera incapable de se défendre. Cela a des conséquences observables : c’est en partie parce que les TDS sont couramment associé·e·s à l’infamie qu’iels ne sont pas protégé·e·s malgré leur métier précaire et dangereux, voire sont tenu·e·s responsables du mal qui leur arrive. De même, le fait que les cochons soient vus comme des choses aussi naturellement dégoûtantes n’aide sûrement pas à ce qu’ils soient mieux traités. Pire encore, c’est en partie parce qu’on les traite aussi mal que les cochons nous semblent répugnants. Certes, l’idée de leur saleté vient principalement du fait qu’ils ne peuvent pas transpirer et doivent donc se rouler dans la boue pour se rafraîchir, mais elle vient aussi du fait qu’on choisit de les entasser dans des cages exigües, au milieu de leurs propres excréments où ils sont supposés se complaire. L’insulte oppressive a donc ici une part autoréalisatrice, c’est-à-dire qu’elle aide à faire advenir ce qu’elle est supposée décrire a priori.

Voilà pourquoi, même avec une intention apparemment louable de subversion, il n’est jamais souhaitable de constituer l’identité d’un groupe minorisé au détriment d’un autre par le biais d’insultes oppressives, ce que reconnaissent déjà parfois les progressistes. Même sans aucune travailleuse du sexe aux alentours pour l’entendre, il leur semble condamnable de traiter un dirigeant de « fils de pute » car c’est une insulte qui reste sexiste. Par conséquent, on peut aussi rejeter #MortAuxPorcs pour son message spéciste.

De l’obligation morale de lutter contre le langage spéciste

Les cochons ne sauraient être réduits à leur saleté : ce sont avant tout des animaux sociaux relativement intelligents, capables d’affection, et tout éleveur sait qu’ils ont une personnalité propre. Mais à cause de ce à quoi renvoie le mot « porc », ce n’est pas à cela qu’on pense spontanément. On peut dire que le sens des mots, qui associent certaines idées entre elles, provient d’un consensus préalable entre les interlocuteur·rice·s [13]. Dans le cadre des insultes, le consensus est social puisqu’elles se fondent sur une manière particulière de percevoir un groupe ciblé. Or, la société étant hiérarchisée, ce consensus est celui du groupe dominant, et se fait au détriment des groupes minorisés d’autant plus facilement que ceux-ci sont exclus des discussions, soit par manque de représentation soit par incapacité physique à pouvoir s’exprimer verbalement (comme pour les cochons ou les tout jeunes enfants). L’injustice linguistique sert l’injustice politique. C’est d’ailleurs pour ne pas être les complices tacites de ce « consensus » biaisé que des antispécistes se sentent dans l’obligation de le dénoncer. Le langage spéciste n’a rien d’une fatalité. Il ne s’impose pas totalement à nous car nous le co-construisons en partie, en décidant de répéter (ou non) les mots prononcés par nos pairs. C’est ainsi que des mots aussi connotés négativement perdurent dans les esprits, avec les conséquences qu’on sait maintenant.

L’utilitariste dira que le langage spéciste s’inscrit dans une tendance générale à légitimer (donc à perpétuer indirectement) la souffrance d’un grand nombre d’individus, et qu’il faut chercher à en réduire l’impact. En dernière analyse, chacun·e est appelé·e à en réprouver/cesser l’usage : même si notre comportement individuel a un impact infinitésimal, il contribue « de manière causale et non superflue » à un changement d’ensemble, en montrant l’exemple à suivre [14]. Si cette réponse ne convient toujours pas, on peut aussi se tourner vers l’approche déontologiste, et en particulier la pensée de Kant, qui pourtant n’était pas lui-même un grand allié de la cause antispéciste ni de la cause antiraciste : en effet, pour lui comme pour de nombreux philosophes au XVIIIe siècle, seuls les hommes blancs étaient doués de raison et pouvaient donc être inclus dans la sphère de la moralité... Néanmoins, son impératif catégorique peut être repris : « agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle » [15].

Ce dialogue entre utilitarisme et déontologisme montre que leurs différences théoriques ne les empêchent pas d’apporter ensemble une critique du langage ordinaire. Le principe de non-nuisance sur lequel ils peuvent tous les deux s’accorder ne relève ni d’un « pinaillage » ni de la « pureté militante » [16].

La langue, un champ de bataille parmi d’autres

Cela dit, l’appel à la morale risque de dériver vers une culpabilisation naïve de celles et ceux qui ont un langage spéciste. Or, le langage ne saurait être la priorité morale absolue car il n’a pas de pouvoir magique. En 2005, l’Anti-Defamation League (l’équivalent américain de la LICRA) avait proposé sur son site « la pyramide de la haine » ci-dessous pour tenter d’expliquer l’antisémitisme.

D’après l’association, la haine, qui passe par des politiques discriminatoires et culmine avec la violence génocidaire, semble être fondée en dernier ressort sur les stéréotypes, les blagues oppressives, bref en un mot sur le langage. C’est un modèle qui a connu un certain succès : il a pu être repris pour rendre compte de la suprématie blanche ou de la culture du viol, par exemple. Certain·e·s antispécistes pourraient donc être tenté·e·s de l’utiliser de même, pour mieux illustrer leur propos.

Mais c’est un modèle plus que contestable, en particulier d’un point de vue matérialiste pour lequel les idées ne sont pas données d’emblée mais sont issues de certains types de rapports sociaux [17]. Transposée à la question animale, la pyramide donnerait l’impression qu’on exploite et tue les cochons seulement parce qu’on les méprise. Or, comme l’écrit Colette Guillaumin, théoricienne du féminisme et de l’antiracisme : « On ne proclame l’infériorité que d’un groupe déjà réduit en esclavage ou en dépendance, on ne proclame l’impureté que d’un groupe dont, déjà, on a exclu la présence, on ne proclame la faiblesse que d’un groupe que déjà on a réduit (par le confinement, l’interdiction de circuler, l’interdiction de posséder) à l’impuissance physique » [18]. C’est important de le préciser car sinon, on pourrait induire de cette pyramide le sophisme de la pente glissante. Tout stéréotype n’a pas en soi une violence illocutoire puisque celle-ci, par définition, n’est activée que lorsque le contexte socio-historique la rend concevable. S’il n’y a pas ce rapport préalable d’exploitation, de marginalisation ou de domination, le langage restera au stade du stéréotype, sans jamais aller jusqu’à légitimer un génocide. Il faudrait donc réagencer les étages de cette pyramide, pour insister avec plus de complexité sur la nécessité d’un changement (infra)structurel. Tant qu’il y aura l’élevage, la pêche et les abattoirs (qui sont vraiment à la base du reste), il y aura des discours infériorisants pour les légitimer au niveau institutionnel (dans les médias, à l’école, au parlement, etc.) ; et tant qu’il y aura ces discours-là, ils seront perpétués à un niveau plus individuel (par le biais de la socialisation).

Il s’ensuit que le changement ne viendra pas d’abord de la manière dont les individus s’expriment et se comportent. Il y a plus urgent pour les animaux que la manière dont on parle d’eux, mais on peut aussi reconnaître qu’il faut essayer de préparer les mentalités à l’avènement d’une société post-spéciste, où les animaux domestiques seraient reconnus comme citoyens [19]. Cela n’implique pas de donner le droit de vote aux cochons, mais au moins qu’ils ne fassent pas systématiquement l’objet d’insultes oppressives tendant à justifier les atteintes à leurs droits fondamentaux. On remarque d’ailleurs qu’il n’y a pas besoin de pouvoir réclamer ces derniers pour en bénéficier, comme le montre par exemple le cas des bébés. Cela prouve au passage que le critère de la rationalité n’est pas le plus pertinent pour être reconnu·e comme un sujet de droit : c’est la vulnérabilité qui importe.

Une dernière raison pour laquelle il faut éviter la culpabilisation est que le langage spéciste, depuis l’enfance, a été profondément ancré dans nos mentalités : il est donc difficile de s’en débarrasser totalement. L’important est de faire attention autant que possible, et de réfléchir de manière critique à comment faire le bien, dont celui d’autrui.

On peut maintenant se demander si le problème posé par #MortAuxPorcs a été abordé de manière à favoriser la prise de conscience du plus grand nombre. Vu le flot de moqueries qu’ont reçu les antispécistes durant la polémique, c’est manifestement douteux. Alors, à qui la faute ?

Un contexte explosif qu’il fallait prendre en compte

Sur Twitter, un argument spécifique est revenu plusieurs fois : il est indécent qu’on débatte de #MortAuxPorcs quand le sang de personnes racisées est encore chaud. N’était-ce alors qu’un simple quiproquo dû à un timing malencontreux ? Fallait-il parler uniquement de violence policière dans un premier temps puis de spécisme une fois la tension quelque peu dissipée ? Certes, il n’y a jamais vraiment de « bon moment » pour parler de cette question aussi sensible, notamment parce que la violence policière est hélas si fréquente qu’il y a toujours une actualité brûlante à dénoncer (à raison). En outre, pourrait-on dire, il reste urgent que les antispécistes fassent entendre leurs revendications.

Mais il ne suffit pas d’avoir de bons arguments pour rendre une discussion fructueuse : encore faut-il que le contexte s’y prête ! En l’occurrence, le terrain était miné. La polémique sur #MortAuxPorcs est survenue à un moment particulièrement explosif, c’est-à-dire en plein confinement, quand les violences policières, déjà banalisées, se sont démultipliées : les antiracistes recherchaient alors un slogan avant tout cathartique, dont le sens profond leur apparaissait finalement comme secondaire. Même s’il n’en est rien [20], les antispécistes doivent accepter que l’indignation viscérale et on ne peut plus justifiée qui a explosé à ce moment-là rendait beaucoup de gens encore moins disposés que d’habitude à parler du spécisme. Même si le tort causé aux animaux par #MortAuxPorcs existe, comme on l’a vu, il semble distant, contrairement au désarroi et à la colère que ressentent immédiatement celles et ceux dont les proches se sont fait tabasser. Tou·te·s les antispécistes doivent au moins exprimer sans réserve leur soutien aux victimes de la police, par empathie de base. Dans un contexte similaire, Aymeric Caron avait critiqué #BalanceTonPorc sans même dire qu’il soutenait bien les féministes, ce qui a provoqué là aussi un bad buzz [21].

Ensuite, il faut garder à l’esprit que les personnes racisées subissent hélas très souvent ce qu’on appelle le tone policing, ce réflexe chez les dominant·e·s de reprocher aux dominé·e·s leur ton « trop » énervé. Cette focalisation sur la forme a pour but (sinon pour effet) d’éluder la légitime question de fond, et décourage la résistance à l’oppression en la faisant passer pour une rage irrationnelle, incontrôlée, destructrice. Malcolm X a par exemple été décrit dans la presse blanche comme un fou furieux parce qu’il pensait que la non-violence absolue était une impasse dans une société raciste [22]. C’est à partir de cette expérience de la frustration (voire de l’agression) quasi systématique que beaucoup de personnes racisées et d’antiracistes ont pu voir une énième forme de tone policing (d’où leur exaspération) dans les arguments d’antispécistes, perçu·e·s comme blanc·he·s (et comme hostiles) d’autant plus spontanément que le pseudonymat empêche de savoir précisément qui s’adresse à qui sur Twitter (malgré tout une arène incontournable du débat public). En outre, la limitation à 280 caractères par tweet rend toute phrase potentiellement plus péremptoire (donc agressive) qu’elle ne l’est dans son intention.

Bref, on se rend compte que dans un tel contexte d’énonciation, les arguments des antispécistes, même avec toutes les pincettes nécessaires et les meilleures intentions du monde, avaient en définitive peu de poids. Un·e antispéciste reconnu·e comme racisé·e aurait pu en théorie dénoncer le langage spéciste avec l’espoir d’être davantage écouté·e par ses pairs, mais « être concerné·e » n’immunise pas non plus contre la critique, encore moins si cela se fait dans un tel contexte. Par conséquent, s’iels veulent convaincre, tou·te·s les antispécistes devraient simplement éviter de reprendre les racisé·e·s sur leur langage, du moins dans ce cadre spatio-temporel précis, sans que cela ne revienne à abdiquer le combat global pour les animaux. Au contraire, ce qui est un obstacle, c’est que des antispécistes suscitent autant de rejet à cause de leur attitude. L’argumentation esquissée plus haut avec la philosophie morale est finalement contredite par la réalité : dénoncer #MortAuxPorcs comme cela a été fait génère concrètement plus de souffrance que cela n’en allège, si l’on se place d’un point de vue utilitariste. Et d’un point de vue déontologique, on ne peut ériger en « loi universelle » le fait d’infliger une violence symbolique aux personnes racisées.

La matrice humaniste et sa nécessaire déconstruction

Ce que révèle par ailleurs cette polémique, c’est qu’une partie de la gauche, malgré sa préoccupation sincère pour la justice sociale, reste souvent insensible aux revendications antispécistes, même si elles sont formulées avec précaution. La raison en est sa matrice humaniste, qui postule, de manière arbitraire, que tous les humains sont intrinsèquement supérieurs aux (autres) animaux et qu’ils sont de ce fait seuls légitimes, eux, à bénéficier de considération et des droits fondamentaux [23]. Toute la critique antispéciste consiste à étendre cette considération et ces droits aux non-humains sans en contester les acquis pour les humain·e·s. Si peu de gens prennent au sérieux cette critique, c’est parce qu’elle va à l’encontre de l’idéologie dominante, spéciste/humaniste, qui reflète et vise à reproduire le système politico-économique actuel.

C’est parce que cette idéologie est dominante qu’on la retrouve sur tout le spectre politique et donc chez les antiracistes, qui ont souvent tendance à opposer les humain·e·s aux autres animaux. Cela n’a rien d’étonnant : depuis toujours, un des moyens les plus usuels pour brutaliser et légitimer l’oppression raciste a été d’animaliser, dans les discours et les pratiques, les personnes infériorisées. Renvoyer l’insulte à l’envoyeur est donc une stratégie pour réaffirmer sa dignité dans un monde hostile. Le but est précisément de déshumaniser les policiers en leur répondant que l’animalité est de leur côté, l’humanité authentique se trouvant de celui de leurs victimes.

Si la situation peut sembler insoluble, il y a quand même de quoi être optimiste. L’antispécisme peut en effet rencontrer la pensée antiraciste, la nourrir et pourquoi pas la renouveler, tout comme l’antiracisme peut rencontrer, nourrir et renouveler l’antispécisme. C’est en tout cas l’ambition du black veganism [24] théorisé par Syl Ko, philosophe afro-américaine d’après qui spécisme et racisme sont les deux faces d’une même pièce, au sens où les critères étroits de « l’humain véritable » (seul digne de considération morale car prétendument seul être de liberté) ont été pensés par les hommes blancs pour qu’en soient toujours exclu·e·s les « sous-humain·e·s » (statut auquel ont été assignés les peuples colonisés mais aussi les femmes, les pauvres, etc.), à peine distincts des non-humains. Puisque les sous/non-humains seraient les esclaves de leurs bas instincts naturels (ce pourquoi on les réduit à leur corps), les mépriser semble légitime et les opprimer relève « de l’ordre naturel des choses » : on parle d’une idée de nature [25], qui est l’avatar le plus classique de l’humanisme.

Ce dialogue entre antiracisme et antispécisme peut finir, je l’espère, par aboutir sur l’abandon de cette idée de nature, réactivée par #MortAuxPorcs. D’abord, parce qu’elle pose problème aux antispécistes, pour toutes les raisons exposées plus haut. S’il ne s’agit bien sûr pas d’exiger de toutes les personnes racisées qu’elles se mobilisent activement pour les animaux (le militantisme dépend de la situation et des ressources de chacun·e, et on comprend qu’iels aient d’autres priorités), les antispécistes peuvent au moins espérer des antiracistes qu’iels ne soient pas un obstacle à leur lutte sur le terrain des idées.

Ensuite, parce que « les outils du maître ne démantèleront jamais la maison du maître » comme le disait la poétesse afro-américaine Audre Lorde, et que #MortAuxPorcs n’est qu’une manière de répondre aux dominants dans leurs termes propres, les antiracistes pourraient décider d’avancer une grille d’interprétation du monde radicalement nouvelle, d’autant plus que l’idée de nature est en fait issue d’un héritage colonial : dans de nombreuses traditions non européennes, l’humain ne surplombe pas la nature mais en fait partie intégrante, et n’est donc pas intrinsèquement plus digne que les autres animaux.

Éléments en vue d’une convergence des luttes antiraciste et antispéciste

Pour beaucoup de gens dans cette polémique, rejeter #MortAuxPorcs équivalait à rejeter la cause elle-même en empêchant les personnes concernées de s’exprimer comme elles en ont besoin. Au fond, les antispécistes (majoritairement blanc·he·s) n’auraient pas grand-chose à faire du sort des racisé·e·s, comme l’illustre l’image ci-dessous.

Cela s’expliquerait par le fait que la lutte antispéciste nécessite, pour s’y investir à plein temps, d’être dans une situation de relatif confort matériel, puisqu’on choisit de se battre contre une oppression qu’on ne subit pas directement. L’antispécisme serait donc un luxe de personnes blanches – c’est sûrement vrai, même s’il nous manque des études statistiques pour le mesurer. Or, leur privilège blanc [26] fait que ces dernières n’ont jamais vécu jusque dans leur chair l’expérience quotidienne de la racisation. Cela biaise forcément leur point de vue sur le monde social, et un certain nombre adopte donc un comportement ouvertement hostile à l’antiracisme (puisque ce dernier menace la suprématie blanche).

C’est évidemment un problème grave, qu’on retrouve hélas dans tous les mouvements progressistes (des marxistes disent par exemple que l’antiracisme « divise le prolétariat »). Néanmoins, se servir de ces éléments nuisibles, comme c’est souvent fait dans ce genre de polémique, pour invalider a priori un mouvement tout entier malgré sa diversité, est fallacieux. D’une part, il y a parmi les antispécistes des personnes racisées (comme Syl Ko mentionnée plus haut, Dalila Awada [27] et bien d’autres) qui, elles aussi, peuvent subir dans leur vie quotidienne la terreur policière de plein fouet. D’autre part, les antispécistes ont de bonnes raisons de se solidariser contre le racisme et contre les violences policières. Le dialogue souhaité plus haut ne doit pas être qu’une simple discussion philosophique mais une stratégie pour révolutionner la société : pour qu’il soit possible, il faut donc dès maintenant commencer par des convergences autour de revendications concrètes.

En premier lieu, cette solidarisation peut se faire pour une raison morale : l’éthique antispéciste cherche fondamentalement à diminuer autant que possible la souffrance non nécessaire infligée à tous les êtres sentients, pas seulement celle des animaux non humains. Ce qui l’amène à condamner l’élevage (mais aussi la pêche, les zoos, les cirques, les expérimentations en laboratoire, etc.) doit logiquement l’amener à condamner avec la même énergie l’action de la police lorsqu’elle terrorise, mutile, viole et tue, et à exiger des sanctions. C’est pourquoi les organisations antispécistes devraient marquer officiellement leur soutien à l’actuel mouvement mondial #BlackLivesMatter (relancé par le meurtre de George Floyd), en appelant à manifester par exemple.

On pourrait même aller plus loin, en disant que c’est sans doute l’imaginaire de la chasse qui hante l’esprit de nombreux policiers lorsqu’ils contrôlent les quartiers populaires dans une logique coloniale [28]. Leur racisme leur fait par exemple fantasmer qu’ils traquent des « animaux » qui seraient prétendument reconnaissables par certaines caractéristiques essentialistes : des policiers ont déclaré durant le confinement qu’« un bicot comme ça, ça ne nage pas » [29] (« bicot » est devenu une insulte envers une personne perçue comme « arabe », mais désigne originellement un chevreau). Cela n’a rien d’anecdotique : pendant la guerre d’Algérie, la presse française, reprenant l’euphémisme officiel, disait froidement que les indigènes massacré·e·s par les forces de l’ordre colonial étaient « abattu·e·s » (comme on le dit pour du gibier). Policiers comme chasseurs s’arrogent ensuite le droit de décider de la vie ou de la mort d’individus vulnérables : les témoignages de personnes racisées (entre autres) se faisant « courser comme des lapins » sont courants. Pire encore, ils se justifient par une novlangue, en disant « assainir » un espace menacé : la « reconquête républicaine » passerait par la répression de la « racaille », comme la « protection de la biodiversité » passerait par le meurtre d’animaux « parasites » ou « nuisibles ». Bref, les chasseurs croient à leur façon maintenir « l’ordre naturel » [30], comme les policiers croient maintenir « l’ordre social », mais ne font que le rendre plus violent. Enfin, d’un point de vue sociologique, les policiers ont un profil proche des chasseurs : hommes majoritairement blancs, ils votent en moyenne plus que le reste des Français·e·s pour l’extrême droite et appartiennent à un groupe armé très corporatiste, largement soutenu par l’État.

La police et la chasse ne sauraient bien sûr être mises en équivalence, mais malgré les particularités indéniables, il est frappant de constater que ces deux institutions adoptent des mécanismes comparables vis-à-vis de groupes dominés (animalisation, violences, etc.). Un tel parallèle pourrait choquer les humanistes, pour qui l’ignominie des exactions policières (et donc en creux la normalité de la chasse) viendrait du fait qu’elles portent avant tout atteinte à la « dignité humaine ». Mais fondamentalement, c’est parce qu’elles génèrent de la souffrance (stress, humiliations, blessures, morts, deuils, etc.) qu’elles sont condamnables. Or, à ce niveau-là, les non-humains subissent des torts similaires lorsqu’ils se font chasser. Voilà pourquoi il faudrait interdire la chasse en même temps que désarmer la police.

En second lieu, la police a pour fonction de « maintenir l’ordre » en place, c’est-à-dire d’éliminer toute activité subversive : elle est donc une institution qui entrave la lutte antiraciste comme antispéciste. Autrement dit, la solidarisation pourrait se faire pour une raison tactique : il s’agit de protéger les activistes de la répression, surtout quand on connaît les moyens exorbitants accordés à la police depuis maintenant plusieurs décennies au niveau financier, légal ou technique (armement, technologies de surveillance…). Après les attentats du 11 septembre 2001, c’est la banalisation de l’état d’urgence avec le Patriot Act qui a permis de généraliser les arrestations arbitraires de musulman·e·s étasunien·ne·s (accusé·e·s d’être complices du djihadisme), d’immigré·e·s et… d’antispécistes [31]. Une loi a même interdit en 2006, au nom de la sécurité nationale, « toute conduite ayant pour but d’endommager ou d’interférer avec les opérations d’une entreprise animalière » [32]. On peut de même penser à la cellule Déméter pilotée par le ministère français de l’Intérieur pour espionner les antispécistes qui voudraient filmer la réalité de l’élevage [33]

Cela dit, il faut reconnaître que la répression policière est moins brutale pour les militant·e·s blanc·he·s (grâce à leur privilège évoqué plus haut) que pour les racisé·e·s qui subissent pour ainsi dire une double peine, courent statistiquement plus de risques d’être condamné·e·s à de la prison ferme, etc. Du reste, elle touche surtout celles et ceux qui choisissent de se lancer dans l’action directe (sauvetage d’animaux, sabotage, etc.) : à vrai dire, c’est cette petite fraction du mouvement qui réclame l’abolition de la police, et elle le fait surtout dans un cadre anarchiste plus que proprement antispéciste.

Conclusion

Il faut d’abord retenir que les mots sont des actes comme les autres. À ce titre, ils sont tout autant assujettis aux normes morales, qui réprouvent ici l’usage des insultes oppressives vis-à-vis des animaux, quand bien même ceux-ci seraient incapables de les comprendre, en raison de la violence injuste qu’elles véhiculent et légitiment. Il s’ensuit que dans le cadre de leur ambition politique plus large, les antispécistes peuvent vouloir dénoncer le consensus spéciste qui sous-tend le langage ordinaire. Dans le même temps, si le but est bien de sensibiliser le plus grand nombre, c’est une mauvaise idée de s’attaquer à #MortAuxPorcs, en particulier sur Twitter en plein mouvement contre les violences policières, à cause du contexte d’énonciation qui est propice à la polémique. Les antiracistes ont quand même de bonnes raisons de ne pas être immédiatement réceptif·ve·s à leurs arguments (état de choc, refus du tone policing…). Cela dit, il y a aussi de moins bonnes raisons (leur attachement, compréhensible mais problématique, au spécisme...). Enfin, les antispécistes doivent exprimer clairement leur solidarité antiraciste contre l’institution policière, non seulement par solidarité contre un ennemi politique commun, mais aussi et surtout par refus pur et simple de la domination et de la violence raciste.

P.-S.

Ce texte est publié également, simultanément, dans L’amorce. Revue contre le spécisme. Crédit photo : Jo-Anne McArthur / We Animals

Notes

[1Puisque cet article évoque l’importance politique du langage, il m’a semblé particulièrement pertinent d’utiliser l’écriture inclusive (points médians, accords de proximité/majorité, pronoms mixtes, etc.).

[2Ci-après désigné·e·s, sauf indication contraire, par l’expression « les antispécistes » qui, même si elle risque de sembler trop monolithique, est plus légère. Elle englobe par ailleurs toutes les personnes qui peuvent se sentir plus ou moins proches de la cause animale et qui partagent en tout cas le même avis sur le langage spéciste, même si elles ne l’ont pas exprimé sur Twitter. L’expression « les antiracistes » est écrite en miroir, bien que le mouvement antiraciste soit lui aussi très divers.

[3En 2017, 23 858 700 cochons ont été abattus dans les abattoirs français. FAOSTAT, [En ligne]. [http://www.fao.org/faostat/en/#data/QL] (consulté le 29 mai 2020).

[4« Les trois systèmes d’élevage », Interprofession nationale porcine (INAPORC), (consulté le 29 mai 2020).

[5D’après Wikipédia, « figure de style qui consiste à employer dans une même phrase des mots dont le son est à peu près semblable, mais le sens différent ».

[6Cf. Bertrand Tillier, « Polysémie du porc » in La républicature. La caricature politique en France 1870-1914, CNRS Éditions, 1997, pp. 98-102 (consulté le 29 mai 2020).

[7Cité dans David Farber, The Age of Great Dreams : America in the 1960s, Hill and Wang, 1994, p. 207.

[8John L. Austin (1911-1960) est un philosophe anglais qui a réfléchi à ce qui fait le sens (et la puissance) d’un mot, dans Quand dire, c’est faire, Seuil, 1991.

[9Cf. Ann Cudd, Analyzing Oppression, Oxford University Press, 2006.

[10Cf.Arran Stibbe, « Language, Power and the Social Construction of Animals », Society & Animals, vol. 9, no 2, 2001, pp. 145-161 ; ou Joan Dunayer, « On speciesist language », On The Issues Magazine, 1990 (consulté le 06 juillet 2020).

[11Pour avoir un bon état de l’art, lire l’entrée « Feminist Philosophy of Language » de la Stanford Encyclopedia of Philosophy, 21 août 2017 (consulté le 6 juillet 2020).

[12Cf. Jane Hill, The everyday language of white racism, Wiley-Blackwell, 2008.

[13Cf. Elisabeth Camp, « Slurring Perspectives », Analytic Philosophy, vol. 54, no 3, 2013, pp. 330-349.

[14Cf. Valéry Giroux, « Pourquoi me priver si ça ne sert à rien ? », L’Amorce, 13 mai 2020.

[15Cf. Emmanuel Kant, Œuvres philosophiques, t. II, Gallimard, 1985, p. 285.

[16Charles Péguy disait que « le kantisme a les mains pures mais il n’a pas de main » et c’est en substance ce qu’on répond parfois aux antispécistes qui entreprennent « naïvement » une réflexion éthique.

[17Sur cette question du matérialisme appliqué à l’antispécisme, lire Axelle Playoust-Braure et Yves Bonnardel, Solidarité Animale. Défaire la société spéciste, La Découverte, 2020.

[18Cf. Colette Guillaumin, « Le chou et le moteur à deux temps. De la catégorie à la hiérarchie », Le Genre Humain, n° 2, 1981, p. 35.

[19Pour plus de détails sur cette idée ambitieuse, lire Sue Donaldson et Will Kymlicka, Zoopolis. Une théorie politique des droits des animaux, Alma Éditeur, 2016.

[20Comme disait Victor Hugo, « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface ».

[21Cf. Anonyme, « #BalanceTonPorc : Aymeric Caron regrette un mot-clé “spéciste” », Huffington Post, 15 octobre 2017.

[22Cf. Peter Gelderloos, Comment la non-violence protège l’État : essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux, Éditions Libre, 2018.

[24Cf. Syl Ko, « Qu’est-ce que le black veganism ? », L’Amorce, 12 juillet 2019.

[25Cf. Yves Bonnardel, « En finir avec l’idée de nature, renouer avec l’éthique et la politique », Les Temps Modernes, 2005/2 (n° 630-631), pp. 107-121.

[26Cf.Peggy McIntosh, « White privilege : Unpacking the invisible knapsack », in Scott Plous (dir.), Understanding prejudice and discrimination, McGraw-Hill, New York, 2003, pp. 191-196.

[27Pour avoir une idée de sa réflexion, lire son excellente interview publiée dans la revue Ballast le 13 décembre 2019 : « Si la justice exclut les animaux, elle demeure partielle » (consulté le 06 septembre 2020).

[28Cf. Mathieu Rigouste, L’ennemi intérieur. La généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine, La Découverte, 2011.

[29Cf. Anonyme, « VIDÉO. “Un bicot comme ça, ça ne nage pas”. Indignation après des propos racistes tenus par des policiers », Le Parisien, 27 avril 2020 (consulté le 06 juillet 2020).

[30Cf. Yves Bonnardel, « Qui va à la chasse garde sa place », Cahiers antispécistes, n°15-16, avril 1998.

[31Cf. Ethan Carson Eddy, « Privatizing the Patriot Act : The Criminalization of Environmental and Animal Protectionists as Terrorists », Pace Environmental Law Review, vol 22, no 2, 2005, pp. 261-327.

[33Cf. Stéphane Horel, « Vives critiques contre Déméter, la cellule de la gendarmerie surveillant les “atteintes au monde agricole” », Le Monde, 13 février 2020 (consulté le 29 mai 2020).