Le 6 janvier 2022, Valérie Pécresse, candidate Les Républicains à l’élection présidentielle de dans trois mois, était en visite en Provence. Elle avait, selon les journalistes qui la suivaient, « choisi le thème de la sécurité pour ce déplacement », durant lequel elle a notamment promis de se montrer, si elle est élue, intraitable avec les « délinquants ». À cet effet, elle a proclamé son intention de réquisitionner « des bâtiments désaffectés » pour les transformer en prisons provisoires, dans lesquelles ces mauvais sujets devront pour de bon purger leurs peines, même « courtes » – et ne bénéficieront donc plus de la possibilité, par exemple, de porter plutôt un bracelet électronique.
Et bien sûr, on peut (à très bon droit) déplorer cette nouvelle surenchère sécuritaire d’une droite dite « républicaine » qui, dans ces matières (comme dans beaucoup d’autres), veille à ne jamais se laisser distancer par l’extrême droite.
Mais peut-être est-ce plutôt parce qu’elle ne supporte plus ce qui se passe au sein de sa propre formation politique que la candidate Pécresse promet d’« en finir avec l’impunité » et de « mettre les caïds » condamnés « hors d’état de nuire » en leur interdisant de « parader dans leur quartier avec un bracelet électronique ».
En effet, son parti est aussi celui de Nicolas Sarkozy – cet ancien chef de l’État français et ancien candidat à sa propre succession, qui a été condamné le 30 septembre dernier à une peine d’un an de prison ferme pour « financement illégal » de sa campagne présidentielle de 2012, et à qui ses juges, pris·es d’une magnanimité d’autant plus étonnante que ce même individu avait déjà écopé quelques mois plus tôt (et dans une autre affaire) d’une première condamnation à trois ans de prison (dont un ferme), ont proposé d’aménager cette peine en détention à domicile sous surveillance électronique.
Et ce n’est pas tout : le parti de Valérie Pécresse est également celui de François Fillon, qui a lui aussi été candidat à l’élection présidentielle, et contre qui ont été requis en appel, le 29 novembre dernier, pour détournement de fonds publics, cinq ans d’emprisonnement, dont un ferme – mais qui s’est lui aussi vu proposer, par des juges manifestement décidé·es à le laisser parader dans son quartier, de purger cette peine à son domicile, avec un bracelet électronique.
Rien ne permet bien sûr d’affirmer aujourd’hui que les condamnations de MM. Sarkozy (qui a fait appel) et Fillon (qui saura au mois de mai la décision de la cour d’appel) deviendront définitives : cela laisse à la candidate de leur parti un peu de temps pour choisir le bâtiment qu’elle réquisitionnera pour leur faire passer, si besoin, le goût de la parade [1].