Nicolas Sarkozy parle de « tolérance » et d’« intolérance ». Nous parlons d’égalité entre les homosexuelLEs et les hétérosexuelLEs. Un ministre qui se dit républicain ne devrait pas assurer qu’il « accepte toutes les différences », mais bien qu’il se bat pour l’égalité des droits. Quelle est la position de Nicolas Sarkozy sur le mariage, l’adoption ou l’homoparentalité ?
En intervenant, le président de l’UMP et ministre de l’Intérieur rappelle involontairement que la lutte contre l’homophobie et pour l’égalité des droits est avant tout une question de volonté politique. En la matière, Nicolas Sarkozy a tout à prouver. Quand en décembre dernier, le député UMP Vanneste avait déclaré à l’Assemblée Nationale que « l’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité », reprenant à son compte des propos d’Adolf Hitler, le président de l’UMP avait trouvé ces propos « inacceptables », mais pas au point d’exclure le député de son parti. Le 26 janvier dernier, il promettait cette sanction en cas de récidive de Vanneste. Le jour même, ce député affirmait que l’homosexualité était inférieure à l’hétérosexualité. Nicolas Sarkozy ne l’a pas exclu. Tant que les responsables politiques auront aussi peu de courage en matière de lutte contre l’homophobie, nous organiserons des actions symboliques pour alerter l’opinion publique.
Le ministre de l’Intérieur estime que la religion catholique a été « bafouée » par notre action. La cérémonie symbolique à laquelle nous avons procédé s’est déroulée avec une calme détermination. La messe était terminée depuis une demi-heure et n’a donc pas été interrompue. AucunE croyantE n’a été interpelléE ou insultéE. Nous n’avons pas « bafoué » la religion. Nous avons interpellé les autorités catholiques et les responsables politiques qui les écoutent sur les positions du Vatican en matière d’égalité des droits et de lutte contre le sida. En prétendant que nous avons « bafoué » la religion catholique, Nicolas Sarkozy estime donc qu’un mariage homosexuel et un baiser entre deux femmes à Notre-Dame sont autant d’insultes aux croyants. C’est bien le problème que nous posons.
Lorsqu’il dit « ce qu’on a fait à un prêtre », le ministre de l’Intérieur (qui est également en charge de la défense des « libertés publiques ») reprend à son compte les affirmations de M. Jacquin alors qu’il est très bien placé pour savoir qu’une enquête est en cours pour trancher entre deux versions contradictoires des faits. Nous le réaffirmons une fois de plus : aucune violence, verbale ou physique, n’a été exercée contre les responsables religieux ou le service d’ordre. La présomption d’innocence est une composante importante des libertés publiques mais Nicolas Sarkozy la bafoue négligemment quand il s’agit de ne pas froisser le lobby catholique. Quoi de plus discriminatoire que de privilégier d’emblée une parole contre une autre ?
Nicolas Sarkozy estime qu’« on ne se serait [pas] permis de faire [cette action] dans un autre lieu de culte ». Nous lui laissons le soin de développer ces allusions assez obscures, qui reprennent des arguments déjà entendus chez des intégristes catholiques et qui stigmatisent les « autres lieux de culte » comme moins accueillants et tolérants que l’Église catholique.
Rappelons enfin à Nicolas Sarkozy que la droite à laquelle il appartient ouvre les portes des églises à coup de hache quand il s’agit d’évacuer des sans-papierEs. Si ce comportement est « acceptable », peut-être n’avons nous pas la même idée du respect des lieux de culte.
Act Up Paris
Juillet 2005
Ce texte est paru le 20 juin 2005 sur le site www.actupparis.org