Après l’enregistrement de l’émission « À vous de juger » du 4 juin, qui a tournée à la mascarade et au pugilat, Arlette Chabot, présentatrice de l’émission, a cru bon de se justifier en ces termes :
« C’est la culture banlieue qui entre dans le débat politique. Tous les coups sont permis. »
Ainsi, pour la directrice de la rédaction de France 2, le mensonge, la calomnie, les insultes, les attaques personnelles, les coups bas et les débats abjects seraient typiques de la banlieue. Ces stéréotypes sont malheureusement fréquents dans les grands medias, la classe politique, et symptomatiques du manque de sérieux et de formation de nombre de journalistes.
Pourtant, Arlette Chabot se trompe : ce n’est pas le débat politique qui s’abaisse au niveau de la banlieue. C’est la banlieue que certains veulent détruire et rabaisser au niveau affligeant de ce débat politique du 4 juin. Il y a, pour nous, bien plus de fierté à être banlieusard-e-s qu’à être les témoins d’aussi piètres débats politiques.
Bien sûr, nos quartiers sont des lieux de relégations, mais les pouvoirs publics et la misère sociale en sont largement responsables : manque de services publics, présence policière toujours plus provocante et violente, logements insalubres, malbouffe des supermarchés discounts…
Si Arlette Chabot a jamais franchi le périphérique, ses propos démontrent qu’elle ne comprend pas la politique et qu’elle connait encore moins les quartiers populaires et leurs cultures. Qu’elle vienne à la rencontre de tous les acteurs qui portent des projets innovants, concrets, ce souvent en dépit du manque de soutien des institutions. Qu’elle vienne à Garges-Sarcelles, Saint-Denis, Hérouville, La Courneuve, Lille-Roubaix-Tourcoing, au Mirail,… nous pourrions étendre la liste quasiment à l’infini ; car notre expérience de "la banlieue", c’est une expérience de respect, de solidarité, d’échanges, d’engagement aussi.
Nous qualifions les propos d’Arlette Chabot d’injurieux, méprisants, inadmissibles, à l’égard des habitants des quartiers populaires. Voilà pourquoi nous exigeons de recevoir des excuses. On refuse la stigmatisation : on se laissera pas faire, on lâchera pas l’affaire.