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Profondeur républicaine

Ou comment la Justice française, face à certains coupables, et au dépens de certaines victimes, sait dépasser « l’analyse sémantique superficielle »

par Collectif Les mots sont importants
19 mai 2015

Ce sont véritablement les grandes profondeurs, on peut même dire le fond du fond, l’abyssable bassesse, dans lesquelles s’enfonce notre Justice quand elle a à juger des délits ou des crimes dont les auteurs sont de respectables éditocrates ou de valeureux policiers, et les victimes de simples banlieusards pas vraiment catholaïques – et pas vraiment blancs... Ci dessous : deux exemples récents, qui se passent de commentaire. Du premier on peut encore sourire – amèrement. Le deuxième est simplement abject.

« Ce qui a créé le problème, ce n’est quand même pas les Français. D’où vient le problème de l’atteinte à la laïcité sinon des musulmans ? On le dit ça ? Et ben moi je le dis ! C’est pas les musulmans qui amènent la merde en France aujourd’hui ? Il faut le dire, quoi ! »

Philippe Tesson, journaliste, Europe 1, 14 janvier 2015

« Les propos de M. Tesson ne peuvent être entendus comme une généralisation selon laquelle les personnes de confession musulmane seraient par nature et dans leur globalité responsables des maux et désordres de la société française »

Juge des Référés du Tribunal de Grande instance de Paris, 19 mars 2015

« En même temps, s’ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau »

Sébastien Gaillemin, policier, à propos de Zyed Benna et Bouna Traoré, 27/10/2005

« Le Tribunal considère qu’il ne peut s’en tenir à l’analyse sémantique superficielle de la phrase “En même temps, s’ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau” pour en déduire la prise de conscience effective et véritable par le prévenu d’un péril réel, grave et imminent à cet instant. »

Tribunal Correctionnel de Rennes, 18/05/2015