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Qui veut des enfants ?

Analyse des discours médicaux sur la « bonne » maternité

par Sally Macintyre
30 septembre 2012

Dans cet article, extrait du recueil de textes parus dans la revue Questions féministes, Sally Macintyre restitue les résultats de son enquête consacrée aux discours médicaux sur la maternité. Elle montre que, en décalage avec les discours dominants sur un instinct maternel prétendument « naturel » et donc universel, la maternité est en réalité envisagée différemment en fonction de la catégorie de femmes considérée. Hautement encouragé quand la femme est mariée, le désir d’enfant est par contre découragé, et pathologisé, quand la femme apparaît en décalage par rapport au couple hétérosexuel légitime. Paru en 1978, cet article reste malheureusement d’actualité.

Arrière-plan des théories des agents médicaux et sociaux

Warren Hern critique la façon dont la plupart des médecins acceptent « la définition téléologique largement répandue de la femme, comme essentiellement machine à reproduire » (Hern 1971 : 5). Pour le médecin, implicitement, non seulement la grossesse est normale mais elle est aussi :

« …particulièrement désirable du point de vue du fonctionnement physiologique, psychologique et social de la femme, et l’impossibilité (ou pire, le refus) de devenir ou de rester enceinte est donc pathologique. Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que même les plus grands ouvrages d’obstétrique se préoccupent très peu ou pas du tout de ce qu’une femme ressent lorsqu’elle est enceinte, de ce qu’elle ressent après un avortement, ni de savoir si elle considère le fait d’être enceinte comme un état normal ou désirable. » (Hern 1971 : 5)

Autrement dit, on établit d’abord que la grossesse est normale et désirable et on pose ensuite que toutes les femmes la définiront ainsi. Il s’ensuit diverses conséquences. Comme le remarque Hern, « il s’ensuit que toute femme qui souhaite se faire avorter doit se faire examiner le cerveau et c’est exactement ce qui se passe » (1971 :7).

Ainsi, le désir de ne pas avoir d’enfant doit être expliqué. L’une des explications données est que les changements hormonaux rapides qui se produisent au début de la grossesse peuvent provoquer des réactions émotionnelles (« faussement ») interprétées par la femme comme sentiments négatifs. En tant qu’effet secondaire de changements hormonaux, cette réaction est définie comme transitoire. On annonce alors aux femmes que « tout ira bien quand le bébé sera né ».

Dans un rapport de la Fédération internationale pour la parenté volontaire (IPPF 1972), on indique que la politique suivie longtemps dans les pays scandinaves était d’essayer de persuader les femmes de revenir sur leur décision d’avorter sous prétexte que cette décision pouvait avoir été influencée par un état dépressif dû à des changements physiologiques caractéristiques des débuts de la grossesse.

Cette politique conduisait à prolonger les délais entre la demande et l’opération, d’où un état de grossesse avancé au moment de l’avortement et donc d’anxiété pour les femmes. Les auteurs font remarquer que cet état de dépression pouvait aussi bien être dû à l’attente, l’incertitude et la complexité des procédures qu’à « l’inévitable traumatisme » que causerait la destruction du fœtus.

Ils ajoutent :

« De tout ce qui a été écrit sur le sujet, il ressort surtout que ces ouvrages sont de parfaits exemples de soumission à la doctrine, où le chercheur comme ceux qui sont l’objet de la recherche tendent à produire les faits qui prouveront l’hypothèse initiale. » (IPPF 1972 :32)

Les femmes peuvent, bien sûr, finir par accepter ouvertement leur enfant ou la grossesse refusée au début. Mais on peut y voir, plutôt que l’inévitable résurgence de l’instinct maternel, un effet des pressions constantes exercées sur elles, en particulier celles du personnel médical (cf. Zemlick & Watson 1953), dans une culture qui fait de la « bonne mère » l’image centrale de l’identité féminine.

Les théories du corps médical forment un cercle vicieux du fait que les attentes et les pratiques basées sur ces théories tendent à produire elles-mêmes les résultats prédits. Une fois établie la norme du désir ou de la « pulsion » maternelle, il sera difficile pour les tenants de cette théorie de trouver des démentis. En outre, l’immense majorité des gynécologues et des spécialistes de l’obstétrique sont des hommes : ainsi une spécialité qui a trait uniquement au fonctionnement des femmes est investie principalement par des hommes, alors revêtus de l’autorité qui leur permettra de définir « comment sont vraiment les femmes ». Dans ce contexte, la phrase de Thomas, « si les hommes définissent une situation comme réelle… » est particulièrement pertinente.

La majorité des infirmiers sont des infirmières. Pourtant, en partie à cause de cette composition, en rapport avec le caractère subalterne de la profession vis-à-vis du corps médical, les infirmières auront tendance à accorder plus de crédit aux théories des médecins qu’à celles de leurs patientes, cette adhésion au corps médical et à ses connaissances rehaussant leur statut professionnel. Ainsi les théories des infirmières sur la maternité devront plus aux théories des médecins qu’à leur propre expérience ou celle de leurs patientes.

Les théories psycho-dynamiques de la maternité qui se sont développées dans les années quarante (Deutsch 1947) ont fait valoir l’existence de désirs inconscients de maternité. Étant donné la formulation, ces désirs sont attribués aux femmes quels que soient leurs sentiments exprimés, et les déviations du comportement prédit ne peuvent invalider la théorie puisqu’on pourra y voir des mécanismes de défense ou des réactions pathologiques. Ainsi les postulats de départ ne peuvent pas être ébranlés par les réactions subjectives conscientes des femmes. Ces modèles théoriques, comme ceux du corps médical, étaient posés de telle façon qu’ils ne pouvaient être remis en question.

Dans son approche des mères célibataires, Young s’est largement étendu sur la notion de pulsions inconscientes : « Il n’y a guère de doute que les désirs profonds qui guident la mère célibataire aboutissent à des actes compulsifs. Voir dans son comportement le fruit de l’immoralité ou un libre choix c’est faire fi de l’observation » (Young 1954 : 36).

Il est implicite pour Young que toute femme enceinte a désiré l’être (même inconsciemment), quelle que soit sa définition de la situation. Comme pour bien des théories sur les « pulsions », l’« observation » ici, c’est-à-dire la preuve de la pulsion maternelle, est le phénomène même que cette pulsion est censée expliquer : la grossesse.

Il faut noter que dans l’ouvrage de Young, comme ailleurs, la pulsion maternelle semble devoir être expliquée dans le cas des mères célibataires et non des femmes mariées. On pose a priori que les facteurs « causals » de la maternité chez les célibataires ne sont pas les mêmes que chez les femmes mariées. Plus, certains des facteurs invoqués pour expliquer la maternité chez les célibataires sont souvent ceux-là mêmes qui serviront à expliquer la non-maternité chez les femmes mariées (par exemple : « mauvaise structuration de la personnalité et manque d’amour »).

L’idée que la maternité répond à des motivations inconscientes, différentes pour les femmes mariées et les célibataires, est extrêmement répandue dans la littérature spécialisée des années cinquante et soixante. « Que l’on rende compte de l’illégitimité comme désir inconscient de punir ses parents, aspiration au statut adulte ou simplement adhésion aux pratiques d’une sous-culture, on considère comme fait acquis que la mère célibataire devient enceinte parce qu’elle est motivée à l’être » (Furstenberg 1971 :192).

Ces théories psycho-dynamiques m’intéressent ici à deux titres. D’une part elles ont fourni un langage de motivations plus acceptable que celui utilisé auparavant au sujet des mères célibataires. On a remplacé la notion d’immoralité par celle de « forces incontrôlables ». Le recours aux besoins biologiques dégageait l’individu de la responsabilité de ses actes et évitait donc l’anathème (sur ce sujet, voir Scott & Lyman 1968 : 4). Ensuite, ces théories ont inspiré les idéologies à l’œuvre dans l’assistance sociale et se réfléchissent dans les pratiques et réactions courantes des assistantes vis-à-vis des célibataires enceintes ou mères.

Les idéologies des professions médicales et sociales évoquées plus haut procèdent aussi de systèmes plus généraux de croyances et de la culture quotidienne qu’elles influencent à leur tour. Le conditionnement des femmes au mariage et à la maternité est particulièrement marqué en Grande-Bretagne aujourd’hui. Dans les idéologies dominantes de la reproduction, le lien entre mariage et maternité est inextricable :

« On considère comme souhaitable et on s’attend à ce que les gens mariés aient des enfants ; et on s’attend à ce que les gens qui veulent des enfants se marient. » (Busfield 1974)

Les couples mariés avec enfants constituent « la famille normale, naturelle et complète ». L’Église prescrit d’avoir des enfants dans le mariage ; ne pas en avoir est une faute explicite.

« On n’encourage pas seulement directement les individus à avoir des enfants par la haute valeur attachée au mariage, puisqu’on attend des couples dès qu’ils sont mariés, quelles qu’en soient les raisons, qu’ils aient des enfants. » (Busfield 1974 :33)

On utilise un argument particulièrement significatif pour décourager les couples de ne pas avoir d’enfants : celui de l’égoïsme. Si faire des enfants est normal, est un instinct naturel et constitue l’ultime épanouissement de chaque femme et de chaque couple, comment pourrait-il être égoïste de se détourner d’un instinct qui est la source de tant de satisfaction ? Parler d’égoïsme c’est admettre que la maternité n’est pas forcément un instinct universel, et l’existence même de normes et de pressions sociales pour encourager les gens à avoir des enfants amène à analyser « l’instinct maternel » comme une de ces constructions sociales, jouant le rôle de motivation acquise.

C’est dans ce cadre général de croyances relatives à la reproduction et à ses rapports avec les institutions sociales, ici le mariage, que les théories des professions médicales et sociales sont développées et mises en pratique.

Théories relatives aux femmes mariées et aux femmes célibataires

Nous allons voir plus en détail quelles sont les composantes de ces théories sur la reproduction, dans leur application différente aux femmes mariées et aux femmes célibataires. Le résumé schématique qui suit pourra apparaître simpliste, provocateur et peu étayé. Mais mon approche est délibérément sélective car j’ai surtout voulu attirer l’attention sur un certain nombre de convictions bien ancrées chez les profanes comme chez les spécialistes.

L’équation mariage = maternité et célibat = non-maternité est un point de vue extrêmement répandu, même chez ceux, tels les médecins, qui se montrent particulièrement attachés aux principes biologiques universels. Il y a une contradiction sous-jacente entre l’idée que toutes les femmes sont essentiellement semblables et pourvues d’un puissant instinct maternel, et le fait de différencier les femmes selon leur statut matrimonial. La coexistence de ces deux points de vue conduit à affirmer que l’instinct maternel agit chez les femmes mariées et non chez les célibataires. Ce qui aboutit aux assertions suivantes :

Pour les femmes mariées

1. La grossesse et l’enfantement sont des faits normaux et désirables ; inversement le désir de ne pas avoir d’enfant est aberrant et demande explication.

2. La grossesse et l’enfantement ne posent pas problème ; y voir un problème indique que quelque chose ne va pas.

3. Les enfants légitimes qui ont un parent vivant ne doivent pas être adoptés ou retirés à leur mère que cela traumatiserait. (De fait, l’idée de l’adoption définitive dans ces cas-là n’existe pas en Grande-Bretagne). Une femme mariée qui veut faire adopter ses enfants est par définition aberrante et on l’accusera de vouloir s’en « débarrasser ».

4. Lorsqu’un couple n’a pas d’enfant, il leur sera recommandé de subir un examen médical et si nécessaire de suivre un traitement contre la stérilité.

5. Il peut être recommandable à l’occasion qu’un médecin conseille à une femme d’avoir un enfant.

6. Une fausse couche ou la mort d’un enfant à la naissance ou avant terme provoque d’instinct une profonde affliction chez la mère.

Pour les femmes célibataires

1. La grossesse et l’enfantement sont des faits anormaux, non désirables ; inversement, le désir d’avoir un enfant est aberrant, égoïste et demande explication.

2. La grossesse et l’enfantement posent problème et ne pas les traiter comme tels indique que quelque chose ne va pas.

3. Les enfants illégitimes doivent être adoptés et la mère qui veut garder son enfant est égoïste et irréaliste.

4. En cas de stérilité on ne recommandera ni examen médical ni traitement, qui n’ont pas de raison d’être  sauf si la femme est sur le point de se marier. Il n’est pas « bien » qu’elle adopte un enfant.

5. Il serait particulièrement déplacé et peu recommandable de la part d’un médecin de conseiller à une femme célibataire d’avoir un enfant.

6. Une fausse couche ou la mort d’un enfant à la naissance ou avant terme ne devrait pas causer trop de douleur à la mère et pourrait même la soulager.

En résumé : le mariage est une bonne solution aux problèmes de la femme enceinte célibataire. Si elle se marie, elle désirera son enfant : sinon elle ne le désirera pas
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L’application des idéologies  : médecins, infirmières et assistantes sociales

Le médecin : « J’ai de bonnes nouvelles pour vous, Madame »
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La patiente : « Mademoiselle, docteur ».

Le médecin : « Alors j’ai de mauvaises nouvelles pour vous, Mademoiselle. »

Cette plaisanterie classique résume très bien l’effet déterminant que provoque la connaissance d’un fait social, l’état-civil, sur la perception par le médecin d’un fait biologique  a grossesse, avec ses implications et sa signification.

J’ai déjà montré (Macintyre 1973) à travers un petit nombre d’entretiens détaillés entre des femmes enceintes et leur médecin, sur quels types de classification s’appuyaient ces derniers.

Pour un groupe de quatorze femmes célibataires j’ai pu dresser, d’après les récits des patientes et de leur médecin, un tableau des questions posées par les généralistes en première consultation (c’est-à-dire lorsqu’une femme demandait la confirmation de sa grossesse) selon leur ordre de fréquence. Les quatre questions les plus fréquentes et les premières posées étaient : a) sur la possibilité de mariage avec le père présumé ; b) l’utilisation de contraceptifs ; c) les relations avec le père présumé au moment de la consultation ; d) les relations avec le père présumé au moment de la conception.

Cette liste correspond aux déclarations des médecins interrogés en général (c’est-à-dire pas au sujet de patientes particulières) sur leur attitude face aux femmes enceintes célibataires. Tous les généralistes ont mentionné spontanément, selon les termes de l’un d’eux, qu’ils « vérifiaient si le mariage est envisagé et procédaient à partir de là ».

Notons que si les questions a) et c) ont trait à la situation présente ou aux projets de la patiente, les questions b) et d) se rapportent à son passé. Beaucoup de femmes se sont étonnées du nombre de questions sur leur passé : combien d’hommes elles avaient fréquentés, comment se passaient les relations sexuelles avec le père présumé, quels contraceptifs elles avaient utilisés, etc. Certaines ressentaient cette attitude du médecin comme du voyeurisme et la trouvaient parfaitement inapte à résoudre leurs problèmes présents et futurs. Comme dit l’une d’elles : « Qu’est-ce que ça peut faire les contraceptifs qu’on utilisait ? Ça n’a pas marché, non ? »

Du point de vue du médecin, ces questions ayant trait au passé semblent destinées à établir un profil général de la patiente (du type « c’est le genre de fille qui… ») duquel on pourra tirer diverses déductions. Ces questions, en revanche, ne semblent pas pertinentes pour les femmes mariées parce que « tout le monde sait » (et en particulier les médecins) à quoi ressemblent les relations conjugales, y compris sexuelles. Par contre les relations sexuelles de la femme célibataire semblent faire problème, il faudra en connaître la nature et la fréquence.

Il est très peu probable, par exemple, que l’on demande à une femme mariée :

 « Qui est le père de votre enfant ? »

 « Quel genre de rapports aviez-vous avec lui au moment de la conception ? »

 « Le voyez-vous toujours ? »

 « Quand avez-vous commencé à coucher avec votre mari ? »

Bien sûr, il peut arriver que l’on pose ce genre de question mais uniquement s’il apparaît que la patiente n’est pas une femme « normale ».

Certaines avaient prévu ces questions. Lorsqu’elles avaient pris la décision de consulter un médecin, elles appréhendaient particulièrement d’avoir à parler de leur mode de vie, de leur sexualité, leurs relations et leurs motivations profondes. Elles craignaient en effet qu’à partir des données « enceinte et célibataire » on ne les enferme dans une image de femme aux « mœurs légères ».

Pour quelques-unes cette appréhension était justifiée. Les médecins réagissaient à partir d’une idée de la femme célibataire radicalement différente de la femme mariée en ce qui concerne les relations sexuelles, censées être différentes en quantité et en qualité. On en juge par ce commentaire d’un généraliste à propos d’une femme enceinte souffrant de trichomonas :

« Je veux dire… c’est une simple vaginite à trichomonas, ce qui est une infection tout à fait courante chez les couples qui ont des rapports sexuels, qu’ils soient mariés ou non. Mais le fait qu’elle ait ça… c’est vraiment en fonction des rapports sexuels et elle n’est pas mariée, donc nécessairement elle a des mœurs faciles. »

On se renseigne sur les intentions de mariage parce que si la patiente doit bientôt se marier la « gestion » de la grossesse sera simplifiée. Si la patiente n’a pas l’intention de se marier c’est le signal que quelque chose ne va pas, que l’enfant n’est pas désiré. Plusieurs médecins ont dit avoir successivement évoqué le mariage, l’adoption, la possibilité de garder l’enfant, l’avortement ; une réponse positive sur l’un de ces points annulait les questions suivantes. La question du mariage était posée en premier : si la patiente devait se marier, le médecin ne mentionnait pas les autres possibilités et ne cherchait pas à savoir si la grossesse était désirée ou non ; il passait à l’examen médical, prescrivait les soins, etc. Si la patiente n’avait pas l’intention de se marier, le médecin soulevait les autres possibilités comme si la grossesse était nécessairement un problème.

Les patientes ont conscience que les diverses solutions proposées s’excluent l’une l’autre aux yeux des médecins. Ce qui peut les amener à mentir sur leur situation pour arriver à la solution désirée. Un bon exemple est le cas d’une femme qui a une liaison stable, a l’intention de se marier, mais ne désire pas d’enfant. Si elle veut interrompre sa grossesse elle se verra contrainte de dissimuler ses véritables relations avec le père présumé. Ainsi :

Pat : « John et moi nous avons décidé de nous fiancer le premier juin. Et il dit, enfin il m’a dit à peu près : si tu vas voir le gynécologue tu ne peux pas lui dire comme ça “je vais me fiancer” parce que cela veut dire que tu vas te marier. Et j’ai dit, “ben oui, c’est vrai”. Parce qu’il dirait : “pourquoi voulez-vous interrompre la grossesse puisque vous allez vous marier de toute façon ?” »

Le gynécologue lui demanda en effet si elle prévoyait de se marier et elle répondit qu’elle n’avait pas l’intention d’épouser le père parce qu’il était trop jeune, etc. Le médecin accepta la demande d’avortement et une semaine après l’opération la jeune fille se fiança officiellement.

La situation est inverse dans le cas de Jenny qui désirait garder l’enfant mais ne voulait pas épouser le père. Son médecin lui suggéra l’avortement, qu’elle refusa, et pendant sa grossesse elle subit des pressions de toutes sortes pour se marier et faire adopter son enfant. Afin de sortir de cette situation elle dut faire croire qu’elle allait épouser le père, mais après l’accouchement elle précisa que ce n’était pas du tout son intention. Elle avait beaucoup de difficulté à en convaincre les gens autour d’elle, d’autant plus qu’elle se disait attachée au père (qui voulait l’épouser). « Je l’ai dit, mais ils ne me croient toujours pas, vous savez. C’est comme se taper la tête contre un mur ».

Pat et Jenny, dans leur expérience, et dans le témoignage qu’elles en donnent, séparent sexualité, mariage et maternité. Pat avait une relation stable, elle allait se marier avec l’approbation des parents des deux côtés, elle et son ami étaient satisfaits de leur vie matérielle et affective et ils avaient des relations sexuelles depuis longtemps. Mais elle ne voulait pas d’enfant : pour elle sexualité, mariage et maternité n’allaient pas nécessairement ensemble. Mais pour convaincre le gynécologue qu’elle ne voulait « vraiment » pas d’enfant elle a dû faire croire qu’elle ne voulait pas se marier.

Pour Jenny non plus la sexualité, le mariage et la maternité ne sont pas inséparables. Elle désirait des rapports sexuels ; elle était heureuse d’avoir un enfant ; mais elle ne voulait pas se marier, et pour elle le mariage correspondait à des motivations qui n’ont rien à voir avec la maternité.

Lorsqu’on examine les dossiers de gynécologues, leurs notes de consultation et les lettres envoyées aux généralistes dans les cas où l’avortement est demandé, on constate que le mariage est bien perçu comme le problème central :

Cas d’Anne  : « J’ai vu notre jeune lycéenne de seize ans, enceinte d’un mécanicien. Aucune anomalie physique et pas de maladie grave dans le passé. Je pense qu’elle devrait sérieusement envisager d’épouser le jeune homme pour résoudre ses difficultés. »

Cas de Janet  : « Notre impression est que cette jeune fille et son ami devraient se marier et que la grossesse ne devrait pas être interrompue.
Le jeune homme semble désireux de l’épouser et elle a l’intention de continuer à le voir de toute façon. »

Ici les médecins présentent le mariage et l’avortement comme les deux volets d’une alternative et le mariage comme la « solution » de la grossesse problématique.

L’importance de la situation de famille pour celles qui n’envisagent pas l’avortement est tout aussi manifeste. Dans un centre prénatal important, par exemple, les noms des femmes célibataires inscrites sur la liste de jour sont suivis d’un astérisque les signalant à l’attention. À toute femme célibataire on demande systématiquement si elle désire voir une assistante sociale, et si elle répond « non » on lui donne une carte avec le nom et le numéro de téléphone d’une assistante sociale. Une femme mariée, en revanche, n’est mise en contact avec l’assistante sociale que si elle le demande elle-même ou si le personnel du centre la catalogue comme cas social.

Après l’accouchement les femmes non mariées tombent dans la catégorie des patientes « à risque » et on les suivra avec une attention particulière en ce qui concerne la prise de contraceptifs : chaque femme célibataire, avant sa sortie, est envoyée au service de consultation eugénique où on la conseillera sur les moyens contraceptifs. J’ai noté également, pendant une période d’observation à la clinique que les médecins consultants passaient en moyenne 4,1 minutes avec les femmes mariées et 5,7 minutes avec les célibataires pour des examens de routine.

Jenny racontait avec quelque ironie comment son médecin s’était répandu en commentaires compatissants sur son état légèrement dépressif et ses changements d’humeur. Lorsqu’elle dit qu’elle pensait que ces symptômes étaient normaux à ce stade de la grossesse et dus à des changements hormonaux, le médecin balaya ces considérations et montra que pour lui il s’agissait plutôt d’une attitude ambivalente vis-à-vis de l’enfant et de sa situation imminente de mère célibataire.

Valérie, qui était mariée, elle, fit part à son médecin de son état de dépression et de ses incertitudes à la perspective de sa maternité prochaine. Le médecin banalisa ces sentiments en les considérant comme intrinsèques à ce stade de la grossesse. Le refus de maternité exprimé par Valérie ne fut pas admis comme une information pertinente.

Il ne s’agit pas de critiquer cet établissement pour l’attention systématique qu’il porte aux problèmes potentiels des femmes enceintes célibataires. On pourra dire que c’est le fait d’une attitude responsable que de tenir compte des connaissances que l’on a des groupes « à risque » et de leur porter une attention spéciale. Cependant, les théories sur lesquelles on se base risquent de se trouver vérifiées par l’attitude même du personnel médical. Si on demande à une femme célibataire si elle est sûre de vouloir son enfant, si sa maternité ne lui pose pas de problème, il y a de fortes chances que l’on décèle effectivement des problèmes. De même, si on normalise complètement la grossesse chez les femmes mariées, si on la considère a priori comme désirable et sans problème, on a peu de chance de faire apparaître les problèmes et les incertitudes.

L’importance attachée au mariage comme solution à ces problèmes apparaît le plus nettement dans les cas intermédiaires des femmes qui ont conçu hors du mariage mais se présentent mariées à la clinique. Ces femmes sont étiquetées « sans problème » et rentrent dans la catégorie normale des femmes mariées. Pourtant ces femmes pourraient formuler sur leur situation plus d’incertitudes, de craintes et de problèmes que les mères célibataires « habituelles ». Certaines se sont mariées avant leur première visite au centre prénatal, d’autres pendant la période où elles fréquentaient le centre et d’autres sont restées célibataires pendant tout le temps de leur grossesse. Ce qui différenciait le plus ces trois groupes n’était pas leur perception de la situation, leurs relations familiales ou avec le père présumé, ou leur situation sociale/financière, mais les réactions du personnel médical et des travailleurs sociaux à leur égard.

Elizabeth, par exemple, avait 16 ans lorsqu’elle est devenue enceinte. Elle attendit quatre mois avant de consulter un médecin, se maria très rapidement après confirmation de la grossesse et vécut avec son mari dans le trois-pièces de ses parents, le reste de la famille comprenant un frère plus jeune et une grand-mère. Elle fait part de son angoisse par rapport à la rapidité de son mariage, l’échéance de la maternité, ses craintes de ne pas désirer l’enfant, la difficulté de ses rapports familiaux et ses problèmes financiers. Mais comme elle était mariée au moment de sa première consultation au centre, on la considéra comme une femme mariée « normale », ravie d’attendre un enfant. Personne ne jugea bon de s’enquérir des problèmes que pouvaient lui causer sa grossesse.

Barbara avait 28 ans, diplômée de l’université, ex-assistante sociale. Elle vivait dans une grande maison de banlieue chez ses parents qui l’entretenaient, avait choisi d’avoir un enfant et ne désirait pas se marier. Le personnel du centre manifesta beaucoup de sollicitude pour ses problèmes  ont elle affirmait qu’ils n’existaient pas. C’est précisément cela qui la fit juger irresponsable : le fait qu’elle ne cessait de répéter « tout va très bien, merci  e suis ravie d’avoir un enfant ».

Dans ces exemples la perception par les femmes de leur propre situation est considérée comme tout à fait secondaire par rapport à l’opinion du corps médical, ce qu’il juge être la véritable situation et les véritables sentiments de l’intéressée, opinion basée sur la distinction entre mariées et célibataires. Certains entretiens avec des patientes qui avaient eu une fausse couche m’ont également permis de constater les variations de jugement sur les désirs de maternité supposés et le peu de cas qui est fait de l’expérience subjective des intéressées.

Voici ce que disait Joanna dans la salle d’hôpital après sa fausse couche :

Q : « Qu’avez-vous pensé quand vous avez su que vous étiez enceinte ? »

R : « J’étais contente. Je voulais vraiment avoir un enfant… C’est quand j’ai pas eu mes règles le deuxième mois. Mais je suis pas allée au docteur. J’étais très contente. »

Q : « Et votre ami ? »

R : « Oh, je lui ai dit. Il était content. Il voulait aussi un enfant. »

R : « …eh bien je me suis rendue compte… j’ai pensé que j’allais perdre le bébé  ’étais toute bouleversée quand le docteur m’a dit que j’allais perdre le bébé… on va essayer encore  pour en avoir un autre… je voulais l’enfant. »

Selon le témoignage de Joanna, donc, elle et son ami étaient heureux d’attendre un enfant ; elle était extrêmement affligée de sa perte et prévoyait d’en attendre un autre le plus tôt possible.

Une infirmière de la salle exprima un tout autre point de vue. Selon elle, Joanna manquait de maturité, elle était « bizarre ». L’infirmière raconta que la veille Joanna avait eu des petits saignements et avait dû « passer à table pour qu’on lui enlève tout ça » (autrement dit : avait dû subir un curetage pour achever l’avortement spontané) : elle était bouleversée, avait eu une crise de dépression et avait pleuré toute la journée. L’infirmière décrivit cet état d’affliction comme la preuve que Joanna n’aurait pas dû avoir son enfant de toute façon, et dit que c’était aussi bien qu’elle l’ait perdu étant donné son manque évident de maturité.

Elle ajouta : « Vraiment, j’y renonce avec ces femmes-là. » Elle avait proposé la pilule à Joanna, selon l’habitude avec les femmes célibataires, ce que Joanna avait refusé car elle voulait toujours avoir un enfant. C’était encore un exemple de la « folie » de la jeune femme. Plus tard dans la conversation l’infirmière affirma qu’à son avis les sociologues qui étudiaient l’avortement n’avaient pas conscience de la culpabilité et de la détresse que ressentaient les femmes après un avortement volontaire, « aucune femme ne pouvant accepter tranquillement la perte d’un fœtus ».

Le témoignage d’une femme mariée qui avait eu également une fausse couche apporte un contraste instructif :

« Je me souviens comme ils étaient tous gentils avec moi à l’hôpital. À ce moment-là j’ai pensé qu’ils étaient vraiment merveilleux. Ils étaient très compréhensifs. Ils s’occupaient de moi comme s’ils étaient sûrs que j’étais très affligée. Ils s’attendaient à ce que je le sois. »

Q : « Et pour eux il était certain que vous vouliez des enfants ? »
R : « Oh oui. »

Q : « Et que vous voudriez recommencer ? »

R : « Oh oui ; absolument. Oui, c’était… là-bas ils étaient très compréhensifs et pensaient que je voudrais essayer d’avoir un autre enfant. Ils m’ont dit d’attendre six semaines pour essayer encore. »

Si ces témoignages n’ont que valeur indicative, ils montrent bien comment on prédit ou prête une attitude face à la maternité ou la perte d’un enfant en se basant sur la situation de famille de l’intéressée : distinction sociale et non biologique. Il est probable que si une femme mariée ne se montre pas affligée de la perte de son enfant, ni n’envisage d’en attendre un autre, le personnel hospitalier la considérera comme « bizarre » ou jugera qu’elle n’a pas un instinct maternel normalement développé. On pose simplement a priori que les femmes mariées veulent des enfants de par leur constitution biologique et psychologique.

C’est ce qu’illustre l’exemple suivant : une travailleuse mariée de vingt-neuf ans prenait la pilule depuis six ans en s’adressant à un centre de planning familial. Le personnel du centre exprima un malaise grandissant devant son intention affirmée de ne pas avoir d’enfant. Après une période d’allusions diverses on finit par lui dire directement qu’elle devrait avoir un enfant et qu’on était tout prêt à l’aider à surmonter son « problème » (qui était l’idée qu’elle ne voulait pas d’enfant) ; elle eut beau assurer que son mari et son travail la satisfaisaient très bien, on ne l’en informa pas moins que son refus d’envisager la maternité pouvait n’être qu’une façon de se dissimuler ses insuffisances.

Une autre femme, de vingt-six ans, s’adressa au centre pour demander un diaphragme ; elle précisa qu’elle savait que cette méthode était moins sûre que la pilule mais qu’elle préférait en prendre le risque, la pilule provoquant chez elle des effets secondaires désagréables. Elle quitta le centre en larmes avec une ordonnance lui prescrivant la pilule : on lui avait dit qu’elle était irresponsable et que la pilule ne produisait pas du tout les effets secondaires qu’elle avait décrits. En revanche, un gynécologue affirmait dans une conférence sur les problèmes de stérilité en rapport avec la pilule qu’il fallait décourager une femme d’une vingtaine d’années sans enfant de prendre la pilule et lui prescrire plutôt les méthodes contraceptives moins sûres, car « si elle est enceinte, cela n’est pas très grave si elle est mariée ».

Le problème ici n’est pas la contradiction entre spécialistes ou leur incohérence, mais que leurs concepts universels psychologiques et biologiques varient systématiquement selon la situation sociale ou familiale, la variable principale étant le fait d’être mariée ou célibataire. À la question « Qui veut des enfants ? » ils répondent d’un côté que « toutes les femmes veulent des enfants » et de l’autre que « seules les femmes mariées veulent des enfants ».

Les travailleurs sociaux revendiquent eux aussi les concepts -psychologiques universels du type : « Toutes les femmes désirent instinctivement avoir des enfants ». Pour la plupart des assistantes sociales les femmes célibataires devraient faire adopter leurs enfants pour le bien de tous les individus concernés. L’adoption en général soulève, bien sûr, des problèmes qui dépassent le cadre des références culturelles ordinaires  roblème de l’abandon ; critères pour décider de l’incapacité des parents. Cependant les critères adoptés vis-à-vis des mères célibataires ne sont pas appliqués, dans la pratique, aux mères mariées. Ici on usera de différents langages de motivations : l’un, valable pour les femmes célibataires, fera référence aux droits et au bien de l’enfant ; l’autre, valable pour les femmes mariées, fera référence aux liens du sang et à l’instinct maternel. Étant donné l’intérêt de plus en plus grand porté aux droits et au bien des enfants il se peut que dans l’avenir ces considérations soient reconnues comme valables pour toutes les mères et tous les enfants. Mais à l’heure actuelle deux langages coexistent, l’un applicable aux femmes mariées, l’autre aux célibataires, et une femme mariée trouvera probablement inconcevable de dire : « J’ai abandonné mon enfant pour son bien ».

J’en donnerai pour illustration les propos d’une oratrice à une conférence organisée par l’assistance sociale sur le thème : « La mère célibataire et sa décision » (mes commentaires font suite aux propos de l’oratrice).

« Une jeune fille peut décider de garder son enfant pour d’autres raisons que le bien de ce dernier. »

Combien de couples mariés décident-ils d’avoir des enfants pour le bien de ceux-ci ?

« La jeune fille peut avoir des problèmes affectifs et cela peut être la première fois qu’elle se sent nécessaire. Toutes les femmes désirent en fin de compte le bien de leur enfant, mais toutes n’ont pas la capacité, la force et la discipline de prendre la bonne décision : l’assistante sociale devra voir la situation telle qu’elle est. »

Combien de femmes mariées ont des enfants pour se sentir « nécessaires » ? Combien de personnes mariées ont la capacité, la force et la discipline de prendre de véritables « décisions » dans le domaine des naissances, sans parler des décisions jugées bonnes par l’assistante sociale ?

Lorsque quelqu’un demanda si les intérêts de l’enfant étaient les mêmes que ceux de la mère, l’oratrice répondit :

« Au bout du compte leurs intérêts se rejoignent. Toutes les mères, si elles regardaient la situation objectivement, se sentiraient mieux en faisant adopter leurs enfants. »

Mais il ne s’agissait pas de toutes les mères : seulement de cette partie d’entre elles qui ne sont pas mariées. Lorsqu’on lui demanda ce qu’elle pensait de l’adoption pour les enfants d’une femme mariée dont le mari ne peut subvenir aux besoins et vivant dans de très mauvaises conditions, elle répondit que les assistantes sociales ne voyaient pas les choses sous cet angle et qu’il serait traumatisant pour une femme mariée d’abandonner son enfant.

La question rhétorique posée par une assistante sociale lors d’un autre débat : « Pourquoi l’adoption n’est-elle envisagée que pour les enfants illégitimes ?  Pourquoi pas l’adoption d’enfants légitimes dans un certain nombre de circonstances ? » et les multiples implications qu’une telle question laisse entrevoir, illustrent l’importance des thèmes que je viens d’aborder.

Conclusion

J’ai posé le problème des attitudes vis-à-vis de la grossesse et de la maternité, de l’instinct maternel et des motivations attribuées aux individus ou reconnues par eux dans ce domaine. J’ai essayé de montrer que dans trois métiers « sociaux »  hez les médecins, les infirmières et les assistantes sociales  n considère la reproduction comme « naturelle, normale et instinctive » mais que cependant on rend compte des motivations et des comportements de façon radicalement différente pour les femmes mariées et les femmes célibataires. Quant aux femmes concernées, leur propre définition de la situation diffère bien souvent de celle qui leur est imputée par les agents de ces professions ou d’autres membres de la société, et ne recouvre pas la distinction établie a priori entre femmes mariées et femmes célibataires.

Les divers sentiments et opinions rapportés ici s’inscrivent, bien sûr, dans un certain contexte culturel et historique : à une autre époque ils se seraient exprimés différemment. Mais dans une situation de changements profonds et de renouvellement des langages de motivations, nous avons affaire à des langages différents et contradictoires selon les groupes sociaux. Les « spécialistes » dont nous avons parlé se réfèrent à un répertoire idéologique qui a pu être universellement accepté auparavant, dont les clefs sont l’instinct maternel et l’interdépendance entre sexualité, mariage et reproduction. Il se peut que ces explications et définitions eussent été, à une autre époque, également acceptées par les femmes elles-mêmes. Mais actuellement les femmes peuvent tenir un discours où la sexualité, le mariage et la reproduction prennent une place autonome l’un vis-à-vis de l’autre, tandis que les « spécialistes » maintiennent un ancien discours qui « tient » par son caractère tautologique.

Je n’ai pu faire ici l’analyse des déterminants sociaux des idéologies de la reproduction et des origines des langages de motivations. J’ai simplement pu indiquer les raisons pour lesquelles il ne paraît plus possible, à notre -époque, de poser comme évidence la « reproduction normale ». Cela m’amène à conclure que plutôt que d’accepter l’idée de motivations universelles dans le domaine de la maternité, les sociologues feraient mieux de s’enquérir auprès des individus, hommes et femmes, de leurs propres idéologies concernant la reproduction, ce qui motive leurs décisions dans ce domaine, quelles sont leurs raisons d’avoir ou ne pas avoir d’enfants. Ces témoignages doivent être pris en compte et constituer un objet de recherche. Il serait également intéressant, comme voie de recherche complémentaire, d’analyser les définitions données du mariage et du célibat, leur origine sociale et les idéologies qui s’y rattachent.

P.-S.

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