Toutes les pensions vont baisser, dans le public comme dans le privé, car l’ensemble de la carrière sera désormais prise en compte
Avec le nouveau système universel à points, la référence aux 25 meilleures années (pour les salariés du privé) et aux 6 derniers mois (pour les fonctionnaires) disparaît. Seuls comptent les points accumulés durant la vie active. On voit mal comment le niveau des pensions pourraient ne pas baisser si on intègre dans leur calcul les 17 années les moins bonnes qui ne sont pas prises en compte actuellement pour les salariés du privé, et tous les autres trimestres des fonctionnaires (qui sont mieux payés en fin de carrière).
Concrètement, cela signifie des baisses de pension importantes puisqu’on prendra aussi en compte les mauvaises années, les années où on a été mal payé (donc où on n’a pas accumulé beaucoup de points), les années au chômage, etc [1].
Les infographies du collectif « nos retraites » établies à partir des chiffres du rapport Delevoye, sont ici très éclairantes [2] (voir l’image ci-dessus) :
Tout le monde va donc y perdre : il est absurde de prétendre qu’une réforme qui fait perdre des droits à tous en nivelant par le bas est « plus juste » comme le fait le gouvernement... De la même manière, il est faux de dire que la réforme touche uniquement les fonctionnaires ou les « privilégiés des régimes spéciaux » : elle concerne l’ensemble des travailleurs.
Le système à points permet de faire baisser discrètement le niveau des pensions
Que des perdants : c’est ce qu’affirmait déjà François Fillon en 2016 devant le patronal : « Le système par points, ça permet une chose, qu’aucun politique n’avoue, ça permet de baisser chaque année, le montant des points, la valeur des points et donc de diminuer le niveau des pensions » [3]. C’est justement l’objectif d’un système à points que de pouvoir faire baisser les pensions plus discrètement !
Tout le monde est perdant car tout le monde devra travailler plus longtemps
Avec l’introduction d’un âge pivot à 64 ans, les salariés du public comme du privé y perdent car tous vont devoir travailler plus longtemps pour ne pas subir une décote de leur pension.
Les fonctionnaires à faible niveau de primes vont particulièrement perdre dans cette réforme
Dans la fonction publique, la retraite est actuellement de 75% du dernier traitement indiciaire, mais ne tient pas compte des primes. Un calcul sur l’ensemble de la carrière, prime comprise [4].
Sur ce point, le gouvernement (et Édouard Philippe en premier chef) a promis des « revalorisations » des salaires des fonctionnaires à faible niveau de primes, sans que l’on sache exactement quelle(s) forme(s) elles vont prendre : s’agira t-il des primes ? Si oui, seront-elles ponctuelles ou durables ? S’agira-t-il plutôt de hausses de salaire ?
Ou bien de la fin durable du gel du point d’indice [5], qui conduit chaque année à une perte de pouvoir d’achat des fonctionnaires compte tenu de l’inflation, de l’ordre de 18% depuis 2000 ? Le fait est que les sommes évoquées (400 millions d’euros par an) ne sont pas à la mesure de l’enjeu (de l’ordre de 20 milliards d’euros par an).
La Suède, pays de retraites par points, ne semble pas être un exemple à suivre
On parle souvent de la Suède, qui a mis en place un système de retraites par points. L’évaluation du système suédois menée par trois économistes de la Commission européenne 7 pointe les inégalités engendrées par un tel système (p.2). Les retraités suédois ont un niveau de vie plus bas de 25% que les Suédois d’âge actif, alors que les retraités français ont le même niveau de vie que les Français d’âge actif.
On peut également évoquer le taux de pauvreté des retraités suédois, deux fois plus élevé qu’en France (14,7% contre 7,5% pour la tranche d’âge des 65-74 ans) [6], ou encore la part non négligeable de retraités suédois qui travaillent à côté de leur pension pour maintenir un niveau de vie correct[[Comme on peut le lire ici.].
2ème idée reçue : Le système n’est pas viable financièrement : il faut réformer.