5ème idée reçue : Il faut limiter la part des retraites dans le PIB à 14 %.
La baisse future des pensions va favoriser les retraites par capitalisation
D’accord, on conserve effectivement un système par répartition. Pour rappel, un système par répartition correspond à une solidarité intergénérationnelle : la génération de travailleurs actuelle cotise pour financer les retraites de la génération de retraités actuelle.
À l’inverse, un système par capitalisation correspond à une logique individuelle : chacun cotise actuellement pour se garantir sa propre retraite dans le futur (par l’intermédiaire notamment des fonds de pension).
Mais cette réforme fragilise en grande partie le système de répartition. En effet, avec la baisse future des pensions, il y a fort à parier que celles et ceux qui le peuvent vont se tourner vers des mécanismes complémentaires de retraite en épargnant au fur et à mesure de leur carrière. L’incitation à la capitalisation via la baisse des pensions est claire !
La solidarité intergénérationnelle nécessaire à la répartition est mise à mal
Un système par répartition repose sur une forte solidarité entre les générations.
Or, la réforme actuelle brise la solidarité intergénérationnelle en distinguant trois groupes, ceux nés avant 1975 (pas affectés par le nouveau système, mais qui le seront par l’introduction rapide d’une décote pour un départ à 62 ans), ceux nés entre 1975 et 2004 (affectés par le nouveau système pour la partie de leur carrière qui aura lieu après 2025) et ceux nés après 2004 (entièrement affectés par le nou-veau système).
On monte ainsi les catégories de Français les uns contre les autres [1].
La réforme annoncée intervient dans un contexte particulier, celui de l’arrivée en France des fonds de pension
L’objectif inavoué de la réforme est clair : le passage progressif à un régime par capitalisation, en diminuant progressivement les pensions, ce qui incite les Français à y avoir recours pour compenser [2].
Comment en effet ne pas le penser lorsqu’on lit par exemple que « plusieurs géants américains se positionnent sur les opportunités offertes par la réforme de l’épargne retraite » [3] (dont la très puissante société de « gestion d’actifs » BlackRock) ?
Ou bien que « le gouvernement introduit par la loi PACTE des fonds de pension à la française » [4] ?
Comment ne pas le penser non plus lorsqu’on découvre les (nombreux) liens de l’ex-Haut Commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, avec le monde de l’assurance [5] ?
7ème idée reçue : Il faut en finir avec les régimes spéciaux.