Première remarque : Le Ministre de la République s’exprime apparemment ici au nom des ‘enfants d’immigrés’, autrement dit des indigènes nationaux, ou à tout le moins en tant que tel : c’est le seul sens que l’on puisse en effet donner à la formule : « Nous, nous sommes Français, nés en France... ». La situation ne manque pas d’originalité, dans un pays où la hantise du ‘communautarisme’ est si bien partagée.
Deuxième remarque : Le mot-clé du Ministre semble bien être « ascenseur social », qu’il emploie d’ailleurs à tout propos. Son horizon apparaît donc comme celui d’une société fondamentalement inégalitaire, d’une société ‘à étages’. On ne peut en effet imaginer que tout le monde s’entasse dans les étages supérieurs. L’ascenseur social - quand bien même on en trouverait « la porte » - aura ainsi toujours quelque chose à voir avec un cautère sur une jambe de bois.
Troisième remarque : L’affirmation suivant laquelle l’« égalité des chances » serait « le socle de la république française » est à tout le moins téméraire. Un examen même rapide des réalités sociales conduirait, si cette pétition de principe recelait quelque vérité, à la conclusion que cette république ne repose dès lors que sur un socle bien précaire.
Quatrième remarque, ou synthèse des trois autres : Monsieur Azouz Begag se fout du monde en prétendant que ce que cherchent les indigènes est la porte d’un ascenseur social inexistant. Leur ambition est à la fois plus modeste et plus démesurée : L’égalité réelle. Rien moins.