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Il est vrai que ce sont les patrons qui décident d’embaucher ou de débaucher. C’est le privilège de l’employeur. Il symbolise son pouvoir et le corollaire de celui-ci : le travailleur salarié lui est subordonné. L’état de subordination est fixé dans son contrat de travail. C’est pour contrebalancer (un peu) cette subordination que, progressivement, le droit du travail fut forgé et inscrit dans le Code du travail.
Mais de quoi dépend la création d’emplois ?
Les patrons sont-ils des dieux, dotés de la capacité de créer des emplois par la baguette magique que leur confère le droit de décider ? Non ! Leur baguette ne fonctionne pas sans activité. C’est l’activité économique qui détermine le nombre d’emplois nécessaires.
Faut-il rassurer les patrons ?
L’atonie actuelle de l’activité résulte de la crise économique et non pas de la lourdeur des protections sociales, et elle est aggravée par les politiques d’austérité. Pour détourner l’attention, il faut trouver un bouc émissaire : ce sera le Code du travail, trop lourd, ou bien la Sécurité sociale, qui a toujours un trou, ou bien les allocations chômage, déficitaires (comme si l’Unédic devait faire du profit !). Alors, oui, il faut rassurer les patrons : le Code du travail est là pour les protéger eux aussi, parce que, au bout d’un siècle de lois et de jurisprudence, beaucoup de cas de litiges potentiels sont prévus, et réglés. Elle est là la visibilité ! Si on amputait le Code du travail, ils ne sauraient plus quoi faire. Bon, voyons, j’embauche un apprenti de 14 ans ou pas ? Je paie une femme moitié tarif qu’un homme ou pas ? Je fais travailler 35 heures ou 60 heures par semaine ?
Alors qui crée des emplois ?
Au départ, il y a des besoins, soit qui entrent en adéquation avec des perspectives de profit de la part des entreprises, soit qui n’y entrent pas et qui sont alors délaissés faute de demande solvable, à moins que la collectivité n’en décide autrement.
Que peut faire alors la collectivité ?
Elle peut inciter les entreprises à anticiper l’avenir : par exemple, aiguiller les investissements vers la transition écologique, vers la qualité et la durabilité des produits, vers la formation. Elle peut engager elle-même des investissements publics pour la recherche, l’éducation, de nouveaux systèmes énergétiques et de transports… Elle peut réduire progressivement le temps de travail pour partager celui-ci en même temps que les revenus.