Le gouvernement prétend que les nouvelles mesures sur le temps de travail n’affaibliront pas les droits des salariés et que leur santé sera protégée. Il n’en est rien, bien au contraire.
Comment faire travailler plus et payer moins ?
Première astuce : négocier par accord d’entreprise une diminution de la rémunération des heures supplémentaires (+10 % au lieu de +25 % actuellement). Deuxième astuce : étendre la modulation du temps de travail, sans accord collectif, sur 9 semaines au lieu de 4 semaines. Troisième astuce : calculer les heures supplémentaires au bout de 3 ans, avec un accord de branche. Dernière astuce : instaurer le forfait jours dans les petites entreprises avec l’accord d’un « salarié mandaté » par n’importe quel syndicat.
Des travailleurs plus pressurés et moins soignés
En réduisant la protection des CDI (85 % des salariés), la loi Travail accroît l’insécurité de l’emploi : or il s’agit d’une cause majeure de souffrance mentale et de dépressions. Pire encore, la loi dépèce littéralement la médecine du travail : la visite médicale d’embauche est supprimée, la visite périodique pour tous les salariés également, et c’est l’employeur qui pourra définir les « postes à risques » qui bénéficieront seuls d’un suivi médical régulier. Prenons l’exemple des métiers à prédominance féminine pour lesquels les risques et la pénibilité sont sous-évalués : une caissière de supermarché, qui porte chaque jour plusieurs tonnes, sera-t-elle considérée comme exerçant un métier à risque ?
Cette loi aggravera la situation des salarié·e·s dans les secteurs les plus précaires et les plus dangereux (hôtellerie, restauration, nettoyage, commerce, construction et agriculture), ce qui pénalisera particulièrement les femmes, les jeunes, les immigrés, les salariés usés par le travail.
Une solution : réduire le temps de travail
Plus que jamais, une véritable réduction collective de la durée du travail apparaît comme la seule alternative permettant de résister à cette volonté du patronat et du gouvernement d’intensifier le travail et d’amplifier la flexibilité. C’est le seul moyen d’exiger des embauches et d’en contrôler l’effectivité afin de permettre une alliance entre chômeurs / chômeuses, salarié·e·s en sous-emploi (femmes à temps partiel en particulier) et ceux et celles qui ont un emploi. C’est enfin, à condition d’empêcher la hausse des cadences, une manière de préserver la santé des salarié·e·s et de leur donner du temps pour vivre mieux.