Accueil > Études de cas > Libéralisme et néo-libéralisme > la réforme faciliterait l’accès des jeunes au CDI

la réforme faciliterait l’accès des jeunes au CDI

Troisième partie du petit guide contre les bobards de la loi Travail

par Attac
4 avril 2016

« Il est temps d’agir et il faut agir de façon extrêmement musclée », a déclaré Pierre Gattaz le 15 décembre dernier lors d’une conférence de presse. Sur le chômage il faut agir « aussi sérieusement qu’on a traité les attentats terroristes, c’est-à-dire avec un état d’urgence économique pour la croissance et pour l’emploi ». Un mois et demi plus tard était publié le projet de loi Travail qui reprend l’essentiel des exigences du Medef. Et pas seulement : François Hollande « se sait sous surveillance de Bruxelles et de Berlin quant aux réformes – « on coche une case », plaisante-t-il parfois » (Les Échos, 17 mars 2016).

Car la France peine à faire décoller sa croissance. Les éditorialistes nous serinent chaque jour : le chômage des jeunes bat des records, alors qu’ailleurs en Europe règne le plein emploi, obtenu au moyen de réformes salvatrices.

Le gouvernement doit donc supprimer les rigidités du marché du travail, qui sont la faute d’un Code du travail trop protecteur. Mais comment faire accepter des réformes musclées, nécessairement impopulaires, à un peuple ignorant des évolutions du monde ?

En lui racontant des bobards.

Qui veut noyer la démocratie la submerge de bobards. Le petit guide en 8 parties édité par Attac se veut donc un outil contre le mépris, au service de la lutte contre la loi Travail et de cette insurrection démocratique dont nous avons tant besoin. Nous publions ici la troisième partie.

Deuxième partie

Diminuer les protections attachées au CDI « va permettre de sortir du dualisme du marché du travail en autorisant les plus fragiles à accéder à un CDI dès lors que l’employeur n’aura plus peur du coût de la rupture » (Emmanuel Macron, La Tribune, 25 février 2016). Tel est l’argument du Medef repris aujourd’hui par le gouvernement pour faciliter les licenciements économiques.

Un CDI jetable

Les CDD représentent près de 90 % des embauches, et concernent surtout des jeunes qui enchaînent les contrats courts pendant des années avant d’arriver peut-être à un CDI. Mais le Medef et le gouvernement oublieraient-ils que 85 % des salarié·e·s sont en CDI ? Soit la même proportion qu’il y a 20 ans. Pensent-ils vraiment que faciliter le licenciement de ces 85 % permettrait de résoudre le problème des 15 % restant ?

Car le CDD, s’il est un contrat temporaire, est relativement protecteur pour le salarié : il ne peut pas être rompu par l’employeur (sauf faute grave), et il prévoit une indemnité de fin de contrat. D’ailleurs, le patronat veut briser le CDI, mais il a aussi assoupli le CDD, avec le « CDD de projet » (pour les cadres) et le « CDD d’usage » pour certaines professions (arts et spectacles, formateurs, cuisiniers...), beaucoup moins contraignants pour les patrons.

En instaurant le CDI jetable en cas de simple ralentissement économique ou de changement technique, on réduira peut-être le nombre de CDD, mais pas la précarité. Quel propriétaire de logement louera, quel banquier prêtera à un·e jeune qui vient juste d’être embauché·e en CDI ?

Des règles simples contre la précarisation

L’accroissement de la précarité ne s’explique pas par les rigidités du CDI mais par l’instabilité de l’économie soumise aux caprices de la finance et des banques. Faut-il taxer les CDD pour dissuader les employeurs d’y recourir ? Cela ne serait pas inutile. Il est vrai qu’une taxation des CDD, surtout les plus courts, existe déjà depuis plusieurs années sans avoir vraiment fait la preuve de son efficacité. Mais elle ne concernait presque pas le « CDD d’usage » (50 % des embauches en CDD) ni l’intérim.

Il faudrait surtout supprimer les « CDD d’usage ». On pourrait fixer un pourcentage maximum de CDD ou de contrats d’intérim possible par entreprise. Et enfin, tout simplement, appliquer l’actuel code du travail, qui réserve le CDD et l’intérim à des circonstances très précises (remplacement ou surcroît temporaire d’activité).

Quatrième partie

P.-S.

Nous republions ce guide avec l’amicale autorisation d’Attac.