Si les gilets jaunes et la lutte contre la réforme des retraites sont des mobilisations en partie différentes (située à la périphérie du champ politique pour les premiers, encadrée par les syndicat pour l’autre), leur répression apparaît, elle, similaire. Pas seulement par la violence des forces policières, de plus en plus militarisées, de moins en moins contrôlées, mais aussi par la violence verbale et ces mécanismes désormais bien connus de dénégation des exactions subies par les (…)
Les mots sont importants (lmsi.net)
Un mot explosif
28 mars 2024
C’est aux Éditions Anamosa, la collection se nomme « Le mot est faible », on y trouve d’excellents ouvrages comme celui de Sarah Mazouz consacré au mot « race ». Éléonore Lépinard a justement publié, avec Sarah Mazouz et chez Anamosa, un important manifeste au titre éloquent : Pour l’intersectionalité. C’est à un autre mot qu’elle consacre aujourd’hui sa réflexion : le mot féminisme. Un mot (…)
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Les violences policières dans la presse écrite : les mots de trop et les mots qui manquent
Analyse du traitement médiatique du mouvement des Gilets Jaunes
par 10 avril 2023 -
La mémoire est-elle une affaire de femmes – et l’histoire, une affaire d’hommes ?
Retour sur un vieux partage
par 3 avril 2023Qu’il s’agisse de la Seconde Guerre Mondiale ou du passé colonial et esclavagiste, des programmes d’histoires ou des déboulonnages de statues, et que le « devoir de mémoire » soit érigé en panacée politique (au service d’une ingénierie sociale irénique visant à « apaiser » les « plaies » et « réconcilier » toutes les composantes de la nation) ou décrié comme un funeste « enfermement », voire un odieuse exigence de « repentance » , le débat public mainstream est saturé de « gros concepts » et (…)
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En hommage et soutien à Pinar Selek, dont débute aujourd’hui le nouveau procès, éminemment politique, et éminemment odieux, nous republions un extrait de son livre Parce qu’ils sont arméniens, qui reparait cette année. Nous sommes dans un collège d’Istanbul, peu après le coup d’Etat de 1980. On y chante, comme on le fera dans toutes les écoles jusqu’aux années 2000, tous les lundis matins et tous les vendredis après-midis, cet hymne nationaliste : « Heureux celui qui se dit turc ! » – et (…)
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Un voyage en Arménie
Quelques réflexions autour du roman graphique de Frédo Burguière et Aurel : Les 3 vies d’Arminé
par 26 mars 2023Subir, survivre, combattre collectivement. Tomber, se relever, se soulever. Cette histoire en trois actes, que les communautés arméniennes ont vécue de la plus radicale des manières, Arminé l’a revécue personnellement depuis le tremblement de terre de 1988. Tragiquement endeuillée, amputée de ses jambes, elle s’est reconstruite dans le handisport de haut niveau, avant de se lancer dans l’action associative en faveur des handicapé·e·s. Nous ne dévoilerons pas davantage ici le détail de cette (…)
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Une femme qui ne veut pas baiser, décidément ça ne passe pas
Sur le sexisme du Canard Enchaîné
par 22 mars 2023Tout en faisant mine de considérer qu’il s’agit d’un non-événement, aussi grotesque qu’incompréhensible, le Canard Enchaîné reprend en Une une info que le journaliste « F. P. » semble avoir du mal à digérer : Ovidie fait la grève du sexe depuis 4 ans.
C’est pourtant, plutôt qu’un scoop, une réflexion pas inintéressante que propose Ovidie dans un entretien donné au journal le Monde le 12 mars, après que la journaliste lui a demandé : « Après avoir été militante prosexe, vous avez entamé, à (…) -
Syrie : le martyre d’une révolution
Rencontre avec Joseph Daher autour de son nouveau livre, mercredi 19 avril à Paris
par 21 mars 2023Comment un immense soulèvement populaire a-t-il pu être étouffé et noyé dans le sang ? Pour répondre à cette question, Joseph Daher revient à la racine du problème, en proposant, dans son livre Syrie. Le martyre d’une révolution, une analyse minutieuse du régime de Bachar al-Assad, mélange de despotisme et de corruption. Puis il reprend le déroulé précis du soulèvement et de la répression brutale qui lui a aussitôt répondu, et rappelle enfin par quels processus historiques singuliers un (…)
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Paru initialement dans la revue féministe Axelle en février 2018, et basé sur une série de témoignages de femmes et d’hommes ayant grandi en Belgique, le texte qui suit aborde un sujet crucial, encore trop peu investi, aussi bien dans le monde médical que celui des sciences sociales – et plus encore celui des grands médias : celui de l’expérience du racisme par les enfants, et des marques que ce racisme imprime sur la construction de la personnalité.
« Ilyas, mon fils, était en (…) -
Les Arméniens ne dormaient pas
Retour sur un reportage d’Arte TV, et son titre consternant
par 14 mars 2023C’est signé Mayalen de Castelbajac, et diffusé sur Arte TV. Cela dure treize minutes. Tout n’est pas inintéressant, loin de là. Mais la teneur, et plus encore le titre de ce reportage posent problème et font violence. Les lignes qui suivent expliquent pourquoi.
C’est un des problèmes classiques que pose le mot « mémoire », et surtout de la métaphore du « sommeil » et du « réveil », singulièrement euphémisante sur les mécanismes de pouvoir réels qui sont à l’oeuvre : la vérité, ici comme (…) -
Éclaboussure
Quand un quotidien de gauche entérine la dédiabolisation de l’extrême droite
par 13 mars 2023Le combat est loin d’être gagné, pour requalifier les « bavures » en « violences policières », et plus encore en « violence policière » au singulier, systémique et structurelle, mais l’on pensait au moins acquise l’idée que l’extrême-droite est structurellement, fondamentalement, porteuse de haine et de violence. C’était compter sans les trente années de lepénisation qui ont, dixit nos éditocrates autorisés, « dédiabolisé » ladite extrême-droite – de moins en moins qualifiée d’extrême (…)
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« Sweet, soft, smooth » : c’est par ces trois mots qu’en 1757, déjà, le philosophe Edmund Burke proposait de donner un contenu concret à la notion du « beau ». Un bon siècle plus tard, Friedrich Nietzsche opposait le tumulte romantique et post-romantique, propre aux sociétés pacifiées, à l’harmonie reposante et consolante que recherchent dans l’art les peuples en guerre – ou en proie à la persécution. C’est à cette fonction apaisante de l’art que semblent se rapporter, depuis plusieurs (…)