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Appels contre la pénalisation du mouvement social

Solidarité avec les six de Pau et les quatre de Tours


10 septembre 2010

Alors que les « quatre de Tours » s’apprêtent à comparaître, le 16 septembre prochain, nous republions, en solidarité, deux appels contre une même tendance, plus que préoccupante, à la pénalisation de la solidarité et de liberté d’expression. Plusieurs initiatives de soutien aux 4 prévenu-e-s sont prévues pour les jours à venir : deux rassemblements devant le Palais de Justice de Tours, Place Jean Jaurès (le lundi 13 septembre 2010 à 18h et le jeudi 16 septembre 2010 à 13h) ; une rencontre-débat avec la juriste Danielle Lochak, les historiens Olivier Le Cour Grandmaison et Cédric Delaunay et un membre du Collectif national de résistance à Base-élèves (le mardi 14 septembre à 20h au Centre de Vie du Sanitas à Tours) et enfin une soirée infos / concert le mercredi 15 septembre avec la ZEP (Zone d’Expression Populaire) et Funktion en première partie (au Centre Culturel Communal de Saint-Pierre des-Corps à partir de 18h00). Par ailleurs, TV-Bruits sera à Tours du 13 au 17 septembre, avec pour objectif de mettre en ligne un sujet par jour sur leur site et celui du Comité de Soutien.

Relaxe pour les 4 de Tours !

À l’initiative du ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, à qui ses propos racistes ont valu une récente condamnation correctionnelle, deux militant-e-s du réseau RESF d’Indre-et-Loire, et deux du collectif Soif d’Utopies sont poursuivis devant le Tribunal correctionnel de Tours pour « diffamation publique » contre l’administration préfectorale : ils avaient dénoncé les méthodes utilisées dans la chasse aux sans-papiers et à leurs enfants, rappelant celles de la police de Vichy, en particulier l’utilisation par l’administration des fichiers de la « base-élèves ».

Après l’affaire des 6 de Pau, poursuivis pour outrage pour avoir établi cette même comparaison, c’est un pas de plus qui est franchi dans la criminalisation du militantisme, les restrictions à la liberté d’expression, la toute-puissance sécuritaire.

Nous sommes solidaires du combat de ces militant-e-s pour le respect des droits et de la dignité de chacune et de chacun. Nous considérons qu’en s’exprimant comme elles l’ont fait, les personnes aujourd’hui poursuivies n’ont fait qu’exercer leurs droits de citoyens, en conformité avec leur conscience, et ont dit ce que, avec des millions de nos concitoyens, nous ressentons lorsque les enfants des écoles sont utilisés pour traquer leurs parents.

Dans le procès qui leur est fait, nous les soutenons, et nous appelons à les soutenir. Nous demandons leur relaxe pure et simple.

En 2002, le ministre de l’intérieur – aujourd’hui président de la république – avait fait poursuivre le rappeur Hamé pour le contenu d’un texte qu’il avait publié : au terme de huit années de procédure, la Cour de cassation vient de rendre définitive la relaxe prononcée par le tribunal et deux cours d’appel. C’est une victoire pour la liberté d’expression. Elle doit être consolidée par la relaxe des quatre de Tours.

Contre la pénalisation du militantisme, pour la liberté d’expression, contre la toute puissance policière, soutenons les quatre de Tours !

Relaxe pour les quatre de Tours !

Signature en ligne sur le site du Comité de soutien aux quatre de Tours

Soutien aux six de de Pau

La justice poursuit pour délit d’outrage, sur plainte du préfet des Pyrénées Atlantiques, six personnes ayant soutenu par courriel une famille déboutée du droit d’asile risquant une expulsion. Pierre Favre (Haute-Savoie), Gérard Chevrot (Haute-Savoie), Yves Ribault (Savoie), Valérie Martinez (Val d’Oise), Docteur Eric Soares (Charente-Maritime), Daniel Candas (Rhône) ont tous les six comparu au tribunal de Pau le 10 juin 2010 – et ont été condamnés.

Le préfet leur reproche d’avoir :

« … proféré à son encontre des accusations (…) allant jusqu’à établir un parallèle entre sa décision et les méthodes utilisées par les nazis et le régime de Vichy »

(Philippe Rey - août 2008)

Comme les 6 de Pau nous estimons que les enfants n’ont pas leur place dans un centre d’enfermement et nous approuvons leur démarche.

Nous nous inquiétons de voir qu’une référence à l’histoire pour apprécier une politique puisse être assimilée à un outrage à haut fonctionnaire alors qu’il s’agit d’une démarche intellectuelle qui procède de la liberté d’expression, droit inscrit dans notre Constitution et fondamental dans toute démocratie.

Nous protestons contre l’utilisation faite ici du délit d’outrage pour tenter de limiter la portée de ce droit, dont nous revendiquons l’usage plein et entier.

Signature en ligne sur le site du Réseau Éducation Sans Frontières