On sait que la force de l’idéologie dominante – de l’idéologie des dominants – réside précisément en ce qu’elle s’efface, y compris aux yeux d’une grande partie des dominés. Plus elle est invisible, plus elle infuse la pensée commune, plus elle est opérante C’est ce que Saïd Bouamama appelle l’ « arôme idéologique immédiat ».. Il importe donc de neutraliser suffisamment tout ce qui peut la rendre à nouveau visible pour lui conserver sa force de « bon sens », de « juste milieu ».
L’une des techniques les plus efficaces pour ce faire est d’assimiler aux « extrêmes » toute analyse qui permettrait de dénoncer l’inconsistance de ce féminisme vidé de sa substance, afin de faire de celui-ci le seul féminisme moralement défendable. Pour cela, rien de tel que quelques repoussoirs.
Delphy / Zelensky : même combat !
L’un des aspects les plus vomitifs du hors-série réside sans doute dans l’entreprise de diabolisation de Christine Delphy à laquelle se livre avec insistance Gérard Biard, secondé de Caroline Fourest et de Caroline de Haas.
Tout d’abord et avant tout autre remarque, qu’il me soit permis de douter que Gérard Biard ait jamais lu les textes de Christine Delphy. Je ne vois tout simplement pas comment il pourrait poser des questions aussi stupides et mensongères s’il les avait lus. Des questions telles que celle posée à Caroline Fourest « Qu’est-ce qui explique selon toi que des féministes historiques, comme Christine Delphy ou Anne Zelensky, rejoignent l’extrême droite ? »
Alors là, d’un point de vue purement esthétique, on frise la perfection ! Les deux « extrêmes » qui se rejoignent en une figure circulaire d’une telle harmonie, mon dieu, les larmes m’en viennent aux yeux !
D’un point de vue politique en revanche, le procédé est éculé – mais visiblement toujours tentant, pour qui n’a pas d’argument cohérent à opposer à une pensée elle-même impeccablement construite, que de la discréditer simplement en l’accolant à une autre, qui n’a pourtant strictement rien à voir (il suffit de lire une fois dans sa vie une diatribe raciste et haineuse de Zelensky pour s’en convaincre). Eculé, malhonnête, mensonger, d’une crapulerie totale, on pourrait accoler encore bien des épithètes à la chose…
La réponse de Caroline Fourest – qui dissimule assez mal son intense contentement que lui soit ainsi offerte une tribune pour dégommer une adversaire politique – est évidemment à l’avenant. Je la cite dans son intégralité, car elle vaut son pesant de cachous :
« Quand on a été à l’avant-garde de combats fondamentaux, dans le lot de ces avant-gardistes, il y aura forcément des gens qui vont partir trop loin dans un sens ou dans l’autre. [La loi est mathématique, quoiqu’artistiquement floue, et elle sera désormais reconnue internationalement par tous les scientifiques sous le nom de Théorème de Fourest] On a ici deux figures historiques du féminisme, emblématiques de deux choix opposés. D’un côté, Christine Delphy, l’une des figures du MLF et grande théoricienne du féminisme – et elle le restera, ça ne change rien – [incise d’une grande mansuétude sur laquelle je reviendrai], qui décide, au moment du débat sur les signes religieux à l’école publique, de nouer un pacte avec les Indigènes de la République, et au-delà, avec les islamistes anti-avortement… Au nom de quoi ? D’un féminisme tiers-mondiste. Mais son tiers-mondisme a pris le pas dans cette affaire-là, au point de la rapprocher de gens qui sont des antiféministes. On a la même chose avec Anne Zelensky, mais à l’autre bout du spectre. En tant que féministe, elle se bat contre le voile, et, donc, contre l’intégrisme islamique [ô la force d’un petit « et-virgule-donc », ô sombre beauté du raccourci, que dis-je de l’amalgame, admire, vraiment, ça fait presque mal aux yeux !], mais elle va tellement loin qu’elle noue une alliance avec Riposte laïque et, via cette alliance, se retrouve acoquinée avec des gens du Bloc identitaire, avec Batskin, avec des antiféministes d’extrême droite… »
Bon. Revenons un peu là-dessus, parce que c’est du lourd.
Alors primo, le péché originel de Christine Delphy, c’est de s’être opposée à ce que des filles soient, au nom du féminisme et du respect de l’égalité des sexes et des principes républicains, exclues de l’école publique française. Ce faisant et contrairement à Anne Zelensky, elle s’est refusé à lutter contre « l’intégrisme islamique »-qu’il-est-contenu-dans-le tissu-du-foulard-que-si-tu-le-mets-sur-ta-tête-rien-à-faire-l’intégrisme-il-est-dedans…
Deuxio et à cette occasion, elle a noué un « pacte » (ouh la, mais dis-donc Rémy, ce serait-tu pas comme le début d’un complot antirépublicain c’t’affaire ?) avec les Indigènes de la République et « au-delà avec les islamistes anti-avortement ». Ah tiens, c’est drôle, ceux-là ils n’ont pas de nom… Ils auraient pu s’organiser un peu, quoi, qu’on les repère, c’est quand même pas compliqué de s’appeler les Islamistes Anti-Avortement, avec des majuscules partout, qu’on sache exactement de quoi il s’agit et combien de membres ça compte, que diable. Et que soient historiquement référencées les rencontres entre ce sombre et protéiforme ennemi du féminisme et Christine Delphy…
Trêve de sarcasmes, même s’ils sont forcément tentants face à un tel déluge de calomnies (qui, selon un procédé familier de Caroline Fourest, ne portent pas sur des arguments précis développés dans des écrits ou interventions mais sont simplement des insinuations mensongères sur la personne).
Il faut quand même insister un peu sur ce point tant ces calomnies sont graves et pourraient véritablement donner matière à un procès en diffamation. En effet, le seul compagnonnage avéré – et revendiqué – de Christine Delphy avec des militantes revendiquant elles-mêmes leur islamité s’est fait autour du Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE), qui réunit des musulmanes voilées, des non-voilées et des non-musulmanes. Et l’une de leurs premières apparitions publiques fut justement une participation à la manifestation de défense du... droit à l’avortement ! C’était début 2005, à l’occasion des trente ans de la loi Veil. On voit bien là jusqu’où peut aller la volonté de nuire de Caroline Fourest et le peu de cas qu’elle fait de la vérité.
Ce qui me frappe finalement le plus, dans cette bouillie, c’est cette petite phrase qui tue, ce « ça ne change rien » qui reconnaît à Christine Delphy le statut de « grande théoricienne du féminisme », nonobstant d’erratiques errements en terrain « tiers-mondiste »… Comme si sa pensée était débitable en petits morceaux distincts dont certains sont à garder et d’autres à jeter, comme s’ils ne formaient pas une cohérence, alors qu’au contraire elle bâtit sans cesse des ponts entre les différents systèmes de domination et que c’est cette transversalité qui l’amène à rejeter radicalement le racisme, y compris celui qui peut sévir dans la tête des féministes blanches.
Et pour quelqu’un comme Caroline Fourest, qui prétend étudier et dénoncer les violences faites aux femmes au nom des intégrismes religieux, focaliser le débat sur l’islam de façon appuyée et avec des arguments totalement pervers « change tout ». Et ce changement est d’ailleurs ce qui lui a valu reconnaissance et visibilité.
Un peu à la manière d’un Freud (toute proportion gardée ! je ne pense pas que le siècle prochain citera encore Fourest) revenant sur sa théorie première pour pondre un « complexe d’Œdipe » qui lui a valu une place parmi les grands penseurs du XXème siècle (alors que sa théorie de la séduction, abandonnée rapidement, lui avait juste valu le mépris et le rejet de ses pairs) [1], Caroline Fourest, depuis qu’elle défend avec ferveur la laïcité à la française, ne prêche plus dans le désert…
Ce n’est pas ponctuellement, sur des questions marginales telles que l’islam, que la pensée de Delphy et celle de Fourest divergent, à partir d’une base qui leur serait commune. C’est au contraire à la racine qu’elles sont différentes. Ce que d’ailleurs Caroline Fourest avoue en partie, puisqu’Anne Zelensky se contente d’aller trop « loin » dans ce qui, pourtant est censé être la bonne direction…
Mais avant de se pencher plus avant sur la rhétorique développée par Charlie Hebdo, via Caroline Fourest (elle n’est pas la seule mais son rôle est central), il faut lui faire justice et reconnaître qu’elle n’est pas la seule à vouloir la peau de Christine Delphy : Caroline de Haas apporte elle aussi une contribution non négligeable et, semble-t-il, spontanée.
Voici en effet un extrait de son entretien avec Gérard Biard :
« Justement, une société féministe est par principe une société égalitaire. [dit Gérard Biard et on voit qu’il présuppose l’existence de ce qui à ce jour ne peut guère être qu’un projet tant on est loin de son avènement) Pourtant, au prétexte de la lutte contre l’islamisme, certaines féministes rejoignent l’extrême droite. Comme Anne Zelensky, qui fut l’une des initiatrices du Manifeste des 343 salopes et qu’on voit aux côtés des identitaires…
C’est notre drame [répond Caroline de Haas]. Il y a aussi Christine Delphy. Ces femmes étaient des piliers du MLF. Il y en a une qui se retrouve aux côtés d’ « Une école pour tous », à défendre le voile à l’école, et l’autre qui termine avec des nazis… Mais ce n’est pas étonnant. Les femmes ont toujours été instrumentalisées à des fins politiques. Sarkozy instrumentalise les femmes avec la burqa pour stigmatiser une population. Le jour où Sarkozy sera féministe, ça se saura… Faire une loi en soi, pourquoi pas, mais si on considère que c’est une violence sectaire, nul besoin de faire une nouvelle loi, qui plus est contre les victimes. C’est exactement comme pour les prostituées : à aucun moment on n’analyse le mécanisme d‘oppression et d’exploitation. Le voile, ce n’est pas un choix individuel, c’est l’expression politique de la différence entre les femmes et les hommes. »
Là, il faut bien avouer qu’on tangue devant tant d’inconsistance… Passons sur l’expression « défendre le voile à l’école », qui recouvre une réalité quelque peu différente de « défendre le droit des filles portant foulard à aller à l’école publique »…Ben oui, c’est vrai quoi, dès qu’on est précis, on est moins convaincant, quand on n’a pas d’argument rationnel. Passons également sur la phrase « Les femmes ont toujours été instrumentalisées à des fins politiques. » qui, une fois de plus, n’utilise l’argument de l’instrumentalisation que pour mieux s’en défendre.
Ce qui laisse coit-e, c’est surtout l’illogisme total de la pensée : alors comme ça, Sarkozy instrumentalise le féminisme à travers la loi sur le port de la burqa – mille excuses, sur la république qui se « vit à visage découvert » – mais la loi sur le port du voile à l’école est, elle, une loi juste ? La loi sur la burqa, ou les lois sur le racolage passif sont des lois « contre les victimes », mais la loi qui exclut des filles de l’enseignement public français au prétexte d’un bout de tissu (quand bien même il serait « l’expression politique de la différence entre les femmes et les hommes ») [2] est une loi juste ?
Les voies d’un certain féminisme sont décidément des plus obscures à l’entendement…
Le bon grain et l’ivraie. Ou : laïcité, j’écris ton nom
La rhétorique développée par Fourest, et par d’autres à sa suite, a déjà été brillamment analysée ailleurs : technique du « oui mais » [« La spécialité de Caroline Fourest et ce qui l’a rendue si populaire auprès de médiacrates aussi peu soupçonnables de progressisme qu’Yves Calvi ou Arlette Chabot, c’est sa maîtrise du « Oui mais » : Oui, certes [placer les arguments traditionnels des mouvements de gauche dans leur version les plus compassionnelles sur un sujet pendant un paragraphe], MAIS [placer les postulats conservateurs dominants sur le thème en lui passant un coup de vernis de gauche]. » Voir l’article de CPPN, Oui, certes mail les Grecs sont quand même des salauds.]], attaques ad hominem, construction d’un « mauvais objet » (exemple : les Indigènes de la République sur le sol français, les Frères Musulmans partout ailleurs dans le monde) contre lequel on s’oppose sans plus avoir besoin de prouver la validité de ce qu’on lui oppose, etc… [3]
Ce qui est intéressant dans la façon dont elle énonce sa pensée au sein de ce hors-série, c’est qu’elle prend en compte sinon les critiques qui lui ont été adressées en elles-mêmes, du moins le fait qu’il lui en a été adressé de nombreuses, et que sa réputation d’islamophobe émérite commence à se répandre au-delà des cercles « droitsdel’hommistes ».
Il lui importe donc d’amender son discours afin qu’il semble mesuré et non centré sur le seul islam. Cela nous vaut de longs morceaux de bravoure où Caroline Fourest démontre une connaissance intime de l’islam et des différents courants qui le traversent. Il y a par exemple des croyants qui essaient d’extirper le mal de la religion, et eux ce sont les gentils, qu’il ne faut pas confondre avec ceux qui prêchent le bien au nom de la religion, et eux ce sont les méchants. Attention, la différence est subtile… et n’est bien sûr étayée par rien. [4]
Une petite touche de flou, un estompage du plus bel effet, ou comment passer pour une grande spécialiste qui maîtrise vachement bien toutes les nuances allant de l’islam à l’islamisme (concepts dont les contours sont également tout sauf nets), tout en ne disant jamais rien de concret ou précis. On comprend bien pourquoi Mona Chollet dit de Fourest qu’elle est « en passe d’élever [l’approximation] au rang des beaux-arts » ! [5].
Plus fort encore, Caroline Fourest prétend que son discours n’a rien à voir avec la récupération du féminisme qui est opérée par le pouvoir afin de discriminer les populations migrantes ou issues de l’immigration.
« il y a plus que jamais un lien entre la défense de la laïcité et la défense des droits des femmes. A ne pas confondre avec un lien entre la défense des droits des femmes et les politiques sécuritaires et anti-immigration. On a assisté à des conversions un peu massives au féminisme, ces derniers mois… Mais personne n’est dupe de gens qui ne sont féministes ou laïques que face à l’islam. » Comprenez bien entendu qu’elle ne fait pas partie, ah non vraiment pas, de cette dernière catégorie.
Et, à propos de Zemmour (un petit repoussoir sur la droite, histoire de ne pas donner l’impression qu’on est fâché que sur sa gauche) :
« (…) il y a beaucoup d’identification à ce malaise et à cette peur de perdre sa virilité. Ces gens ont une particularité : ils sont tout à fait prêts à défendre les droits des femmes face à l’islam – là, pour le coup, c’est limite s’ils ne sont pas plus féministes que les féministes – mais, dès qu’il s’agit de remettre en cause leur pouvoir de domination, les féministes sont responsables de tout. »
Cette dernière remarque est très juste, et l’on peut s’étonner de ce que Caroline Fourest ne l’a pas faite lors de la cérémonie de remise du prix du livre politique qu’elle a reçu en 2006 des mains de Jean-Louis Debré à l’assemblée nationale (pour La Tentation obscurantiste, qui décrit avec force adjectifs anxiogènes l’invasion islamique qui nous pend au nez), où elle était pourtant en présence d’un très grand nombre de ces « féministes » qui ont bien du mal à accepter de « remettre en cause leur [propre] pouvoir de domination »… On voit bien qu’il est facile de se payer de mots au sein d’un hors-série de Charlie Hebdo, sans jamais avoir ce même discours face à ses tout nouveaux amis politiques…
Et qu’il ne suffit pas de se répéter antiraciste pour l’être véritablement. Ne pas être raciste pourrait aussi consister à ne pas se poser comme l’instance qui sait séparer le bon grain de l’ivraie parmi les musulmans. Cette posture a d’ailleurs été parfaitement bien analysée par… Christine Delphy ! Et en lisant ce qui suit, on comprend bien l’urgence qu’il peut y avoir à l’attaquer et tenter de la rendre inaudible…
« Pour en revenir aux hyper-laïcs, qui prétendent qu’il faut faire dans la vie publique comme si les religions n’existaient pas, très curieusement ils passent leur temps non seulement à étudier l’islam, mais à l’expliquer aux musulmans. Les grands “spécialistes” de l’islam que sont Bernard-Henri Lévy et Caroline Fourest font assaut de citations de hadiths et de sourates et deviennent des exégètes du Coran. Ils expliquent, comme le fait aussi le Premier ministre, que le foulard ou le niqab « ne sont pas des obligations religieuses pour les musulmanes ». (…)
L’État, par exemple, se mêle de fabriquer un « islam de France (…) Mais c’est complètement contradictoire avec la loi de 1905 et la liberté de conscience et de culte. Les gens ont le droit de croire à ce qu’ils veulent, et il n’y a donc pas de “bonne” ni de “mauvaise” interprétation de l’islam — ou de l’astrologie — du point de vue de la loi, du point de vue de l’État. Car la loi de 1905 met sur le même pied toutes les croyances, l’astrologie et le voltairisme, le bouddhisme et l’athéisme. L’État n’a tout simplement pas à intervenir dans les questions religieuses, dans les convictions individuelles : c’est là l’une des libertés fondamentales. » [6]
Cette posture du « on n’est pas contre l’islam, c’est vous autre musulmans qui le comprenez mal », se double chez certain-e-s d’un angélisme bêta qui confond laïcité et perfection morale de tous les instants. Lire à ce propos l’analyse de haut vol que fait Caroline de Haas de l’utilisation de la laïcité par Marine Le Pen : « Quand j’entends Marine Le Pen récupérer la laïcité, je suis horrifiée, car elle récupère quelque chose de fondamental à gauche. Et la gauche, qu’est-ce qu’elle fait ? Elle défend l’islam [si si… On ne rit pas, je n’invente rien, la gauche française « défend l’islam » !], au lieu de contre-attaquer encore plus fort sur la laïcité en disant que Marine Le Pen nous ment, on sait bien qu’elle défend les catholiques et qu’elle n’est pas laïque ! »
Voilà donc la laïcité intronisée vertu ultime qui garantit contre le racisme. Comme si l’on ne pouvait pas être laïc et raciste. Alors qu’on voit très bien aujourd’hui que, loin d’être incompatibles, la laïcité est d’abord et avant toute chose utilisée comme cache-misère d’un racisme latent qui ne veut pas être nommé et reconnu.
D’ailleurs, si Marine Le Pen n’instrumentalisait pas la laïcité mais était une athée convaincue, en serait-elle moins raciste ? [7]On voit bien que, tout comme le mot « féminisme », le mot « laïcité » est devenu un mot-fourre-tout, au contenu de moins en moins ragoutant. Si l’on s’en tient à la loi de 1905, la laïcité est une loi respectueuse de toutes les croyances, y compris l’athéisme (car quoi qu’on en dise, l’athéisme est aussi une croyance), et non ce concept totalitaire qui prétend actuellement dicter à chacun-e ce qu’il ou elle est censé penser, croire et plus encore exprimer de ses convictions.
Là encore, c’est Christine Delphy qui en parle le mieux : « C’est en réalité une religion précise — l’islam — qui est refusée et attaquée par des gens qui prétendent qu’ils ne peuvent supporter aucune religion. Cependant, on voit qu’ils ont une grande tolérance pour les religions chrétiennes. En fait ils les ont intégrées comme des éléments culturels (…) Or la religion fait partie de la culture, et vouloir l’en exclure est absurde. La religion n’est qu’un des aspects d’une culture qui est sexiste de bout en bout. Mais enlevons la religion de la culture — par exemple parmi les “déchristianisés” français, la majorité des gens en France — trouve-t-on moins de sexisme ? Absolument pas. » [8]