Que nous dit cette une ? La même chose que les tribunes alarmistes d’Alexandre Adler, Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy, que les leçons de Caroline Fourest sur la nécessité de « séculariser avant de démocratiser », que le fameux « Ben Ali plutôt que les barbus » de Christophe Barbier ou qu’une récente chronique de Ruth Elkrief sur BFM-TV, s’inquiétant de l’atavisme antisémite des révolutions arabes : un refus obstiné de voir, dans des pays arabes et des populations musulmanes, des manifestations exemplaires d’aspiration à la liberté et à l’égalité.
Alors que, par ailleurs, plusieurs pays européens, pieds et poings liés aux marchés financiers, voient leurs gouvernements dériver vers la droite extrême, le rappel à l’ordre de notre hebdomadaire est clair : la démocratie c’est « nous », le fanatisme c’est « eux ».
Pour quiconque s’informe ailleurs que dans la presse française, ou simplement regarde les images de la Place Tahrir, une telle couverture est risible : comment peut-on être autant à côté de la plaque ? Tout simplement par haine. Par haine de la démocratie, par haine de toute une confession, par haine de toute une population. Rien de neuf, en vérité : cela fait plus de dix ans que les musulmans – et plus encore les musulmanes lorsqu’elles portent un voile – endossent en France le rôle de la menace ou de l’ennemi intérieur contre lequel la nation se doit de se protéger.
Nous pourrions rire sans fin de ces marchands de peur si leur sale besogne demeurait sans effet sur la pensée et les actes de la population, mais c’est hélas loin d’être le cas. Alors rêvons, à défaut de rire. Imaginons, le temps d’un rêve donc, un autre hebdomadaire, qui s’appellerait par exemple Le Poing (Levé), et qui poserait de tout autres questions :