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faute de langage ?

Bref retour sur l’affaire Rossignol

par Faysal Riad
12 avril 2016

Rappel des faits : Interrogée par Jean-Jacques Bourdin, le mercredi 30 mars sur RMC, la "ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes" Laurence Rossignol a fait savoir que les enseignes de mode vendant des "vêtements islamiques" (voiles ou foulards) étaient ‘"irresponsables" car elles faisaient "d’un certain point de vue la promotion de l’enfermement du corps des femmes". Et alors que l’animateur lui objectait qu’il y a des femmes qui portent des foulards et des voiles par choix, elle a osé cette réponse : "Il y a des femmes qui choisissent, il y avait aussi des nègres américains qui étaient pour l’esclavage."... Après les réactions de Ndella Paye, Nargesse Bibimoune et Faysal Riad, voici une brève réflexion complémentaire, par Faysal Riad toujours, sur la manière singulièrement cavalière dont le ministre a fait mine de regretter sa "faute de langage"...

Le plus grave peut-être, c’est lorsqu’ils font semblant de ne pas comprendre. Et c’est la raison principale pour laquelle je ne peux pas faire de politique : garder le sourire, se retenir de traiter les fascistes de fascistes, les racistes de racistes, les crevures de crevures, garder son calme et se contenter d une belle petite formule pas trop méchante énonçant le quart de la vérité qui devrait être formulée si le monde n’avait pas la tête en bas.

Il y avait des "nègres" qui étaient pour l’esclavage... Ça, c’est une faute de langage ? Attendez...

Qu’un homme dise par exemple au sujet des femmes victimes de viol : "Il y a quand même des pétasses qui aiment ça". On voit bien que le problème n’est pas uniquement, ni même principalement, l’emploi du mot "pétasse" par un homme, mais aussi et surtout ce pour quoi il l’emploie : énoncer une abjection.

L’emploi de ce mot "pétasse", ou même celui du mot "gonzesse" dans certaines circonstances, par certaines personnes, peut vraiment poser un gros problème, mais en l’occurrence le problème ne se résume pas à ce choix lexical... Je dirais plutôt que c’est un problème qui en révèle – ou en cache – un autre très très gros.

Autre exemple : "Il y a quand même des fiottes qui aiment qu’on leur tape dessus". C’est seulement "fiotte" le problème ?

Ou encore : "Vous ne croyez pas que parmi les youpins exterminés par les nazis il n’y en avait pas certains qui étaient ravis de prendre le train pour faire du tourisme en Pologne ?". "Faute de langage", là encore ? Le problème se résume à "Youpins" ?

Bande d’ordures...