Il s’agit du quatorzième décès connu à la frontière britannique depuis le début de l’année."
Le 7 octobre dernier, une jeune Erythréenne de 17 ans, Mjmelet Berhal a été percutée par un poids-lourds sur l’autoroute A8 à la frontière franco-italienne.
Elle tentait avec d’autres de gagner la France depuis Vintimille. Elle est morte.
Nous sommes en deuil.
Lorsqu’on est en deuil, il faut se recueillir avec ses proches.
Nous sommes en deuil mais pas comme celles et ceux qui pleurent des événements tragiques, lointains ou sur pas de leurs portes, alors que publiquement ou en secret, ils et elles cautionnent ou se taisent sur les causes.
Nous ne pleurerons pas avec celles et ceux qui se targuent d’être "humain.es et fermes" à la fois.
Nous sommes en deuil parce qu’hier un homme est mort.
Nous sommes en deuil parce qu’il y a quelques jours une femme est décédée, encore.
Que c’était des mort.es de trop, comme toujours.
Nous sommes en deuil et nous avons la rage parce que ce n’était pas un accident.
Nous savons qu’il, et elle ont été tué.es.
Il et elle sont mort.es comme certain.e.s d’ entre nous sont tué.es en Méditerranée parce que leurs frontières tuent.
Parce que pour eux, tuer c’est aussi dissuader, convaincre de ne pas essayer de venir.
Nous savons que cet homme et cette femme ont été assassinés.
Nous sommes révolté.es qu’il et elle aient aussitôt été transformés en statistiques anonymes, en faits divers qui pourront faire diversion ou faire nombre pour construire des argumentaires quelle que soit leur utilité.
Nous savons que parmi les meutrier.es il y a des candidat.es à l’élection présidentielle, des ministres, des journalistes....
Ces hommes, ces femmes sont des assassins parce que laisser mourir fait aussi partie de leur dite "politique migratoire".
C’est sans doute aussi pour cela que certain.es d’entre nous ne voterons pas.
Nous résistons pour conjurer ces morts. Pour qu’il et elle ne soient pas, comme tant d’autres, ici ou ailleurs, mort.es pour rien.
Nous luttons pour que leur souvenir soit vivant autrement que comme une culpabilité ou un poids.
Nous nous battons pour un monde qui ferait place à toutes les vies.