On va vous en trouver, quand un fomentateur plusieurs fois condamné pour provocation à la discrimination ou à la haine raciale ou religieuse se voit offrir partout des tribunes médiatiques depuis lesquelles, repu de cette si particulière impunité de fait, il continue ses prêches infâmes [1].
On va vous en trouver, quand un hebdomadaire ultraréactionnaire publie à grand tapage un « appel à l’insurrection » à base de « guerre des races » et de « remigration ».
On va vous en trouver, quand ce même magazine met en ligne, la semaine d’après, une tribune dans laquelle plusieurs dizaines d’officiers de l’armée française, communiant avec tant et tant de vos tristes ministres dans la vitupération d’« un certain antiracisme », évoquent tranquillement la possibilité d’une « intervention de (leurs) camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles » – et en somme d’une « guerre civile », dont, précisent-ils, « vous porterez » selon eux « la responsabilité ».
Ces attaques sont, à tout le moins, gravissimes – et extraordinairement alarmantes. Voudrez-vous les voir ? C’est douteux. Car elles ne viennent pas de nulle part : elles s’inscrivent dans une radicalisation qui aurait dû, déjà, vous alarmer de très longue date. Mais vous avez plutôt fait le choix déterminé de la légitimer.
Vous avez ainsi (et d’abord) accordé – en sachant parfaitement que l’un de ses directeurs avait été, ès qualités, condamné pour « provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms » – un long entretien exclusif à ce même hebdomadaire, qui publie donc désormais des appels au soulèvement droitier ou des menaces d’« intervention » militaire.
Puis vous avez ensuite décroché l’an dernier votre téléphone pour dire longuement votre soutien au fomentateur sus-désigné – Éric Zemmour, pour ne pas le nommer –, dont vous saviez pourtant les provocations, à répétition, à la discrimination ou à la haine.
De sorte qu’il est permis de se demander si vous êtes réellement attaché aux « principes » républicains que vous affirmez vouloir « conforter ». Si vous êtes sincèrement hostile au « séparatisme » contre quoi vous prétendez lutter. Ou si ces mots ne vous servent qu’à entretenir dans le pays qui vous a élu pour contenir une menace d’extrême droite de fausses alarmes contre des populations très ciblées, cependant que vous laissez de véritables factieux œuvrer à sa dislocation – exactement comme l’aurait fait cette extrême droite.