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Le jeune acteur ou comment l’école de théâtre m’a appris le sexisme

Contribution à la critique de l’économie politique sexuelle du théâtre français

par Claire
25 mars 2024

Il y a environ deux ans, quand le Me Too théâtre était lancé, j’avais eu l’intention de partager mon expérience pour que l’information circule entre femmes à propos d’un comédien que je pouvais imaginer être toujours – au vu de ce qu’il m’était arrivé – agresseur (insultes, menaces, harcèlement). Je n’étais pas prête à écrire alors et j’avais renoncé. Puis, il y a quelques mois, j’ai su, cette fois, qu’en effet il continuait de passer à l’acte et de violenter (je ne savais pas à quel « degré ») des partenaires de travail. Cela m’a donné l’énergie de rendre publique l’agression que j’avais subie, il y a fort longtemps. Sa violence misogyne étant présente depuis le tout début de sa carrière, elle peut expliquer toutes les autres violences dont il semble être, bien des années plus tard, l’auteur.

Cela fait plusieurs semaines que je ne parviens pas à rédiger ce témoignage… « il est anonyme, cela ne servira à personne ; ce qui m’est arrivé n’est rien du tout comparé à ce que les actrices qui brisent l’omerta racontent désormais ; ma maladie (la dépression sévère) était déjà en germe, c’était moi la folle ; je n’ai pas su trouver ma place en tant que jeune femme, je n’ai pas compris les codes de genre auxquels il fallait souscrire et je ne savais pas le faire ». Et cætera.

Le jeune homme, à l’époque, dont il s’agit dans ce témoignage a poursuivi son métier d’acteur. On le croise dans des génériques de film et de télé. Je n’ai pas fait ce métier, pour un très grand nombre de raisons. Mais il est vrai que je ne me suis jamais posé réellement la question de la perte de chance et d’opportunité qu’ont causée pour moi les menaces et le harcèlement que j’ai subis, dans une grande école nationale de théâtre, à l’heure de se présenter à la profession. Soit la dernière année de l’école, où des metteurs et metteuses (mais bien moins souvent à cette époque) en scène souvent prestigieux.euses montent un spectacle avec la promo sortante, et où les professionnel.les viennent découvrir les jeunes acteurs et actrices.

Important : dans mon témoignage (finalement) rédigé cette année, et donc fait « de mémoire » une vingtaine d’années après, je dis que j’ai peut-être conservé des notes prises à l’époque. J’ai retrouvé ces notes. Ainsi qu’un brouillon de lettre, jamais transmise, destinée au metteur en scène français de renom avec lequel nous répétions quand j’ai pensé arrêter, stopper tout, quitter l’école. Mais en ayant dans les mains ces notes écrites « à chaud » (cela m’a produit un certain fracas mental de les relire…), je n’ai pas voulu pour autant réécrire mon témoignage actuel en repartant de notes qui s’inscrivent, elles, dans le passé, dans le présent du passé. J’ai donc utilisé les notes de bas de page pour ajouter, au témoignage d’aujourd’hui, les informations contenues dans ces notes, c’est-à-dire ma perception de la réalité d’alors.

Au cours de cette année, il y a eu, à deux reprises, deux spectacles mis en scène en parallèle (à chacun de ces « ateliers de sortie » la promotion était divisée en deux) par des artistes renommés. Puis un dernier spectacle était venu clore l’année – et les trois ans d’école – cette fois avec la promo entière. Par ailleurs, le tout début d’année avait commencé par deux ateliers en parallèle (promo également divisée en deux) dirigés par les élèves eux-mêmes. Ce premier atelier de l’année, une création de plusieurs élèves, s’était très mal passé pour moi, j’avais eu une altercation avec un acteur qui s’était soldée par une chaise qu’il avait balancée dans ma direction et qui avait atterri à un mètre de moi. Nous sommes évidemment restés en froid longtemps, mais quelques années plus tard, au cours d’un travail de groupe, nos relations s’étaient apaisées pour devenir ensuite cordiales.

Est arrivé ensuite le premier atelier de sortie. Notre demi-groupe devait être mis en scène par un auteur anglais et par le metteur en scène attitré de cet auteur, anglais lui aussi mais parlant français. Très rapidement, deux jeunes acteurs ont commencé à saboter le travail du metteur en scène, qui avait dû démarrer l’atelier seul car l’auteur rencontrait des problèmes personnels retardant sa venue en France. Ce fut un des premiers motifs de rébellion : on nous avait vendu un nom, il tardait à venir, son supplétif ne faisait « pas le poids ».

Les raisons de leur sabotage étaient globalement qu’ils n’étaient « pas contents » de leur atelier de sortie : ils se sentaient lésés, les « anglais » n’étaient pas assez renommés à leurs yeux, et ils considéraient que l’autre moitié de la promo était mieux lotie parce qu’elle travaillait avec un « maître » russe. Ils en voulaient au directeur de l’école, c’était un « nul » qu’ils prétendaient « faire tomber ». Moi, j’aimais énormément l’écriture de cet auteur anglais et j’ai tout de suite apprécié la façon intuitive et sensible de travailler du metteur en scène.

Bref, les séditieux en herbe se sont alors mis à conspuer systématiquement le travail du metteur en scène, sans doute trop « flegmatique » – trop anglais ! – pour leur inspirer du respect… Ils ont même rallié les techniciens à leur « cause » et jusqu’à d’autres de leurs camarades qui venaient gueuler des trucs dans le goût de « enculés d’anglais » depuis les coursives du théâtre (et autres invitations aimables à ce qu’ils rentrent chez eux). Waouh, de la xénophobie. En plus de ces glorieux faits d’armes, le sabotage consistait à rendre les répétitions impossibles, ne rien faire de ce qui leur était demandé, moquer et persifler, faire un vacarme incroyable dans les coulisses quand nous répétions, baisser leur froc et montrer leur cul et leur queue. À mon humble avis, du très classique dans toutes les « grandes écoles » françaises quelles que soient les disciplines enseignées. Il faut marquer son territoire de futur caïd du milieu. Ils n’étaient d’ailleurs plus très loin de pisser pour le délimiter.

Au plus fort du sabotage de l’atelier de sortie, le jeune acteur dont il est question ici s’en est pris à moi, qui étais seule (avec toutefois le soutien d’une autre camarade de promo) à « résister » à leurs sabotages et à en être outrée. Les autres comédien.nes du groupe les laissant faire. Ma « résistance » était peu démonstrative vu qu’on était en minorité, ma copine et moi, seules à être écœurées par l’ambiance insupportable qu’ils faisaient régner. Je désapprouvais moralement leurs comportements et je l’exprimais par quelques remarques mais ça n’allait pas plus loin. Surtout, je respectais le travail et les consignes du metteur en scène, ce qui a suffi pour que cet apprenti acteur, dont l’ambition était de faire renvoyer les artistes anglais, veuille me faire plier aussi.

Au bout d’environ un mois, la tension était à son comble. L’auteur anglais avait fini par arriver, dans une ambiance délétère, et immédiatement le sabotage s’était retourné contre lui. Un soir, j’ai assisté à un différend bruyant entre ce dernier et « le jeune acteur », qui avait proféré des insultes. L’auteur sommait celui-ci de s’excuser et de « se comporter en homme ». Cette conversation s’est passée devant moi près du théâtre où nous répétions. Et c’est dans ce contexte que, le lendemain, l’acteur échaudé s’en est pris directement à moi pour m’intimider. Je m’y attendais, vu le niveau de tension atteint. En pleine répétition, sur scène, tandis que j’effectuais une manipulation maladroite demandée par le metteur en scène – le rebelle lui s’y refusait bien sûr, et moi j’étais une lâche et une vendue qui adhérait aux choix de mise en scène –, il m’a dit :

« Je savais que t’étais conne mais pas à ce point-là [1] ! »

Je ne compte pas les années mais je me rappelle de la phrase exacte, c’en est presque comique.

Je suis allée alors, tremblante, demander à parler au directeur de l’école. Je lui ai dit : « Bonjour, en trois ans je ne vous ai rien demandé mais là j’ai une question : que doit-on faire lorsqu’on est insultée sur scène ? ». Il m’a répondu d’aller exiger des excuses et de revenir le voir si je ne les obtenais pas. L’élève frondeur m’a bien sûr répondu que c’était à moi de m’excuser (d’être aussi conne sans doute). Le directeur de l’école est donc descendu, il s’est adressé à l’acteur dans les coulisses, pendant une répétition, en exigeant de lui qu’il s’excuse auprès de moi. L’acteur l’a fait sans conviction, en ne dissimulant pas sa haine, moyennant quoi le directeur lui a dit de le refaire, réellement. L’élève finissant par s’exécuter, le directeur a tourné les talons, et le valeureux mutin s’est aussitôt retourné vers (et contre) moi :

« Ça, ça va se payer, mais pas ici, à l’extérieur [2]. »

C’était une menace physique. Je n’ai pas bougé. Ma camarade de promo, témoin directe de la menace, a couru après le directeur de l’école qui était encore à quelques mètres. S’en est suivie une séquence d’une confusion totale, les répétitions ont été interrompues et je me souviens être assise dans la salle du théâtre, devant un spectacle étonnant : l’acteur pris la main dans le sac, déambulant sur la scène, et parlant, parlant, déblatérant des fables incroyables, d’un niveau de divagation épatant, pour me salir, d’où il ressort que je suis une bourgeoise, que je vis à Meudon (non, je vivais en fait à Paris, et il y avait plus bourgeois que moi, fille de cadres fonctionnaires), que lui était « modeste » (ou « pauvre », je ne sais plus) et que donc je voulais l’écraser pour ça – un truc de cet acabit Notes : Son type de défense est le mensonge et l’incohérence. J’en veux pour preuve que : 1. Il m’a dit (lorsque nous étions plusieurs sur le plateau) : « comment tu peux avoir eu peur de mes menaces ? », et après que je lui aie répondu que je n’avais pas peur de lui et que c’était ma camarade qui avait rappelé le directeur, dans la minute qui a suivi cette tentative de me faire passer pour quelqu’un qui s’effrayait d’un rien, il a dit finalement : « bon pour les menaces je comprends que [ma camarade] soit allée chercher le directeur parce que ça pouvait faire peur ».. Puis enfin :

« Je n’ai jamais eu à m’excuser, auprès de personne, de toute ma vie »…

… même s’il se trouve que, la veille, devant moi, l’auteur anglais, qui s’était senti offensé, venait de le sommer de s’excuser [3].

Le directeur ayant assisté à un bout de cette séance – où l’on avait laissé le garçon délirer pendant je ne sais pas… une heure ? – a conclu en partant :

« Il est complètement fou. »

J’ai gardé pendant vingt ans un écrit que j’avais rédigé à l’époque de cette scène surréaliste de mise en abîme du théâtre dans le théâtre. Ces notes étaient illisibles, je ne me relisais presque pas mais je les gardais (je ne sais pas si je les ai encore [4]…). J’avais immédiatement pensé à Tapie, un hâbleur bellâtre et mythomane, comme ce blanc-bec.

Cette après-midi mouvementée a au moins eu un mérite : le directeur de l’école prenait finalement conscience de l’état de déliquescence de notre atelier de répétitions. L’auteur et le metteur en scène anglais s’étaient en effet saisis de cette « explosion » au sein du groupe d’élèves pour se plaindre de la situation éprouvante dans laquelle ils menaient leur travail. Je me souviens aussi que l’auteur nous avait dit à ce moment-là, à mon amie et à moi, qu’il voulait annuler les représentations du fait des insultes et menaces que j’avais reçues, et parce qu’il aurait trouvé normal qu’on ne veuille pas jouer avec cet acteur.

Mais… nous n’avions pas du tout l’intention d’être jugées « responsables » de ce fiasco par le reste de la promo, et nous voulions, bien sûr, jouer la pièce ! Il fut en revanche décidé par la direction que les deux « frondeurs » passeraient en conseil de discipline.

Nous avons donc joué plusieurs fois la pièce de l’auteur anglais, dans laquelle j’avais une scène avec mon agresseur, où nous devions nous serrer dans les bras ! Il en profitait à chaque représentation pour me murmurer des saloperies à l’oreille, que j’ai occultées. Au pot de « dernière », le metteur en scène, pas rancunier, a bu des coups en riant avec l’acteur qui avait bousillé son travail, il était séduit. Puisque, et l’essentiel est là, le charme du rebelle débutant faisait effet, malgré tout ce que le metteur en scène avait dû essuyer.

Dans le fond, ce genre d’histoires est très courant dans les expériences artistiques. Sans doute de vieilles lunes, à oublier. Ce qui peut être utile à retenir, pourtant, sont les insultes, les menaces, et la suite : le harcèlement.

À partir de là, l’attitude de mon agresseur a consisté à m’intimider et me rabaisser. Folie de ce monde du spectacle, j’ai dû, lors du deuxième atelier de sortie [5], répéter à nouveau avec ce type qui m’avait menacée physiquement, et même jouer avec lui… une scène d’amour. Dans les couloirs, quand je le croisais, il m’ordonnait à haute voix, devant tout le monde, de baisser les yeux, ce que je réussissais avec difficultés à ne pas faire. Lorsque j’entrais dans la salle où l’on déjeunait et qu’il s’y trouvait, il lui arrivait de mimer des crachats dans ma direction. Un jour j’ai même reçu un grain de riz qu’il avait craché sur moi.

En public il m’humiliait, en tapant là où ça faisait mal. Je n’étais pas fine et longiligne. Ce n’est pas une sorte d’euphémisme pour dire que j’étais grosse – aujourd’hui je suis obèse et si nécessaire je peux le dire. Mais là, non : je n’étais simplement pas fine et longiligne. Or, si globalement cela reste un enfer pour les femmes de ne pas être mince – peut-être plus violement à l’époque ? – il faut bien dire que, dans le milieu de l’image, c’est l’enfer fois douze. En particulier quand on manque d’estime de soi.

Il parlait ainsi à voix haute, en câlinant ostensiblement d’autres actrices (un garçon au charme très câlin), et lançait à mon intention qu’on n’est pas une vraie femme quand on n’a pas des jambes minces, qu’on n’a pas des manières douces, des attitudes délicates et une voix féminine. Du sexisme manifeste, mais c’était son crédo.

Pendant toute cette fin de dernière année, chaque jour, je commençais à trembler dans le métro à partir de quatre ou cinq stations avant d’arriver ; je prenais six Euphytoses toutes les deux heures – ce placébo ne sert strictement à rien. J’étais tétanisée toute la journée. Bref j’étais victime de harcèlement. Par une seule personne – je n’imagine pas pour les gosses quand c’est toute une meute qui s’y met. Durant les deux années d’auditions de théâtre qui ont suivi (les promos des grandes écoles nationales bénéficient de cet avantage), chaque fois que je devais y aller, j’appréhendais, j’étais stressée, aux aguets. De toute évidence des supers conditions pour passer une audition !

Quant au conseil de discipline, il a bien eu lieu, mais le sujet ne fut pas ce qui s’était passé avec moi. Le grief se limitait au sabotage (qui n’a pas même dû être nommé ainsi) de l’atelier. Je pense que c’est le metteur en scène anglais qui avait demandé à ce que ce soit les deux récalcitrants qui soient concernés, car il avait gardé une dent contre le deuxième. Je ne crois d’ailleurs pas que les anglais ont assisté à ce conseil de discipline, ils devaient être rentrés chez eux. Les deux compères furent défendus par les représentants des élèves, et le fait que j’aie été insultée et menacée a dû à peine être mentionné. Si mon nom a pu être cité, je n’étais de toute façon pas présente pour me défendre des mensonges qui ont certainement été proférés, et personne n’avait été désigné pour me représenter, moi. Passée par pertes et profits du règlement de comptes entre mecs.

Il est évident que le fait que le conseil de discipline n’ait pas porté sur les insultes et les menaces à mon encontre, cela est devenu une autorisation à peine masquée. Et c’est ce blanc-seing, cette impunité, qui ont rendu possible le harcèlement qui a suivi.

Le conseil de discipline décida finalement de priver les perturbateurs du dernier atelier de fin d’année, que la promo au complet devait jouer dans un festival. Ces ultimes répétitions furent d’ailleurs un des seuls moments de l’année où j’ai respiré plus normalement – sauf dans les rues de la ville, où je craignais toujours de croiser mon agresseur qui s’était malgré tout rendu au festival. Je ne vais pas développer sur l’état d’hypervigilance et la production d’hormones de stress, on a compris l’idée.

Quelques années plus tard, j’ai regretté d’avoir fait confiance à l’institution et de ne pas m’être extraite du monde du théâtre, qui avait son mode d’omerta, et de ne pas être allée chez les flics. Je n’aurais assurément pas pu porter plainte pour un grain de riz, mais au moins une main courante pour menace de cassage de gueule, ça aurait déjà été ça de pris.

Notes

[1Description issue des notes retrouvées : Les deux esprits fort tenaient tout haut des propos péjoratifs par rapport à des marionnettes que nous devions manipuler. Je ne sais pas ce qui leur donnait matière à critiquer car depuis un mois j’avais pris l’habitude de fermer l’oreille à leurs sarcasmes permanents, mais il se trouve que la manipulation de ces marionnettes montées sur de longues tiges était difficile, et que le résultat donnait un aspect maladroit à la tâche. J’avais accepté de l’effectuer à contrecœur après qu’une autre comédienne eut refusé de le faire (en un mot je sauvais la mise au metteur en scène). De plus, une des marionnettes que je devais faire bouger sur scène n’étant pas encore montée sur tige, le metteur en scène m’avait demandé de la poser sur le plateau, provisoirement pour la répétition, directement avec ma main. J’entendais donc des bruits dans mon dos destinés à ce que je me sente humiliée. Puis l’apprenti acteur est venu vers moi et m’a demandé pourquoi je posais la marionnette sur la scène avec ma main, pourquoi je mettais mon bras « comme ça » pour la poser ; question posée sur ce même ton sarcastique que j’observais depuis un moment. J’ai répondu à la moquerie explicite par l’évidence : « parce qu’il n’y a pas encore de tige » en indiquant dans le ton de ma voix que je n’étais pas dupe, que j’avais compris qu’il cherchait à tourner en ridicule ce que je faisais. Sa réponse a été immédiate et cinglante : « Je savais que t’étais con mais pas à ce point-là ! » J’ai réagi par un « Comment ? » et il a réitéré sans ciller.

[2Notes de l’époque : « Ça tu ne l’emporteras pas au Paradis. Je te préviens là, maintenant. Et ça se passera en dehors de l’École ». J’ai simplement pris acte en demandant aux trois personnes présentes : « Vous êtes témoins ? », mon amie m’a répondu « Oui et je vais même chercher le directeur ».

[3Notes : Il a dit à la cantonade à propos des excuses que le directeur venait de lui demander de me présenter : « Ça m’est pas arrivé depuis dix ans, on n’est plus au lycée ». Laissant entendre que c’était disproportionné et rare qu’une situation en arrive là… Lundi soir, après l’intervention de l’auteur anglais et l’échange douloureux qui s’en est suivi – douloureux puisque l’autorité du responsable de cet atelier était contestée – l’auteur a demandé à l’élève de présenter ses excuses à son amie en ces termes : «  I’m a man, you’re a man, I ask you to apologize  ».

[4Ces notes que j’avais bien conservées n’étaient pas illisibles du tout, d’où l’utilisation que j’en fais en notes de bas de page.

[5Brouillon de la lettre destinée (mais non transmise) au metteur en scène (très réputé) de ce deuxième spectacle :
« Cher —. Je vous fais part de mon désarroi au moment où une franche et dernière introspection me force à conclure que je ne contiens et ne mesure décidément plus ce désarroi. Force m’est de constater également que contrairement aux apparences je suis une jeune femme peu apte à se défendre et qu’en conséquence, prise par la peur, les tremblements physiques et la dépression, je n’arrive plus ni à assumer mon devoir de travail ni à profiter du plaisir de ce travail. Je me tiens pour entièrement responsable de cet échec et je l’impute à cette faiblesse qui m’amène à ne pas faire face aux exigences du métier. »