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Saint-Denis : Forum de résistance aux violences policières

Dimanche 226 mai 2002


mai 2002

En juin 1997, le Parti Socialiste remportait les élections législatives sur la base d’un programme énonçant ’’trois priorités : l’emploi, l’éducation et la santé’’. Trois semaines plus tard, Lionel Jospin annonçait pour son gouvernement ’’deux priorités : ’’l’emploi et la sécurité’’.

Depuis cette surenchère sécuritaire ne s’est pas démentie, légitimant les thèmes défendus depuis toujours par l’extrême droite, qui en bénéficie aujourd’hui.

Des élections municipales à la campagne présidentielle, en passant par « le contexte de l’après 11 septembre », tout est bon pour justifier la répression :

 plan ’’Vigipirate renforcé’’,

 présence permanente des policiers dans les quartiers, y compris dans les écoles (dans le cadre des ’’contrats locaux de sécurité’’), occulte

 loi ’’sécurité quotidienne’’ (dispersion des rassemblements dans les halls d’immeubles, prison pour la fraude dans les transports en commun...)

 incarcération massive des jeunes des quartiers - projets de ’’centres fermés’’ et autres maison de correction’’

 culpabilisation, voire criminalisation des parents de ’’mineurs délinquants’’, accusés à tort de ’’démission’’ ou de complicité.

Cette politique sécuritaire, soutenue par une intense propagande des grands médias, toute une série de violences sociales : chômage, précarité, discriminations racistes...

Elle vient aussi légitimer et nourrir d’autres violences, qui s’exercent contre la jeunesse issue des classes populaires et de l’immigration :

 contrôles au faciès, fouilles humiliantes, brutalités policières,

 sanctions disproportionnées prononcées dans les tribunaux

 violences contre les détenus...

Sans oublier la collaboration active des contrôleurs et des vigiles de toutes sortes.

Ces violences ne datent certes pas d’hier. Mais elles se multiplient ces derniers mois dans tout le pays, de Mantes-la-Jolie à Saint Denis, des Mureaux à Chatenay-Malabry, de Poissy à Paris, de Lille à Strasbourg...

Elles sont couvertes par l’administration, et bénéficient d’une quasi-impunité judiciaire, faite de refus d’ouverture d’enquête par les parquets, d’entérinement des conclusions des enquêtes de l’IGS, de lenteurs aberrantes des procédures d’information judiciaire ou de non-lieux invraisemblables.
Même lorsqu’elles entraînent la mort, le traitement judiciaire de ces violences révèle l’incapacité de la magistrature à contrôler et sanctionner effectivement les comportements des fonctionnaires.

Par exemple, ces derniers mois :

 acquittement, au terme d’une procédure de plusieurs années, du policier Pascal Hiblot, qui avait abattu Youssef Khaif d’une balle dans la nuque.

 non-lieu pour la mort d’Abdelkader Bouziane, tué dans des conditions semblables.

 réduction à huit mois avec sursis des peines des policiers responsables de la mort d’Aissa Ihich.

Ces décisions peuvent constituer, de fait, un permis de tuer, en laissant penser que l’usage des armes par la police ne serait pas subordonné aux strictes règles de la légitime défense.

Ainsi, il deviendrait normal pour certains de tirer sur une personne refusant simplement d’obtempérer à l’ordre de stopper un véhicule. La mort de Moussa, abattu le 2 janvier 2002, pourrait bien être l’illustration de cette nouvelle philosophie.

En réaction à cette logique de violence, un courant de solidarité commence à se structurer. C’est ainsi qu’est née l’idée d’organiser une journée de rencontres. Il s’agit de permettre aux victimes, à leurs proches et à toutes les personnes déjà mobilisées contre les violences policières de se rencontrer, de témoigner et d’échanger des expérience, afin de se donner les moyens juridiques et politiques de résister ensemble.

Cette initiative n’a donc pas pour seul but de réfuter, une fois de plus, l’argumentaire sécuritaire. En effet, une posture uniquement défensive rencontre vite ses limites, ne serait-ce que parce que nous ne disposerons jamais des moyens médiatiques acquis aux promoteurs de la surenchère sécuritaire. Au contraire, seule une action offensive est efficace. Il s’agit désormais d’accuser et de rendre visibles les vrais problèmes.

Il s’agit surtout de contribuer à une plus grande visibilité des acteurs des banlieues, qui sont l’objet de nombreux discours, mais auxquels la parole est systématiquement refusée.

Le mouvement des sans-papiers, après bien d’autres exemples, l’a rappelé : pour neutraliser les discours de mépris et de stigmatisation, seule est efficace la prise de parole des personnes concernées. Il s’agit donc de redistribuer les rôles, en laissant aux militants des banlieues, habituellement absents, ou relégués à la place du « témoin », le rôle d’orateurs, d’analystes et de force de proposition.

Contre :

 les violences faites aux jeunes des quartiers populaires et issus de l’immigration

 la précarité et l’insécurité sociale que vit au quotidien une grande partie de la population

Agissons ensemble dimanche 26 mai 2002 de 10 h à 20h à la Bourse du travail de Saint Denis 11 rue Génin - M° Porte de Paris (ligne 13)

Programme de la journée

 10h00. Intervention de Mme Khaira Khaif, mère de Youssef

 10h15/12h30. Outils politiques.
Rencontre-débat avec des collectifs locaux
Liste non-exhaustive des Collectifs présents : Chatenay-Malabry, Dammarie les Lys, Lyon, Nice, Paris 20ème, Roubaix, Saint Denis, Val Fourré, Greenwich (Royaume-Uni)

 12h30/13h00. Histoire des luttes : projection du film Justice pour Zamani.

 13h00/14h00. Pause déjeuner (possibilité de manger sur place)

 14h00/16h30. Suite du débat avec les collectifs locaux

 16h30/18h00. Outils juridiques.
Rencontre-débat avec des magistrats du Syndicat de la magistrature et des avocats du Syndicat des Avocats de France

 18h00. Histoire des luttes. Projection du film Douce France, la saga du mouvement beur.

Toute la journée : bar-table de presse.

Premiers signataires  : Act Up, APEIS, Association Dammarie-Melun, la Chaîne étudiante, Decil Mantes la Jolie, Dignités, Droits Devant, Eveil, FASTI, FLIDD, GISTI, collectif Les mots sont importants, MIB, MRAP, les Périphériques, réseau contre la Fabrique de la haine, réseau No pasaran, RIRE, collectif Souriez vous êtes filmés, SUD-éducation, SUD-étudiants, Syndicat de la Magistrature...