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« Il faut que les gens parlent pour que d’autres les entendent »

Les mots importants d’Angel Haze

par Angel Haze, Noëlle Dupuy
17 septembre 2014

L’entretien qui suit est paru, dans une version plus courte, dans le premier numéro de la nouvelle formule d’IHH / International Hip Hop, sortie cet été. Nous le reproduisons avec l’amicale autorisation de la revue.

Même si la plupart des chansons de son premier album étaient déjà accessibles sur le net avant sa sortie, écouter Dirty Gold reste une expérience puissante et entêtante. Angel Haze, la jeune rappeuse de 22 ans, née à Detroit et installée à New York, est d’une maturité hors-norme. Elle nous livre des morceaux riches et emprunts d’une verve rare. Les textes, inspirés de – et traversés par – ses blessures et cicatrices, valent vraiment une écoute attentive, car les seize morceaux sont variés autant du point de vue du fond que de la forme. Ils sont portés par un flow saisissant, ponctués d’extraits d’interview ou de confessions intimes, où se mêlent influences R’n’B, des choeurs parfaitement intégrés (notamment de Sia et Leah Siegel), le tout sur une instru incontestablement maitrisée (essentiellement par Markus Dravs, connu pour ses collaborations avec Coldplay, Arcade Fire, Björk). On y retrouve, en bonus, le fameux New York de son premier album digital ’Reservation’ : toujours aussi percutant.

Si Angel Haze surprend et retient l’attention, c’est d’abord par ses contradictions, que révèle le titre même de l’album, car Angel Haze a su transformer la saleté en or. Elle avait commencé à livrer crûment les détails d’une enfance particulièrement douloureuse en 2013, dans une adaptation explicite du fameux morceau d’Eminem Cleaning Out My Closet. Angel Haze est la fille d’un père jamais connu parce qu’abattu avant même qu’elle ne vienne au monde, victime de viol à l’âge de 7 ans par un ami de la famille, élevée dans une congrégation baptiste sectaire, terrorisée par un beau-père évangéliste, non soutenue par une mère « dysfonctionnante ». Rien ne la destinait à suivre la voie qu’elle se forge aujourd’hui. Dans une autre reprise de Same Love – devenu l’hymne du mariage pour touTEs aux US – elle s’était réapproprié le propos de Macklemore, rappeur blanc hétéro. Elle y racontait son coming out auprès de sa mère, son expérience de l’homophobie et sa volonté d’être ce qu’elle est devenue malgré les épreuves, la haine et le rejet.

À ceux et celles qui les méprisaient, elle a imposé des goûts propres, ses choix de vie et ses choix artistiques dont a priori tout aurait dû l’éloigner. Et cette force de vie et de caractère imprègne sa musique, à tel point qu’on dirait, paradoxalement, qu’elle est née dedans. Malgré son jeune âge et le milieu dans lequel elle a grandi, ses influences sont nombreuses. Elle a pu reconnaître par exemple son admiration précoce pour Eminem et, à l’entendre dans Dirty Gold, on n’est pas surpris ! Le rythme est soutenu, certes, mais s’il y a de la colère dans son rap, il y a aussi une puissance positive, une affirmation de soi et de ses identités multiples qui ont clairement une portée politique au-delà de l’expérience individuelle. Elle rappelle à sa manière combien le personnel est politique, et sa quête personnelle ne s’inscrit pas dans une démarche strictement individualiste mais bien dans une empathie tournée vers les autres. Dans Battle Cry, elle affirme :

« c’est dur d’expliquer mes choix à des gens qui n’ont pas la moindre idée de ce que j’ai pu vivre / à quelqu’un qui ne connaît pas ce qu’être différent peut vouloir dire / comment je me bats pour rester fidèle à moi-même / parfois, les émotions qui sont en moi me rendraient presque folle / alors maintenant je crache ce que j’ai à dire pour ceux qui n’ont plus coeur à rien / pour redonner le goût de vivre à ceux qui ne rentrent pas dans les clous / parce que c’est facile de faire semblant que tout va bien / mais bien plus dur de garder la tête haute et rester forte ».

Et de conclure :

« Moi, je ne cherche qu’un peu de putain de vérité / parce que tout ce qu’ils m’ont interdit de faire / m’a juste fait questionner ce qu’était la liberté. »

Dans Black Synagogue, elle fustige (dans un moment assez drôle où elle imite un prêcheur effrayant) les faux représentants de Dieu et une vision de la foi incarnée par des hommes terrorisant celles et ceux qui cherchent l’amour et la lumière – parce que ceux-ci ne se trouvent, en fait et au fond, nulle part ailleurs qu’en soi-même. En introduction de son morceau A Tribe Called Red (qui ne manque pas d’évoquer A Tribe Called Quest), elle met à distance l’héritage de sa mère mi Africaine-Américaine, mi Cherokee – mais y intègre pourtant des rythmes et chants amérindiens. Dans l’introduction, elle dit :

« On me demande souvent, genre, dans pas mal de magazines et autres : “pourquoi vous n’incorporez pas votre ethnicité et vos origines à votre musique ?” Moi, je m’identifie pas à ce genre de conneries, tout ce que vous avez besoin de savoir sur moi est dans ma musique, mes origines c’est ma musique, c’est de là que je viens, c’est là que je m’effondre, c’est là que je reviens à la vie ».

Black Dahlia – titre clairement emprunté au roman de James Ellroy – est une lettre ouverte à sa mère, dans laquelle elle parle de la douleur associée à leur relation, de leurs démons communs, mais pour arriver à une forme de pardon et de rédemption, que l’on retrouve d’ailleurs dans les remerciements à la fin de l’album :

« Merci à toi, maman. Tu as fait de ton mieux ... et même si ce n’était pas grand chose, je l’apprécie. Je t’aime. »

Si elle se raconte et raconte leur histoire, c’est, dit-elle, dans l’espoir d’en changer la fin, et en écrire une plus heureuse.

Angel Haze n’est pas un produit, elle est sa propre création. Si elle a trouvé un label pour cet album, elle a fuité ses chansons sur internet avant même sa sortie officielle, car la maison de disque n’avait pas respecté sa part du contrat. Iconoclaste, insaisissable, difficilement classable, elle est un peu un OVNI qu’on continuera à suivre et, vu ce qu’elle semble avoir comme ressources et comme revanches à prendre, elle ne risque pas de passer et s’éteindre telle une étoile filante.

De passage à Paris pour la promotion de son premier album Dirty Gold, après une tournée en Angleterre, Angel Haze, nous parle de ce qui l’inspire et l’anime, et de ce à quoi elle aspire.

Tu viens de tourner en Angleterre, comment ça s’est passé ?

Oui, j’ai tourné avec Bastille et puis j’ai eu un show à moi. C’était super rigolo et là je suis complètement vannée, parce que ça c’était la semaine dernière et depuis je suis retournée en studio enregistrer de nouveaux morceaux.

Déjà !

J’ai un peu ce problème, je ne peux plus m’arrêter, j’ai besoin de produire en permanence, où que je sois. Alors, j’ai écrit et composé dans le bus pendant la tournée parce que mon cerveau fonctionne à un rythme anormalement élevé et il qu’il faut le satisfaire !

Et tu as des projets en vue en Europe ?

En fait, je suis juste en train de me préparer pour la course. Maintenant, que je viens de faire la tournée en Angleterre, je vais pouvoir envisager une tournée en Europe parce qu’on commence à avoir assez confiance en moi pour le faire.

La sortie de l’album Dirty Gold et sa promotion ont sans doute participé à ça aussi, non ?

C’est bizarre, parce qu’à peine quatre jours après avoir fuité les premiers morceaux de l’album, j’ai commencé à recevoir plein de propositions de concerts, notamment pour apparaître au Wireless Festival le même jour que Kanye West ! Donc, ça m’a carrément aidé, même si tout ne s’est pas passé comme prévu, ça n’a rien gâché ou empêché en tout cas, c’est sûr !

Parce qu’avant ça, tu avais sorti un album digital Reservation en 2012, qui s’est fait remarquer, et deux morceaux ont d’ailleurs été repris sur celui-ci. Et depuis tu as été très productive, mais celui-ci est clairement dans une autre catégorie. Qu’est-ce qui a permis autant de changements en aussi peu de temps ?

J’avais déjà fait quatre mixtapes, mais je m’entraînais encore. Quand j’ai fait Reservation, je ne savais pas trop où j’allais, c’était encore très expérimental. Je cherchais ma voix, des sons, mon style et ce que je voulais raconter. Je n’avais pas l’impression de m’être vraiment trouvée. Il y a eu un certain impact, et j’ai eu des retours positifs et encourageants, mais ce n’était pas vraiment la musique que je voulais faire. En même temps, ça m’a donné accès à plus de choses, ça m’a carrément ouvert à de nouvelles possibilités, notamment en terme de production. Avant, on m’envoyait des beats et je m’amusais à voir ce que je pouvais en faire. Maintenant, c’est différent : je veux pouvoir maîtriser et avoir ma part dans le processus de création musicale. Je veux pouvoir m’asseoir dans un studio avec un producteur et élaborer la musique, en même temps que tout le reste. Ça a été le cas pour Dirty Gold, c’est comme ça que j’ai travaillé. Et puis, je pense que dans la création artistique l’évolution est inévitable. Il faut savoir se chercher et changer. Et d’ailleurs, ce sur quoi je travaille maintenant n’a déjà plus rien avoir avec cet album, c’est même à des années lumières.

Tu travailles avec qui maintenant ?

J’ai pas mal travaillé avec Fraser T. Smith qui a collaboré avec Adele, Cee Loo Green, Plan B, et ça marche bien entre nous. Ça s’est bien passé avec Markus Darvs qui m’a fait bosser comme une malade, mais m’a vraiment aidée à évoluer et à me trouver. Entre nous, ça a collé dès le début, il m’a dit qu’il aimait ce que je faisais et voulait travailler avec moi, mais qu’il était gêné parce qu’il n’avait encore jamais trop travaillé dans le monde du hip hop. Et je lui ai dit : « Ben, ça tombe bien parce que j’ai pas envie d’être complètement dans ce monde-là non plus. » Après on a bossé trois mois et demi à fond. Mais avec Fraser on va faire quelque chose de différent.

Effectivement, tu as pu dire que ce que tu faisais n’est pas du hip hop, mais tu es clairement une rappeuse. Alors, comment veux-tu parler de ce que tu fais ou es ?

Aujourd’hui, je dirais que je suis une musicienne. Au départ, j’étais une chanteuse, après c’était surtout l’écriture qui me définissait, mais maintenant c’est la musique : j’alterne ! Donc, on va juste dire que je suis une musicienne.

Et « poète » ? Au début d’un des morceaux, une voix te demande d’essayer de penser au fait que tu es avant tout une poète.

C’est Markus ! Parce qu’il voulait que je me concentre plus sur la musique qui venait de l’intérieur et que je ne me préoccupe pas de ce qui marchait au Top 20, de ce qui « se fait » ! Il m’a dit de me rappeler qui j’étais et d’où, moi, je voulais parler et rapper. Et il a bien fait ... C’était vraiment un bon conseil.

Pourtant, tu fais références à des oeuvres ou d’autres artistes dans tes morceaux. Je pense notamment à Black Dahlia.

Oui, je l’ai piqué à James Ellroy, ou disons plutôt que je l’ai emprunté. Car voilà : les grands artistes inventent, les moins grands empruntent. Parce qu’il s’agit d’une chanson dédiée à ma mère et la relation assez sombre qu’on a, elle et moi. C’est vrai que je prends ici et là des choses qui m’inspirent ou me touchent profondément. J’ai fait des reprises aussi, et d’ailleurs si c’était à refaire, je ne le referais pas, parce que je préférerais faire mes trucs à moi, de bout en bout. Mais voilà : j’ai appris assez vite aussi grâce aux autres. Les reprises, c’était aussi pour m’entraîner, c’est comme ça que j’ai appris à seize ans, quand je n’avais pas encore assez de ressources intellectuelles et artistiques.

Il y a aussi des reprises qui sont des hommages et une manière de te positionner dans un certain champ musical, comme avec la reprise de Cleaning Out My Closet d’Eminem.

Absolument ! Je pense que les trucs qui ont été les plus forts pour moi sont les morceaux où je parlais de sujets très personnels, et c’est le cas dans Cleaning Out My Closet. Ce morceau, je l’adore ! Il m’a vraiment aidé à passer de l’ado torturée que j’étais à l’adulte torturée que je suis devenue – ou presque (rires). Je lui suis très reconnaissante d’avoir fait ce morceau, je suis contente d’en avoir ma version, et qu’elle soit aussi appréciée.

Tu as aussi repris l’énorme succès de Macklemore Same Love, devenu l’hymne des pro-mariage pour touTES. Mais chanté par toi, ça change quand même beaucoup de choses, parce qu’on passe au point de vue d’une personne directement concernée !

C’est vrai que beaucoup de personnes se sont focalisées sur le fait qu’il était un mec cisgenre1 et hétéro qui parlait des droits des gays. Mais moi, je vois les choses de plusieurs points de vue, or il faut quand même apprécier la situation. C’est un enjeu énorme ! Aujourd’hui aux Etats-Unis, il y a des personnes qui se font tabasser, tuer, lyncher, des gens à qui on passe une corde autour du cou et qu’on tire derrière une voiture, juste parce qu’on les trouve trop efféminé (quand il s’agit d’un homme) ou trop masculine (quand il s’agit d’une femme), ou qu’ilLEs se montrent en couple ou qu’on leur fait une réputation, et on les traite comme des sous-humains. Il y a des avancées, certes, mais elles s’accompagnent d’une violence exacerbée. Dans plein d’endroits, les droits des gays ne sont même pas un enjeu, personne ne s’en soucie. Macklemore s’est toujours positionné du bon côté et ça n’est pas une posture opportuniste récente, il faut écouter ce qu’il faisait avant. Dans un monde qui associe toujours « pédé » à quelque chose de négatif – et dans le rap on n’y échappe pas – je pense que ce n’est pas rien, il faut quand même du cran. Et le fait que le morceau ait été un aussi gros succès, c’est important. Bien sûr, il faut des manifs, de l’activisme politique, mais la culture peut être un tel véhicule de messages politiques que, quand ils sont positifs, ça équivaut à une forme d’action qui sort d’un cercle assez confidentiel et touche beaucoup de monde.

Et toi aussi tu véhicules des choses très inclusives et positives dans tes vidéos notamment, je pense à No Bueno et Echelon, où l’on voit enfin des gens qui sortent des canons.

Pour No Bueno, j’ai travaillé avec Frank Borin, comme pour ’Battle Cry’. Mais pour No Bueno, j’étais même pas là ! Je pouvais pas participer parce que j’étais en tournée. Alors mon manager m’a juste dit : « Laisse nous faire, on va te faire un truc qui va te plaire. » J’ai reçu les premières photos du casting et les premiers rush, et me suis dit : « C’est quoi ce délire ? ». Mais en fait, j’ai vraiment aimé parce que ça rassemble des gens très différents : de tout âge, genre, couleur, style et forme. Et ça me plaisait vraiment. En plus, ils sont tous fans d’Angel Haze, alors c’est drôle ! Pour Echelon, je voulais vraiment une fête qui me ressemble, et c’est ce qu’ils m’ont donné. Pour Battle Cry, je voulais un film qui raconte une histoire très personnelle, qui commence mal mais qui est pleine d’espoir à la fin. C’est ce que je voulais, parce que l’idée était de raconter cette histoire une bonne fois pour toute.

Une histoire personnelle, mais pas que …

En fait, ce qui est sans doute le plus important pour moi depuis que j’ai commencé à faire ma musique c’est de me rendre compte qu’il ne s’agit pas que de moi. Au début, je voulais juste vider mon sac et vomir mes démons. Moi, balancer tout ce qu’on m’avait demandé de taire et de garder pour moi, tous ces secrets qui auraient bien pu me tuer, ça m’a sauvé. C’était pas facile, mais j’ai eu besoin de le faire. Et puis, tous ces gens ont commencé à m’écrire pour me dire qu’ilLEs avaient vécu la même histoire, qui donc n’a rien d’unique. Alors j’ai compris que je ne parlais pas que de moi, mais d’affaires qui touchent des milliers de personnes. Quand on parle de nos histoires personnelles, souvent, il y a quelque chose qui les transcende et notre parcours, aussi douloureux soit-il, se transforme en soutien pour d’autres : ça peut être une raison d’espérer, une manière de se reconnecter au monde qui nous entoure. Moi, quand j’étais gosse, j’étais tellement isolée et seule que je me disais que personne ne pouvait comprendre ce que je vivais. C’est faux ! Mais pour le savoir, il faut que les gens parlent pour que d’autres les entendent. Alors je fais de la musique pour des gens qui ont envie de vivre, et qui ont parfois besoin d’une raison de tenir à la vie. Voilà, je vois ça comme de l’entraide. Maintenant, je passe à l’amour, je vais écrire sur l’amour.

Et il y a déjà des morceaux d’amour dans Dirty Gold, comme Deep Sea Diver.

Ouais, … et ’April’s Fool’, mais j’ai envie d’écrire sur l’amour, sans doute parce que ça m’a pas mal occupé récemment. En même temps, faut que je fasse gaffe, parce qu’une pote a compté le nombre de fois que le mot « amour » revenait dans l’album, et y’en avait purée de plein ! Et je me suis dit : « merde, je suis démasquée ! » (rires).

En parlant d’amour et d’entraide, malgré la série de dissing avec Azelia Banks, tu soutiens une forme de sororité dans le monde de la musique, non ?

Banks a beaucoup de talent, ce qui s’est passé entre nous aurait dû rester en coulisse, et le fond du problème le restera, mais je voulais des excuses et visiblement y’a des gens qui ont du mal à en formuler. Au-delà de ça, on est peu de rappeuses et on nous met trop souvent en compétition. Quand j’ai signé avec le label, on m’a mis la pression en me disant qu’il fallait que je sois meilleure que Nicki Minaj. Mais je peux pas rentrer là-dedans, parce que je ne suis pas Nicki Minaj. Le monde est quand même assez grand pour que plusieurs d’entres nous brillent en même temps. On prend pas un mec pour lui dire : « il faut que tu sois meilleur que Kanye West ! ». C’est n’importe quoi ! Les femmes devraient avoir droit au même traitement et aux mêmes opportunités que les hommes. Il faut se rappeler que le mouvement des droits civiques a eu lieu il y a pas si longtemps et que les femmes ont accédé au droit de vote bien tardivement. Donc, on avance, mais c’est clair qu’un féminisme radical reste encore nécessaire. Je ne vais jamais dire qu’une autre doit être mieux que moi, ou que je vais être mieux qu’une autre. J’ai une petite soeur et je vais pas me dire qu’elle ne peut pas réussir sa vie parce que quelqu’un d’autre est dans la place. Ça n’a pas de sens. On est pas des adversaires, on est complémentaires.