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Nothing Compares

Hommage à Sinéad O’Connor, artiste d’exception

par Pierre Tevanian
16 décembre 2023

Disparue en pleines vacances d’été, quand la presse tourne au ralenti, elle avait de toute façon quitté depuis longtemps les espaces médiatiques dédiés à la musique populaire. Malgré de fréquents retours sur disque ou sur scène, toujours honorables, souvent formidables, on ne prenait même plus la peine de chroniquer ses productions, et l’on se contentait de « brèves » sur ses « provocations », ses « crises », ses « drames » et ses appels au secours – exacerbés depuis plusieurs mois après le suicide d’un de ses fils malade. Les lignes qui suivent se proposent de prendre un peu du temps qui a manqué cet été, et que personne en France n’a vraiment rattrapé depuis (par écrit en tout cas), pour célébrer comme il se doit l’immense artiste, mais aussi la courageuse activiste que fut Sinéad O’Connor.

Si la société du spectacle – et la société tout court, plus généralement – ont fait beaucoup de mal à Sinéad O’Connor, il paraît évident, quand on lit ses formidables mémoires sobrement intitulées Rememberings, et plus encore quand on écoute son oeuvre immense, que le spectacle, la scène, la musique, lui ont plutôt sauvé la vie. Morte beaucoup trop tôt le 26 juillet dernier, à tout juste cinquante-six ans, elle aurait peut-être été fauchée plus tôt encore sans cette passion pour la musique et le chant – ou plutôt écrasée, étouffée, épuisée par la brutalité des mondes sociaux : celui du travail, celui de la famille, celui de la patrie. Qui chante son mal l’enchante, dit un vieux proverbe provençal, et peu d’artistes pop, rock, folk ou soul contemporains – et Sinéad aura été tout cela, parmi bien d’autres choses – l’ont illustré avec autant d’évidence. Comme son pote Terry Hall, parti prématurément lui aussi, avec qui elle interpréta un céleste All Kinds Of Everything, Sinéad O’Connor a aimé passionnément la musique, toutes les musiques ou quasi. Comme Terry elle les a toutes écoutées puis chantées, avec une absence absolue (et sacrément bienfaisante) d’intérêt pour les « chapelles » et la « crédibilité » : rock, punk-rock, rap, reggae, dub, soul, gospel, country, world-music, torch song haut de gamme, ritournelle d’Eurovision… Hypersensible à la grâce des mélodies et des voix, d’où qu’elles viennent, comme elle le fut à la violence et à l’injustice du monde, d’où qu’elles viennent aussi, c’est en véritable boulimique – toujours avec le même grand sérieux, la même profonde ferveur, la même extrême dévotion – qu’elle s’est jetée sur chacune de ces traditions pour en faire vivre ou revivre la beauté spécifique. Comme si chacun de ces airs chantés étaient l’air respiré, comme si sa propre survie en dépendait.

Un livre entier ne suffirait pas à explorer l’entièreté de ce chant continu, continûment sublime, qui a duré près d’un demi siècle – depuis 1986. On se contentera ici de citer les plus grands albums, les deux premiers qui font l’unanimité, puis le sous-estimé « Universal Mother » en 1994, puis l’album de reprises irlandaises en 2002, celui de standards reggae en 2005, le dernier très rock en 2014. Ou, pour les découvreurs et les découvreuses en manque de temps, une poignée de merveilles absolues au milieu d’une centaine d’autres merveilles – ladite centaine étant renvoyée dans le bas de cette page, en post-scriptum. Disons donc Troy sur le premier album, Feel So Different sur le second, puis le single You Made Me The Thief of Your Heart, puis le méconnu A Perfect Indian, et enfin une série de reprises qui sont devenues d’immortelles et incomparables « versions de référence », comme le traditionnel Paddy’s Lament, Streets of London de Ralph McTell, Scorn Not His Simplicity de Phil Coulter, et bien entendu, la très entendue, reconnue et célébrée chanson de Prince créée par le groupe The Time : Nothing Compares 2U.

Il faudrait décrire minutieusement cet art incomparable de la reprise, à la fois fidèle dans la structure (mélodique, rythmique) et hyper-personnelle dans le chant – que l’auteur ré-interprété soit John Lennon, son « frère » de révolte et de mélancolie, pour reprendre ses propres termes [1] (Mind Games) ou qu’il se nomme Bob Dylan (I Believe In You), Bob Marley (War), Peter Tosh (Downpressor Man), Curtis Mayfield (We People Who Are Darker Than Blue), Dolly Parton (A Dagger Through Your Heart), Andersson & Ulvaeus, alias ABBA (Chiquitita), Kurt Cobain (All Apologies), John Grant (Queen of Denmark) ou Tom Jobim (How Insensitive) – sans oublier les standards du Great American Songbook comme Black Coffee , Love Letters, My Man’s gone now, You Do Something To Me ou le poignant Gloomy Sunday de Billie Holiday.

Au-delà de l’éclectisme dans le choix des reprises, et de cette manière « égale » de traiter chaque morceau, du plus « noble » au plus « populaire », du plus « mainstream » au plus « alternatif », il faudrait célébrer aussi le syncrétisme de l’autrice-compositrice, cette manière dont Sinéad O’Connor a assimilé, mêlé et fusionné toutes ses amours musicales blanches et noires, occidentales et orientales, en une mélopée bien à elle, avec l’aide de « metteurs en son » modernistes souvent bien choisis – je renvoie aux crédits des albums, sur les pages Wikipedia.

Il faudrait célébrer enfin ce pan important de son œuvre que constituent les featurings et plus encore les duos qu’elle a enregistrés – avec Willie Nelson notamment, mais aussi Terry Hall, Peter Gabriel, Shane McGowan et pas mal d’autres – avec une pertinence, une justesse et une « aise » inégalable, comme si tel était, plus encore que le chant solo, son élément le plus naturel, ou son bain de jouvence. Comme si les voix fabriquaient un « territoire existentiel » alternatif, « hétérotopique », accomplissant un niveau d’harmonie, de quiétude et de béatitude dans l’être-ensemble que les âmes et les corps poursuivent éperdument mais que les mondes existants n’autorisent pas beaucoup.

Le mot a été prononcé plusieurs fois déjà : c’est avant tout une voix qui nous saisit et nous transporte dans l’œuvre de Sinéad O’Connor. Une voix et un chant qui signent un rapport au monde. Une voix et un chant qui, comme les plus sublimes (Oum Kalthoum, Billie Holiday, Otis Redding, Abbey Lincoln) se plient et se tordent en un flux continu où se confondent puissance et vulnérabilité, où l’on ne sait jamais quand finit le murmure et quand commence le cri de rage ou de défi, où l’on ne discerne plus l’enchantement et le désenchantement, l’élan du désir et le soupir de fatigue, le sourire inquiet et les larmes de joie, l’incantation, la prière et les louanges.

De la trop courte vie de Sinéad O’Connor, tout a été dit, et souvent très mal dit. L’enfance houleuse et la violence parentale (maternelle), curieusement mise au conditionnel et affublée d’un « selon ses dires » dans un Dictionnaire du Rock qui ne s’embarrasse pas de ces conjugaisons et périphrases quand il évoque l’enfance violentée de Brian Wilson ou de Marvin Gaye. Le passage par des internats maltraitants, la découverte de la musique. Les premiers pas dans l’univers impitoyable du showbiz, le crâne rasé en réponse à une injonction sexiste venant d’un « directeur artistique ». La reconnaissance critique rapide, le succès mondial en deux albums, puis « l’incident fatal » du « Saturday Night Live » le 3 octobre 1992, les sifflets du Madison Square Garden et la longue « descente en Enfer » qui s’en suit, faite de mariages et de divorces, de conversions et d’évolutions spirituelles, de troubles psychologiques et psychiatriques, d’hospitalisations et de tentatives de suicides.

De ce story-telling bien rôdé, dont il ne serait pas difficile de pointer les relents sexistes d’une part, la psychophobie d’autre part (voire, sur la fin, l’islamophobie), on ne proposera ici aucun résumé ni aucune réfutation. Je préfère inviter chacune et chacun à lire les passionnantes mémoires de Sinéad O’Connor – dans leur version originale, en attendant la VF. Dans ce livre souvent poignant, parfois hilarant, toujours cinglant d’intelligence et de justesse, l’artiste nous livre sa version de l’histoire – et notamment, entre mille autres épisodes moins fameux mais pas moins remarquables (comme sa virée new-yorkaise avec Dee Dee Ramone !), son récit des différents « scandales » et des différentes « aventures » amoureuses, spirituelles ou psychiatriques qui ont défrayé une chronique au mieux désinvolte et expéditive, au pire malveillante et haineuse.

Prendre le temps de cette lecture est avant tout un plaisir. Celles et ceux qui ont bien connu Sinéad O’Connor ont rappelé, dans la presse anglaise, quand est tombée la terrible nouvelle de sa mort, le « tempéramment » et la « personnalité » qu’on retrouve avec joie dans ce beau livre : une profonde sincérité, une profonde franchise, une profonde générosité, un humour ravageur, une verve populaire popeyesque, la grossièreté en plus, et le goût jamais démenti pour les vannes de cul. Le tout combiné, sans plus de problèmes que ça, avec une religiosité dont les « phases » ont certes été multiples mais dont la tonalité dominante a toujours été la même : un profond mysticisme, un non moins profond amour du prochain, et une orientation progressiste. Qu’il s’agisse du passé traumatique lié à l’occupation anglaise (évoqué notamment dans le splendide rap Famine, et son refrain emprunté à un célèbre militant de la cause irlandaise, le dénommé Paul McCartney) ou de la cause palestinienne, de la cause noire ou de la cause LGBT, sans oublier bien entendu la cause des femmes et celle des enfants, c’est bien la charité qui a primé dans les prises de position comme dans le chant de Sinéad O’Connor. La charité dans son sens le plus fort et le plus noble – celui qui n’est pas entaché par le surplomb et la condescendance mais se contente d’une empathie d’égal à égal pour des frères et des sœurs humain·e·s.

Lire ces mémoires, c’est aussi rendre justice à la femme, à l’artiste et à la militante que fut Sinéad O’Connor, en lui accordant enfin ce que personne ou presque ne lui a concédé de son vivant, après le fameux « incident » d’octobre 92 : du temps. Du temps pour dire les tenants et les aboutissants de son geste au sens propre iconoclaste : déchirer une photo du Pape Jean-Paul II. Du temps pour dire ses tourments, ses questionnements, ses choix spirituels. Du temps plus exactement pour l’écoute de cette parole car le temps de dire, elle l’avait pris, y compris avant le geste « fatal » du « Saturday Night Live » – et dans un média pas vraiment confidentiel : Time Magazine.

Quand on a pris ce temps, il ne reste plus grand-chose du « personnage » fantasque, ténébreux, « sulfureux », que la presse nous a vendu pendant trois décennies – et pour le coup, la presse musicale la plus « alternative » n’a vraiment pas constitué, face à la haine des tabloïds ou au dédain des « quotidiens de référence », le moindre commencement d’alternative. Qu’il s’agisse des « pétages de plomb » et des écarts de langage (plutôt rares, et suivis d’excuses et de mises au point plutôt rapides au regard de ce qui se pratique en général dans le « monde du rock »), qu’il s’agisse des aspirations et évolutions religieuses, qu’il s’agisse enfin des prises de position politiques, à commencer par ce fameux geste iconoclaste du « Saturday Night Live », tout est parfaitement expliqué par l’intéressée, de manière sensée, sans détour et sans « attitude » – tout sauf une chose, qui constitue la vraie question : l’exorbitante dramatisation et l’impitoyable malveillance qui a accueilli chaque épisode.

Moyennant quoi la certitude qui s’impose, quand on referme ces mémoires, c’est que les interprétations systématiquement « à charge » de l’incident de 92 – et, au-delà, de toutes les expressions publiques de Sinéad O’Connor – sous quelque forme que ce soit, celle de l’indignation vertueuse (tendance Joe Pesci) ou celle du mépris vicelard (tendance Madonna), s’expliquent moins par la teneur de l’acte lui-même que par le cadre interprétatif pré-écrit dans lequel l’acte a été reçu, et qui le condamnait d’avance à l’infamie ou au ridicule. Un cadre ancien, profondément ancré, qui se nomme le sexisme systémique et qui, depuis des lustres, structure la perception et le traitement des femmes qui ont l’outrecuidance de profaner certaines chasses gardées masculines : la religion notamment, ou plus précisément la théologie, c’est-à-dire la prétention à dire la divinité, à interpréter ou critiquer le dogme, le rite et la morale ; mais aussi la politique, ou plus précisément cette manière « virile » de la pratiquer, qui passe par le « coup d’éclat » plutôt que le « travail de fourmi », l’attaque frontale plutôt que la négociation, l’accusation plutôt que l’imploration, la désignation des coupables plutôt que l’aide aux victimes.

En d’autres termes : l’acte qu’a posé Sinéad O’Connor ce 3 octobre 1992, et qui a été ravalé aussitôt au rang de symptôme (d’un histrionisme, d’une « hystérie », d’une « folie » tout simplement), cet acte qui a littéralement et définitivement ruiné une carrière qui s’annonçait énorme, relève, ni plus ni moins, de la forme de happening la plus classiquement classique – pour ne pas dire anodine – dans le monde de l’art engagé, ou du moins dans le monde de l’art engagé au masculin.

Plus clairement encore : il est évident que le même acte (déchirer la photo du Pape, et désigner ce dernier comme « ennemi »), précédé et suivi de la même explication (par presse interposée), s’il avait été posé par un chanteur de sexe masculin, aurait sans doute valu à son auteur quelques inimitiés du côté de la droite bigote, mais sans commune mesure avec l’hostilité quasi unanime qui déferla sur Sinéad O’Connor, jusque chez les boomers new-yorkais qui célébraient, au même moment, les cinquante ans de Bob Dylan. Il est certain en tout cas qu’un tel acte aurait par ailleurs acquis à son auteur masculin une foule d’admirateurs qui a très cruellement manqué à Sinéad. Le scandale l’aurait transfiguré auprès d’un large public, en faisant de lui un courageux « lanceur d’alerte », un preux défenseur de l’enfance abusée, un audacieux Rebelle défiant l’ordre moral et ses plus hautes autorités.

Rappelons en effet, pour que soit à sa juste valeur apprécié le geste de Sinéad, et l’abjection des réactions rageuses ou rigolardes qui l’ont suivi, que l’artiste dénonce alors explicitement, expressément, longuement, le refus des autorités catholiques de reconnaître, dénoncer et combattre des abus graves et systémiques sur des enfants. Rappelons que l’artiste parle alors d’institutions dans lesquelles elle a elle-même été placée à deux reprises au cours de son adolescence. Rappelons que nous sommes alors en 1992, sept ans avant que ne soit initiée une Commission d’enquête sur la maltraitance de plus de 25 000 enfants placés dans les internats (religieux et d’État) en Irlande depuis 1936. Et dix-sept ans avant un rapport final de cinq volumes faisant état de 1500 plaintes pour viols et autres abus (coups, malnutrition, humiliations) perpétrés en toute impunité pendant six décennies par des encadrants (religieux et non religieux). Rappelons que les plaignant.e.s ont fini par recevoir des compensations, mais en échange d’un engagement à ne pas parler de leurs expériences et à ne pas nommer publiquement leurs bourreaux – un deal que beaucoup dénoncent aujourd’hui encore. Rappelons enfin que des poursuites judiciaires ont finalement été engagées par certain·e·s, mais en un temps bien tardif où plus personne, dans la grande presse, n’accorde le moindre intérêt au parcours difficile mais passionnant de la lanceuse d’alerte…

Pour cette raison, et en guise de second hommage, nous publions également, ici même, une traduction inédite des Rememberings, ou du moins du passage que l’autrice consacre à ce combat contre la maltraitance adulte, à son geste iconoclaste du « Saturday night Live », et à ses lamentables suites.

Bewitched, bothered and bewildered, chanta Sinéad O’Connor. Ensorcelée, inquiétée, abasourdie. Tel est bien le rapport au monde qui semble avoir primé dans cette existence fulgurante, et s’être imprimé dans son chant. Tel est bien aussi l’état par lequel transite notre âme et toute notre personnalité en l’écoutant. Et dont elle sort étrangement apaisée, consolée, bienheureuse. Qu’un peu de cette paix soit avec elle, c’est le moins qu’on puisse lui rendre.

P.-S.

Playlist : 100 merveilles à écouter ou ré-écouter

(Ordre chronologique)

1. Jackie (1987)
2. Mandinka (1987)
3. Just Like U Said It Would B (1987)
4. Troy (1987)
5. Drink Before The War (1987)
6. Kingdom Of Rain (The The) (1989)
7. Feel So Different (1990)
8. I’m Stretched On Your Grave (1990)
9. Three Babies (1990)
10. The Emperor’s New Clothes (1990)
11. Nothing Compares 2 U (1990)
12. Jump In The River (1990)
13. The Last Day Of Our Acquaintance (1990)
14. Mind Games (1990)
15. Visions Of You (Jah Wobble) (1990)
16. You Do Something To Me (1990)
17. Silent Night (1991)
18. Sacrifice (1991)
19. Blood of Eden (Peter Gabriel) (1992)
20. Success Has Made A Failure Of Our Home (1992)
21. Don’t Cry For Me Argentina (1992)
22. How Insensitive (1992)
23. Love Letters (1992)
24. Black Coffee (1992)
25. Gloomy Sunday (1992)
26. Bewitched, Bothered And Bewildered (1992)
27. My Man’s Gone Now (1993)
28. Don’t Give Up (Willie Nelson) (1993)
29. You Made Me The Thief Of Your Heart (1994)
30. Fire On Babylon (1994)
31. John I Love You (1994)
32. My Darling Child (1994)
33. Red Football (1994)
34. All Apologies (1994)
35. A Perfect Indian (1994)
36. Scorn Not His Simplicity (1994)
37. All Babies (1994)
38. Famine (1994)
39. Thank You For Hearing Me (1994)
40. I Believe In You (1994)
41. Streets Of London (1994)
42. House of The Rising Sun (1994)
43. Ode To Billie Joe (1995)
44. Haunted (Shane McGowan and The Popes) (1995)
45. Empire (Bomb the Bass) (1995)
46. I’m Not Your Baby (U2) (1997)
47. This Is To Mother You (1997)
48. This Is A Rebel Song (1997)
49. He Moved Through The Fair (1997)
50. Factory Girl (Chieftains) (1997)
51. All Kinds Of Everything (Terry Hall) (1998)
52. No Man’s Woman (1999)
53. Jealous (1999)
54. Dancing Lessons (1999)
55. Hold Back The Night (1999)
56. What Doesn’t Belong To Me (1999)
57. Emma’s Song (1999)
58. Kyrie Eleison (1999)
59. Tears From The Moon (Conjure One) (2002)
60. Paddy’s Lament (2002)
61. Peggy Gordon (2002)
62. Her Mantle So Green (2002)
63. Lord Franklin (2002)
64. Molly Malone (2002)
65. Moorlough Shore (2002)
66. Lagan Love (2002)
67. A Dagger Through Your Heart (2003)
68. O Filii Et Filiæ (2003)
69. Love Hurts (2003)
70. It’s All Good (2003)
71. Chiquitita (2003)
72. Love Is Ours (2003)
73. You Put Your Arms Around Me (2003)
74. 1000 Mirrors ( Asian Dub Foundation) (2003)
75. Special Cases (Massive Attack) (2003)
76. Anachie Gordon (Sharon Shannon) (2005)
77. Marcus Garvey (2005)
78. Y Mas Gan (2005)
79. Downpressor Man (2005)
80. Untold Stories (2005)
81. War (2005)
82. We People Who Are Darker Than Blue - London Session (2007)
83. Rivers Of Babylon - London Session (2007)
84. I Don’t Know How To Love Him - London Session (2007)
85. Baby Let Me Buy You A Drink (Liam O Maonlai) (2008)
86. Song To The Siren (2010)
87. Reason With Me (2012)
88. Old Lady (2012)
89. Take Off Your Shoes (2012)
90. Back Where You Belong (2012)
91. Queen of Denmark (2012)
92. Very Far From Home (2012)
93. How About I Be Me ? (2014)
94. Dense Water Deep Down (2014)
95. Your Green Jacket (2014)
96. Take Me To Church (2014)
97. Where Have You Been ? (2014)
98. A New Born Child (Armand Amar) (2017)
99. Trouble Of The World (2020)
100. I’ll Be Singing (2020)

Notes

[1« I love John Lennon too. I feel like he’s my brother. He’s been singing in my sitting room for as long as I can remember. His voice sounds like an angel’s. He’s bold as well, like me. And he’s angry, like me. I like his angry voice. He’s sad, and he’s brave about saying so ». Sinéad O’Connor, Rememberings, Penguin Books, 2022